le nuit du 13 à 14 mars 1998

On dit que le vendredi treize apporte un changement radical: j’ai recommencé à écrire dans mon journal à cause de l’Internet, ce réseau toile d’araignée. J’ai trouvé sur le Web un groupe de copains qui tiennent de journal et les discutent.

Michelle m’a envoyé un e-mail (traduit de l’anglais) : Julie, tu pourrais commencer par: Je ne peux plus écrire dans mon journal parce que… et continuer de là. Tu te retrouveras probablement avec un autre journal formidable. Ou alors, donne‑lui le nom de non–journal.

Pourquoi je n’arrivais plus à écrire ?

Je pensais trop souvent comme il paraîtra à… mais celui-ci, est vraiment, seulement pour moi.

J’ai continué à écrire autre chose, bien sûr, pour être lu. Ces derniers mois, j’ai écrit énormément. La princesse aux pieds nus, puis Sans Limites, deux mini romans sur le rapprochement des êtres et surtout, de la guérison après un coup dur. Mais aussi des «gammes.» J’écris mieux.

Il me faudrait quand même un lieu pour écrire n’importe comment, y mettre tout qui sorte de moi, des textes que je pourrais relire plus tard et comprendre ce qui s’était passé.

Je suis excitée de Web et le nouveau Word et surtout, la possibilité de converser avec tant de monde, partout. Tisser ma toile, m’a donné la chaleur, l’élan, le poussé dont j’avais tellement besoin.

J’ai commencé aussi depuis découper mon journal en feuilleton et mettre des bouts sur le net, envoyer à quelques copains.

Je travail aussi avec un nouveau élan sur mon livre sur l’écriture Écrire et lire comme un auteur, comment tenir compte du lecteur en trois volumes :

1. Connaître ses habitudes.

2. Choisir le genre.

3. Séduire et retenir.

Pas si mal. Encore un peu et ça ira.

***

La nuit dernière, mon mari m’interpella :

- - Julie, arrête de tourner !

Je ne me rendais pas compte.

Rongée par inquiétude, (récits sur l’enfance et famille de mon mari et son déprime ne finissant pas) je me tournais et retournais à gauche et à droite jusqu’à trois heures, en bougeant sans cesse.

Il s’est réveillé.

Inquiet, ne pouvant tenir sur une place sans bouger, je descends à la cuisine et je mange des corneflakes au lait.

François arrive, furieux :

- Tu ne veux pas me laisser dormir ?

Mais justement…

- - Viens.

J’ai compris. Moi non plus, je ne dors pas s’il est loin. Ou mal, fort mal. Il m’a pris dans ses bras, puis en tournant, je l’ai pris dans mes miens. Tout près l’un de l’autre, finalement, me forçant, je me suis endormie.