En gardant le chat de mon fils

Argenteuil, début juin 1998

Mon mari m’appelle.

- ­Viens voir !

Pour avoir « presque fini » ce programme, nous avons dû passer cinq jours chauds, cinq jours des joies intenses et des énormes désespérances : François ne fait rien à moitié.

J’y vais et regarde le résultat de programme qu’il a fait sur l’ordinateur de Lionel à Argenteuil où nous sommes pour quelques jours pendant qu’ils sont allés en Hollande.

Superbe, François !

ça a de gueule ! C’est ça que ton fils voulait ?

Absolument…

Je n’ai pas encore fini tout à fait, mais…

Ce n’est pas encore lié ?

Si ! Mais tout n’est pas encore fini. Ce soir…

Tu en parleras ce soir avec Lionel.

Lionel est en stage payé pour six mois. François à la retraite depuis peu, supporte mal ce changement. Je fais ce que je peux pour l’aider. Contribuer à modèle que Lionel est en train de faire, lui fait plaisir.

Lionel et Elise sont partis en vacances pour cinq jour avec notre voiture.

Nous pourrions rester chez toi, avec l’ombre du jardin et l’ordinateur à la disposition de François, ai-je dit à mon fils.

Et mon chat à nourrir, a répondu aussitôt Lionel.

Le chat ? Alors, je n’irai pas !

Juste pour lui donner à manger, me répondit Lionel.

Et si ton chat saut sur moi, la nuit, pendant que je dors ?

Tu le chasses… Je blague. Il arrive seulement quand tu te lèves, il miaule, demande à manger aussitôt que tu bouges et allume la lumière.

Grand dilemme.

J’aime Lionel mais pas son chat. J’aime François, mais il n’a pas envie de bouger – pourtant il en a besoin de sortir de son fauteuil. Il adore l’informatique et n’a plus qu’une vieille bécane. François rêve d’en avoir un comme mon fils. Et l’air de jardin, (hélas, nous n’en avons pas) lui fera bien, le changement aussi. Mais le chat ? Non, je n’aime pas les chats.

Aussitôt arrivée, la voilà, que leur chat saute sur moi.

C’est l’amour ! me dit Elise, la compagne de Lionel.

Je n’ai pas besoin de l’amour d’un chat, de ses griffes et ses moustaches. Heureusement, il sent mon effroi, mon dégoût et me laisse en paix, s’en va. Ouf !

J’aime Lionel et Lilli, ils s’en vont vers les mers de Nord. J’aime François, il veut bien rencontrer les copains de Lionel qui arrivent pour prendre un CD et restent finalement à parler d’informatique avec François pendant... cinq heures.

Enfin, nous pouvons diner. François est aux anges.

Oui, j’avais raison. Les gens, les discussions lui manquent. Je suis une bonne épouse, mais je ne remplace pas son métier.

C’est dur le début de la retraite !

Le lendemain matin, jardin d’Argenteuil

Ce matin, François est à l'ange ce matin, heureux comme un petit garçon avec un nouveau jouet qui vient en plus de marquer un coup. Les discussions d'hier et en plus les garçons, l’un d’eux s'est un de ses anciens élèves, a apporté un nouveau programme, environnement à faire des programmes, qu’il va pouvoir découvrir... et puis, m’avoir rendu heureuse, si heureuse ce matin... C’est un bon lit et un mari qui aime faire plaisir.

François est toujours à l’ordinateur.

Je sors, je m’installe contente à l’ombre des fleurs et de feuilles dans le grand fauteuil blanc et je lis avec fébrilité un livre passionnant qu'Elise m’a laissé.

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