le matin 6 mars 1989

Hier soir nous avons parlé sérieusement. Peut-être peut-on quand même sauver notre couple. Vive les amies!

François m’a dit: “tu as un fondement à tes craintes”.

D'après lui les conflits ont commencé, venaient de travail, les décisions sur la carrière et surtout, du livre qu’on voudrait écrire ensemble.

J'ai bien parlé. Et sincèrement. Il y a encore un espoir. Peut-être.

Mais aussi pour notre couple

5 mars 1989

Un début d'année difficile pour notre couple. Quatorze mois ne se sont pas encore tout à fait écoulés depuis que nous sommes ensemble et il paraît que le grand amour de ma mie est déjà passé. Comment ? Pourquoi ?

Presque tout ce que je fais l'énerve.

Il hurle, me critique et me regarde méchamment. Il n'a plus envie de m'embrasser sur la bouche et fait moins souvent l'amour. Oui, il est encore chaleureux, gentil et attentionné - quelquefois. Mais il se transforme si soudainement et de plus en plus souvent il a des sautes d’humeur à cause de rien ou de petites choses.

Est-ce que mon amie a raison et il est jaloux ?

Pourquoi ? De qui ou de quoi ? Parce que mon travail à BIP a redémarré, ça va un peu mieux pour moi, ou alors parce que j'ai recommencé à pouvoir écrire, moi aussi? Parce que j'ai réussi une bonne intervention à la conférence et j'ai de bonnes relations avec des gens?

Il faudrait faire quelque chose et très rapidement, parce qu’on ne peut plus continuer ainsi, ça me fatigue trop et mes nerfs ne résisteront pas longtemps. Il n'y a pas d’amour sur commande, forcé.

C’était une année magnifique, c’est sûr. Le reste, on verra !

Ça ne peut plus continuer comme cela ! De nouveau quelqu'un qui fait tout (volontairement ou non?) pour que je perde ma confiance. Ça ne marche plus! Je sais dorénavant que je suis bien telle que je suis et j'ai beaucoup de qualités. S'il ne peut pas m'accepter à côté de tout ça, comme je suis, cela ne vaut pas la peine d'insister, de forcer et de rendre ma vie de plus en plus amère.

Je dois commencer à m'occuper tranquillement de mes propres affaires, au lieu de me plaindre de son comportement et de la façon dont il me regarde (de plus en plus souvent amère). Je devrai revenir tard à la maison, de ne pas le questionner, et s'il critique, le rendre vite et ne pas prendre trop à cœur ses critiques. Ne pas supporter ses hurlements! Ne plus supporter qu'il me parle et il se comporte méchamment avec moi devant les autres!

Dans toute relation il y a deux.

Oui, c’était facile d'être agréable quand tout marchait mal pour moi. Ceci n'est pas vrai! Ceci, de toute façon a été chic de sa part.

Maintenant, ça commence à aller mieux pour moi, j'agis, je réalise; il ne veut pas le reconnaître, au lieu d’être fier de moi - ce qu'il a été et combien ! il y a encore quelque mois. Comme la vie est difficile et compliquée et combien il faut lutter!

Pourtant cet homme a bon cœur, une bonne âme, une bonne tête et de bonnes connaissances et un formidable pouvoir de travail. Il a vraiment assez de génie pour qu'il n'ait pas besoin de m’amoindrir pour être grand. Il est déjà assez génial. Mais c'est aussi vrai, que dans les dix dernières années il ne l'a pas assez utilisé et il a trouvé beaucoup de nouvelles choses différentes dans ce monde à moi dans lequel il est tombé. Et aussi, il est extrêmement sensible. Quelquefois il suffit d’une petite observation de quelqu’un pour qu'il fasse une chose pendant des années - ou qu'il ne le fasse plus, ceci je le sais.

Mais j'ai cru - il y a quelques semaines encore - qu'un amour parfait peut exister et que je peux vraiment trouver mon partenaire, mon compagnon et former un vrai couple. Est-ce seulement un mirage? Cela me fait de plus en plus mal. Peut-être, on peut encore faire quelque chose et le sauvegarder.

Mais je ne pourrai plus y croire tout à fait, me laisser aller comme ces derniers mois et être tout à fait moi-même. Dorénavant, il faudrait faire attention, agir les yeux ouverts et avec ma tête - faire ce qu'on peut, tant que ça marche. Dommage. Ça me fait mal. Mais c'est comme cela la vie, ce n'est pas “un jardin de roses”. Et même les roses ont des épines. L'important est que mon énergie soit revenue. Tôt le matin j'ai déjà envie d’agir, travailler, écrire, réaliser: fais-le !

Je commence à comprendre pourquoi j'ai mal dormi ces derniers temps. Jusqu'à présent, c'était seulement dans mes rêves que je reconnaissais que quelque chose n'allait pas comme avant. Maintenant je me suis réveillée.

Tout réveil n'est pas agréable, mais on ne peut pas, il serait dommage de rêver toute notre vie, au lieu de la vivre. On arrive et l’on part, on n'est pas éternel. Il faut utiliser ce pour quoi l’on est fait, vivre tant qu'on peut pleinement notre vie, faire ce dont on a envie - dont on a un besoin intérieur.

Je ne regrette plus qu'il n'y ait pas rapidement un prochain livre, il aura le temps de mûrir, de s'améliorer. Finalement, ils ont compris pourquoi ce que je veux est important : qu'il ne faille pas enseigner avec hauteur, fierté, mais agréablement. Montrer, parler et écrire d'une façon à ce que tous ceux qui veulent puisse le comprendre et pas seulement quelques privilégiés. Écrire non en critiquant et en disant ce qu’on "ne doit pas" faire, mais en conseillant, en louant ; pas en récitant ou en énumérant, mais en éveillant l’intérêt, la curiosité. Moi j'écris ainsi et je ne mettrai pas mon nom au bas d'un texte qui n'est pas écrit ainsi. Pour cela, il vaut la peine de lutter, même si j'ai horreur de la lutte. Bon, on verra ce qui arrivera.

Je suis tout d’un coup très fatiguée, très lasse. Bonne nuit!

Début d'année difficile

24 janvier 1989

Aujourd'hui j'arrive de nouveau à fermer un cercle.

Michèle, ma première employée est partie officiellement et je reste seule avec Bip : c'est le temps de repenser très sérieusement l'avenir.

"Rien ne va plus" comme avant en micro informatique ou seulement pour moi et Bip ? D'après mon associé c'est général, les petites sociétés de micro informatique ont partout des problèmes.

Bon, il s'agit de décider que faire dans ces conditions. Et, comme d'habitude, c'est beaucoup plus facile de dire ce qui ne va pas, que de trouver des solutions.

Que s'est passé cette année?

17 décembre 1988

La fin de l'année approche, le temps du bilan de fin d'année est arrivé. Où en étais-je au début de cette année ?

Je venais de terminer "Le livre de l’HyperCard" et j'étais très fatiguée par les heures passées à le finir, surtout à cause des luttes pour ce livre avec Pierre B. Je commençais à me sentir seule, avoir besoin d'un ami ou d'une amie. J'étais pleine d’espoir et contente d'avoir traversé de façon intéressant l’année 1987, avec les deux livres que j'ai écrits et la découverte de Spinoza et de Dürer.

Puis ? J'ai rencontré François qui a autant besoin de moi que moi de lui, qui a des intérêts, curiosités fortes comme moi, cela, puis le fait que tous les deux nous sachions également donner et recevoir - qualité rare - fait que nous avons, que j'ai espoir pour l'avenir, qui sait, peut–être même "pour toujours"...

Il durera combien il durera : que sera, sera.

Oui, c'est vrai, pour la première fois, j'envisage de me remarier. Est-ce sage ? Il faudra quand même réfléchir en profondeur pour me rendre compte si mes motivations sont valables. Bien sûr, on a quelquefois deux opinions, deux volontés, mais si on n’en avait pas, c'est que l’un de nous s'effacerait complètement. On essaie de s'adapter, on réussit assez bien.

Autre chose : mon livre est devenu best-seller en informatique, en dix mois déjà 10.000 exemplaires ont été déjà vendus.

En plus, les gens l'aiment et Daniel Garic a dit « on n'en sort pas comme on est entré, mais en se sentant plus fort ! » ce qui est (et reste) mon but principal dans mes livres. Il l’a compris, il l'a ressenti. On l’a vraiment bien réussi, et, cela en seulement quatre mois.

Par contre, mon espoir que cela apporte des ventes sérieuses à Bip ne s'est pas réalisé. Oui, nous avons vendu des centaines de disquettes et maintenant que j'ai réalisé la Fenêtre Ouverte N°1, la Revue des utilisateurs HyperCard Avisés, on l’achète aussi, mais ils apportent peu de chiffre d'affaires. Ce livre m'a permis, tout au plus, de passer l'année du point de vue financier, puisque à Bip "rien ne va plus" et je ne peux même plus me payer un salaire minimum. Je touche par contre des droits d’auteur, heureusement.

Nous sommes allés à Amsterdam et plus tard à Boston, en espérant trouver le produit "miracle" à vendre, mais je ne l’ai pas trouvé nulle part. Les ventes après le mois d'avril sont tombées proches de zéro. J'ai perdu deux mois en faisant la comptabilité de la société moi-même en espérant (en vain) avoir une note d'honoraires raisonnable du chef comptable.

Nous sommes partis ensuite pour deux mois et nous avons fait un voyage très agréable avec François. À Apple Expo de Boston pour mon travail et puis des conférences à San Francisco et Santa Clara pour François. Agréable, comme l'a été aussi le voyage pour se connaître en Angleterre, le voyage "oui, on s'aime" en Hollande et le voyage du couple déjà très heureux aux USA.

Quelques jours après notre retour, pouf, au retour d’une soirée où nous préparions l’Apple Expo Paris, brusquement l'accident, ma vertèbre fracturée. Trois jours épouvantables, ineffaçables à l’hôpital, puis retour à la maison, l'amour et les soins chaleureux de François et un mois entier sur le dos sans me lever, puisqu’on a trouvé que j’étais au “seuil de fracture”.

Ensuite un nouveau médicament “miracle” qui devait me guérir de l’ostéoporose m'a provoqué des fissures aux chevilles et je ne pouvais même plus marcher sans douleurs à chaque pas. Cela, hélas n'est pas encore complètement fini, j'ai encore l'impression que d'autres fissures apparaissent, l'une après l’autre. Je marche avec difficulté.

Mes dents aussi ont souffert du manque de calcium. Je ne me suis pas assez sérieusement occupée à temps de ma santé.

J’étais obligée de rester au lit pendant tout l’Apple Expo et ainsi l’on n’a pratiquement rien vendu, ni pu prendre des contacts pour plus tard. J'ai dû licencier d'abord Caroline, l’aide-comptable, puis Michèle, ma secrétaire, la première et dernière salariée de la société, nous travaillions ensemble depuis sept ans.

Je vais rester dorénavant seule à BIP avec les frais fixes minimums. Pas toute seule, avec François qui est à côté de moi chaque fois que j'en ai besoin, heureux de m’aider. J'espère quelque chose de nouveau arrivera l'année prochaine.

Pour le moment Bip est submergé de dettes. Je ne comprends pas comment on a pu en faire autant pendant ces derniers mois. Un petit espoir, je crois qu'hier j'ai réussi à vendre tous mes Macs et mon imprimant Laser aussi. On verra.

François est un peu irritable depuis quelques jours, j'espère que cela ne durera pas. à moi il m'arrive aussi de temps en temps d'être irascible.

Est-ce que je changerai d'orientation, est-ce que je trouverai une voie nouvelle, bonne ? Je me suis décidée à étudier de nouveau la première partie du livre “Hidden Job Market” (marché de travail caché) pour mieux comprendre ce que je voudrais vraiment faire. Puis il faudra découvrir comment le réaliser.

Pour Noël, j'ai eu mes enfants avec moi. Agnès et Lionel sont venus pour quelques jours et Rébecca, l’ancienne amie de Lionel aussi, et les deux filles de François. La cadette, Valérie est ultra sympa, nous nous sentons très proches déjà ! Ils se sont très bien entendus.

Le 26 décembre, jour de naissance de maman, anyu en hongrois, j'ai eu un François heureux, Heureux, HEUREUX ! Et jeudi, nous avons passé avec Agnès et Valérie (et bien sûr François) une très bonne soirée au Lapin Agile.

Tout cela s'est passé cette année.



Ce soir, j'ai commencé à ranger les photos que François, Anna et moi avons faites. Que de souvenirs !

Ils me rappellent combien de découvertes nous avons faites, l'un de l'autre, des rapprochements, des moments tendus et les merveilleux moments de cet été.

Le printemps à Vincennes, l’espoir sans y croire encore vraiment.

Honfleur, les premières vacances depuis longtemps de François, la première promenade au bord de la mer, les baisers sur le sable et le lit d’hôtel cassé.

L'Angleterre, nos longues discussions, découvertes, je commence à m’apprivoiser, François à s'ouvrir - mais pas encore son regard. La photo qu’il m’a faite sous le douche, et celle d’Anna sur nous sur l’arbre penché.

Ensuite la Hollande : on s'était un peu querellé, mais surtout beaucoup aimé. Nous avons bien mangé, promené, aéré. Puis la mer en Belgique, les fleurs de sable, les dunes.

Ensuite le dîner à côté de Soisson, avec Lionel le conscrit avec qui François a été tout à fait à l'aise (enfin ! aussi la société de quelqu’un autre que moi). Il a été lui-même dans la société, tel qu'avec moi, pour la première fois.

Puis la conférence des développeurs CD et notre départ pour l’Amérique. Boston, le Mac Expo, les conférences intéressantes et les longues promenades ; la ville italienne d’une banlieue de Boston. La chaleur étouffante et la grande paix entre nous, ressentie ensemble déjà comme un couple, sur la terrasse de la petite maison. Oui, nous apprécions les mêmes choses.

Ensuite à Washington, la promenade avec Agnès au Great Falls, puis notre départ vers Okrakoke. La mer. Le sable. Le petit chalet. Les ballades de François conduisant dans le sable vers notre plage. Les moustiques et les canards, la lecture ensemble. L'amour dans l'eau, notre bonheur.

L'invitation, les ballades et les trois jours en couple à Chapel Hill avec l'autre couple de professeurs. François - heureux, heureux !

San Diego, le désert et l’hôtel avec la piscine. La baignade à cinq heures du matin tout nue dans la piscine dans le désert. Le Zoo de San Diego, les petites rues, les villas, et puis San Francisco. Des conférences intéressantes, des promenades agréables. Je commençais à m’inquiéter au sujet de Bip après le coup de fil de Michèle. Les énormes séquoias du dernier jour.

Au retour, mon accident. L'hôpital. Mais aussi l'amour de François.

Oui, il a eu peur de venir tout de suite voir ce qui m’était arrivé. Il n'est pas resté avec moi à l'hôpital la première nuit, il n’est pas venu me visiter souvent. Mais à la maison, il me tenait le dos toute la nuit et avec un tel amour ! un tel soin et tant de chaleur.

Oui, mon accident l'a fatigué, mais je crois que c'est surtout nerveusement, par peur pour moi, de ce qui m'arrivera. De ce qui lui arrivera à lui.

D'autres soucis. Bip dégringolait. Son offre, mais cela n'a pas marché non plus. Vers la fin de l'année, tout paraît un peu mieux même si début de décembre les perspectives étaient très sombres.

Nous avons enfin réussi à déménager l’ancien appartement de François. J'ai commencé à vraiment aimer sa maison de la Celles où nous sommes aujourd'hui - et à essayer de la rendre plus agréable.

Ce matin, très belle et très heureuse matinée. Puis d’un coup François devient grognon et impossible. Je dois être moins sensible, moins réagir aux caprices, à ses sautes d'humeur. Ce n'est pas facile. Et il est lui aussi - encore plus que moi - fort sensible. Donc mieux réfléchir, moi aussi, à ce que je dis quand je me mets en boule. Mais au moins ça sort et ne reste pas en nous.

Et ce soir le concert de piano qu’il me joue ! Cela coule de plus en plus, de mieux en mieux. François dit que "son phrasé" est devenu différent, libéré, mélodieux, chaud !

A Londres, 1988

J'aurais dû

25 octobre 1988

Je n'ai pas assez pensé, quand maman est morte, et surtout je n'ai pas assez parlé d'elle au docteur : le problème est qu'on n'a plus un docteur de famille.

Je n'ai pas bu assez de lait entre 15 et 25 ans ; j'ai aussi une mauvaise hérédité, puisque ma mère a eu une fracture de fémur à 52 ans, et elle, ne s'est plus jamais relevée, hélas. J'aurais dû demander de l’aide plus tôt, prendre des œstrogènes, étudier ce problème.

On pourra encore dire que “j'ai eu de la chance” je me suis fracturé seulement une vertèbre, qui en quelques semaines sera OK, mais le tassement de trois centimètres reste et peut en provoquer d’autres en chaîne. Hélas, l'examen médical a montré qu’à mes 55 ans à peine, j'ai une “densité d’os” au voisinage du seuil de fracture de femmes de 75 ans et rétablir la densité c'est beaucoup moins facile que de l'entretenir au bon niveau.

C'est la vie ! On ne donne pas assez d'importance et l’on n'étudie pas assez sérieusement ce qui est pourtant primordial pour la vie, notre santé. Les bonnes informations et les mises en garde manquent. pour commencer à prendre des œstrogènes avant la ménopause, mais aussi pour les jeunes quand la "banque de densité" se forme et qu'ils s'enrichissent en buvant assez de lait, en restant assez au soleil (mais pas trop non plus, pour ne pas attraper un cancer de peau). Je vais prévenir Agnès, mais elle a déjà 25 ans, au moins elle pourra se surveiller, le savoir et le contrôler.

Je vais essayer de remonter un peu mon taux de calcium avec l'aide d'un bon docteur, je vais faire attention à ne pas tomber. Vivre avec ce que j'ai.

De toute façon, j'ai François. Il se comporte magnifiquement.

Si l'on peut dire que l’on connaît les gens dans l’adversité, il passe brillamment ce test : il a été absolument, fantastiquement, à côté de moi, avec moi, pendant ma maladie (un mois sans même m’asseoir) et aussi dans mes problèmes Bip, en tout, en m'aimant, me soignant, me gâtant, même plus qu'avant. Oui, ma maladie nous a encore plus rapprochés. Et, il est, lui aussi très heureux de m'avoir à ses côtés.

Nous avons aussi réussi à mieux travailler ensemble, de nos discussions sortent des choses nouvelles qu’aucun de nous séparément ne pourrait réaliser.

Quelle joie énorme, créer ensemble !

Ai-je touché le bois?

10 octobre 1988

Parfois on décide, mais souvent la vie décide pour nous pousser quand nous sommes hésitants.

Je crois que l'accident que je viens d'avoir, ma vertèbre tassée et le repos forcé d'un mois au lit et les problèmes de ma société, me poussent tous vers une fin: repenser ce que je fais, ce que je ferai dans un futur proche.

Le reste, qu'en savons-nous? Comme Brandeiss (mon coautheur) disait ce matin "tout ne va pas mal puisqu'il y a François", oui, un plus très important dans ma vie. François affectueux, tendre et aimant. Il me l'a encore démontré depuis ma maladie. François compagnon de travail, de création. François, compagnon de lit, François compagnon de discussions, des promenades.

François avec qui je pourrai partager mon futur, mes années, tout. On croit maintenant fermement et profondément tous les deux. On en a besoin, tous les deux autant l'un de l'autre et l'on sait donner et recevoir tous les deux avec autant de joie. Entre nous, chaque jour ca va mieux et nous sommes de plus en plus heureux l'un de l'autre. Plus ensemble, plus unis.

Mon problème de dos, en gros, c'est temporaire, même si je serai oblisée de mettre plus de soin à ne pas oublier mon âge dorénavant. Nos difficultés ou différences se résolvent ou se dégonflent au fur et à mesure et l'on se rend compte de plus en plus de tout ce qui nous rapproche, rassemble et surtout nous comprenons mieux nos besoins profonds.

Mon fils est devenu sergent. Lionel va rester, hélas, encore huit mois dans l'armée puisqu'il vient de s'engager volontairement pour encore six mois. Ma fille a fini ses études. Agnès a commencé à travailler et dorénavant gagne sa vie. Nous n'avons pas vraiment tellement de besoins, même François qui sait dépenser, je m'en suis rendu compte récément, qu'il sait aussi économiser. Je le savais déjà depuis longtemps d'ailleurs.

Nous avons aussi les mêmes goûts. Acheter des livres vaut tout l'argent que nous y mettons. Les voyages nous allons pouvoir les faire d'une façon encore plus économique sans que cela nous gêne, et nous avons tous les deux une très grande force de travail.

Hélas, depuis quelque temps j'ai perdu "la boussole me dirigeant" et qui me disait que faire et comment dans l'entreprise et la microinformatique.

J'ai un répit, je n'ai plus le droit de (trop) bouger pendant un certain temps encore et j'ai ainsi le temps de lire et de réfléchir. Et oui, c'est bon d'être ensemble. On doit, on trouvera quoi faire et comment.

Cette année, François a des cours à l'Université vendredi matin et lundi après-midi et soir, cela nous permettra de faire des longs week-ends et de travailler mardi, mercredi et jeudi ensemble. Ca va aussi me faire une soirée libre pour réfléchir - j'en ai besoin de temps à temps. Et il laissera pour nous deux du temps plein de bonheur. De nouveau, je crois que c'est possible. Et cette fois, vraiment, sérieusement.

Que des bons moments

Je n'avais écrit à l'époque que des bons moments.

Je m'en souviens de ces bons moments, même si cela me parait qu'ils sont arrivés non pas il y a dix huit ans, mais dans une autre vie.

La petite veranda le soir, dans la maison d'un vieux couple de retraités italiennes, près de Boston. C'était idilique, les couleurs de coucher de soleil merveillex - et nous nous disputions des détails sur l'informatique.

J'y étais pour participer à MacExpo de Boston annuelle, mais déjà les produits montrés commencaient à me dépasser, moi et ma petite société microinformatique de Paris. Il m'avait accompagné et il avait des grands rêves de futur.

Aujourd'hui, je dois reconnaître que ses rêves d'il y a dix huit ans se sont en grand partie réalisés, même si seulement quinze and plus tard, mais ma société devait vivre dans le présent d'alors, ce que je n'arrivais pas à lui faire comprendre.

Je me souviens aussi de la chaleur et moustiques de l'ile Okrakoke que j'adore toujours et de petite chambre d'en haut où nous pouvions à peine respirer. Mais nous étions amoureux, François plein d'ardeur, moi pleine de bonheur et l'admirant. Il m'a démontré que même s'il n'avait pas de permis de conduire une voiture, pendant son armée militaire dans les montagnes il avait conduit et savait comment le faire sur mauvais terraine. Et très bien. Nous avons trouvé une plage où pratiquement personne d'autre ne venait, autre que les oiseaux sauvages et les divers canard.

C'était féérique, autant que notre passion l'un pour l'autre. Et aussi notre rencontre avec un couple d'universitaires qui nous avait invités chez eux, dans leur maison moderne bâtit curieusement sans aucun porte à l'intérieur.

"Vous ne pouvez pas être marié" me dit par la suite la femme, il a trop de passion pour vous! C'étaient les dernières belles semaines ou jours.

En retournant à Washington, nous avons dû finir l'article à envoyer au magazine sur l'Hypercard et nous nous sommes disputés dessus pendant des heures et des heures. Finalement, il a dû le dicter en téléphone, tellement nous étions en retard.

J'y souris aujourd'hui, oui, c'étaient des jours heureuses de la grande passion, les jours qu'on se le rappelle bien sûr davantage les bons moments et n'a pas envie de l'empoisoner avec des frétilles.

A notre arrivé à Paris, nous avons rendu visite à la troisième personne, celle à qui il avait dicté l'article, et qui ensuite, nous a racompagné tard le soir vers nous.

Nous ne sommes jamais arrivés chez nous.

Au beau milieu de boulevard Saint Michel je crois, pendant que j'étais couché sur le dos en arrière puisque la voiture n'avait que deux places normales et bien sûr j'avais cédé le deuxième a François qui était très grand et avait besoin de place pour ces jambes. Très nerveuse, conduisant brusquement, je me suis dit "mieux nous aurions dû prendre un taxi" - c'était après une heure le matin, au milieu de nuit, je veux dire. Un jeune a brusquement décidé à retourner et notre conductrice a frainé très brusquement, en entrant un peu dans la voiture d'en face.

Moi, j'ai sauté sur mon dos et mes os n'ont pas résisté à l'impact.

A partir de là, ma vie a changé de tout en tout, en pleines des choses. Mais cela je raconterai demain. Ni mon dos, guérri presque après quelques semaines, ni ma société n'ayant pas résisté à mon trop long absence et à la présence de quelqu'un qui 'savait mieux' ni aux banques ayant assez de nous imprunter, n'aurait pas eu de l'importance. Mais l'ardeur et passion de François avait disparu comme d'un coup. Il nous a resté la tendresse, c'est déjà énorme.

Mais très très longtemps, j'étais encore en deuils de cette grande passion perdue de ma vie.

18 septembre 1988

Nous sommes revenus à Paris après deux mois de voyage aux Etats Unis. Beaucoup de moments inoubliables.

Je vais d'abord essayer de me souvenir de ceux qui m'ont le plus enchantée, puis me rappeller ceux monins nombreux, où rien n'allait plus - et réfléchir pourquoi, les analyser pour les éviter autant que possible dans le futur.

Pourquoi d'un coup de me sens fatigée?

A cause de mes lunettes. Sans lunettes je ne vois plus vraiment ce que j'écris, hélas. Mais Julie, attention! Quand tu ne veux pas vraiment réfléchir, "fatiguée d'un coup", il y a un truc caché!

Merveilleux souvenirs de la petit maison chez l'habitant, des couleurs d'automne, la tranquilité de l'endroit, merveilleux moments seuls avec François.

C'était un peu fatigant, oui, mais inoubliable! Je nous vois assis ensemble sur un vieux canapé branlant sur la terasse de la petite maison du cartier italien de Cambridge (banlieu de Boston), en regardant de loin les voisins, leurs fleurs et le coucher de soleil.

Parlant de notre livre en s'embrassant dans la mer de l'ile Okrakoke. La rencontre avec le couple universitaire dans la petite pension vétuste et sympa de l'ile, le vol des oiseaux et la découverte de l'intérêt à vivre avec la nature.

François conduisant une voiture pour la première fois dans les chemins plains des trous et le sable au bord de la mer. Dans le désert ensuite, nager au lever du soleil toute nue dans la piscine de l'hôtel au milieux des cactus et les magnifiques couleurs des fleurs dans le sable.

Nos sentiments de plus en plus fort de couple uni, tendre et très proche l'un de l'autre. Le sentiment d'être vraiment aimé et accepté.

Paix et bonheur

24 juillet

Je viens d'avoir une journée très heureuse. Quelle amoureux François est et combien il m'aime! En plus, j'ai changé ma coiffure, ce qui me va très bien.

25 juillet

Paix extrême en moi et avec le monde. Ordre (presque) dans la maison. Amour et bonheur qui va durer, durer! je le crois de plus en plus.

Page 130 le Point, n°805

Article paru dans le cadre Futurs, par Daniel Garic du magazine le Point, avec le titre:

Micro: Le Grand Livre

Le Livre d’Hypercard, Editions PSI, est le premier écrit en français sur le célèbre langage qu’Apple s’apprête à distribuer, en français également. Des livres sur HyperCard, il y en aura une bonne demi-douzaine au cours des prochaine mois. Il sera difficile de faire aussi claire, aussi « évident » que celui-ci. Judith Kertesz, l’un des auteurs, est aussi l’un des esprits les plus fins de la micro-informatique française. Toujours prompte à saisir, avant tout le monde ce qui est et sera important, elle met un enthousiasme juvénile étonnant chez ce docteur es sciences, à vivre elle-même, puis à décrire et à raconter cette petite merveille qu’est Hypercard. La plume de Pierre Brandeiss fais le reste: on ne sort pas de ces 300 pages comme on y était entré. Même si l’on ignorait tout de l’informatique en général et du Macintosh en particulier, on couvre avec l’impression comprendre, être plus intelligent, un univers nouveau, utile, indispensable. Et l’envie d’en savoir plus au plan technique. Ce qu’apporteront les autres livres. Sans jamais dispenser de commencer par ce « Livre d’HYPERCard. »


Bien sûr, il exagère, mais j’étais agréablement surprise quand même de son appréciation. Le livre, son esprit, a du succès. Il est simple à lire, pas difficile à comprendre et à appliquer. Il sert.



J'étais très heureuse avec la sortie vent, mais surtout succès de ce livre. Des écoliers et enseignants, des docteurs et des gens de tout sort pouvait enfin prendre le Macintosh et en faire un outil personnelle - comme disait d'ailleurs le "informatique personnalisée de bip.

J'avais tout en tête le livre qui suivait, mais hélas, François (qui a d'ailleurs mal pris sans me l'avouer cette article, envieux de l'appreciation qui était dedans, s'est interposé entre moi et Pierre qui mettait en bon français ce que j'écrivais et ce que j'avais intention de exprimer. Il a dit qu'il sait le faire, qu'il sait mieux, etc. Nous nous sommes mise d'ailleurs, cette été à l'écrire, chapitre par chapitre, mais d'un côté "il savait mieux" et cela a provoqué des disputes, d'autre côté il avait trop des doutes sur lui même pour jamais finir quelque chose, écrit. Ni ce volume 2 ni un autre livre que j'avais déjà décrit avec exercices et tout sur postscript n'a jamais vu le jour. Au mieux, nous avons réussi, avec pleines des disputes, écrire pendant une année, des articles mensuels sur HyperCard qu'on m'avait demandé.

Après beaucoup de discussion, il avait compris de quoi il s'aggissait, mais il voulait toujours aller plus loin etre plus sophistiqué, sans trop penser à "rest de nous" vers qui moi je m'adresser et sans comprendre vraiment que le plus important pour moi quand j'écrivais était de donner du courage.

12 juillet 1988

Aujourd’hui je commence ma 55e année et je suis encore plus heureuse que dans ma 50e. Un bonheur vrai, profond et durable cette fois-ci.

Le logement est de plus en plus agréable, François m’adore et tous les jours il est encore plus heureux près de moi. Nous écoutons un beau concert de violon et il est en train de programmer. J’écris et réfléchis, nous vivons. Et de temps en temps nous nous sourions avec amour et énormément de tendresse. La vie est belle.

La vente de mon livre marche très bien, il y a plus de 9000 exemplaires vendus déjà. Le livre est bon et je gagne bien dessus. Bip ne marche pas bien, mais je viens d’apprendre à faire la comptabilité et l’atmosphère y est agréable. Quelque chose va sortir de là aussi. Et puis, il s’est avéré que je ne suis pas malade comme je le craignais. Mais j’ai sommeil. Bonne nuit Julie, à bientôt - dans le lit, François.


Ajouté maintenant:
Hélas l’ordinateur était près du lit, ce n’était pas facile à s’endormir avec lui tapant sur le clavier et quelquefois même en parlant à voix haut.

27 juin 1988

J’ai parlé hier avec Agnès: quelquefois elle ne dort plus à la maison, enfin elle a trouvé un véritable ami. Elle est amoureuse. La réaction de Lionel: « tout est bien s’il apporte des étincelles dans ses yeux. » (1)

Lionel va avoir trois semaines dures à l’armée, des exercices para près de la frontière Allemand dans la trouve International. J’espère qu’il s’en sortira avec plus de confiance et sans heurts.(2)

Et moi? Je suis de plus en plus heureuse. Mais après tant de tromperies, il est plus difficile de croire vraiment que « nous avons gagné le gros lot » comme le dit Stéphanie. Comme adultes, nous savons apprécier et recevoir ce dont tous les deux nous avons le plus besoin: être aimé et apprécier par quelque un que nous aimons et apprécions.

Enfin, quelque un avec qui l’on peut parler, discuter de ce qui me fait mal, et pourquoi, d’où cela vient et comment l’éviter dans le futur.

J’ai sommeil à cause du médicament que j’ai pris, mais je suis contente, heureuse, d’un bonheur tranquille. Cela durera. Je l’espère. J’y veillerai. Je travaillerai pour qu’il dure et François fera du même.
1 C'était le garçon avec qui elle s'est finalement mariée et eu trois garçons.

2 Il a réussi à ce que son équipe soit le premier et au reçu un médail de l'armée.

Ça sert à quoi?

22 juin 1988 (recopié dans le journal d’une feuille de papier écrit dans un café)

Ça sert à quoi de recevoir un coup de poing sur l’épaule de quelqu’un avec qui l’on vit depuis cinq mois; avec qui l’on voulait vivre jusqu’à la fin de ses jours, avec qui on croyait vivre le plus parfait amour possible et réciproque?

De me rendre compte que François a un tempérament coléreux.

Que je doive réviser, réfléchir: est-il « bon » ou est-ce seulement moi qui le vois tel? Est-ce inné cette colère et ce comportement? Est-ce seulement quand tout va exactement comme il le veut et qu’on lui obéit qu’il est gentil?

Je vois tout d’un coup plein de choses, en somme TOUT, sous une autre lumière. Hélas, moins belle, mais probablement plus réelle. Mon rêve y est aussi pour quelque chose. J’ai fait des pas géants vers lui, je saute dans l’autre camp, attention! Vaut-il le sacrifice, la peine?

Pourquoi agit-il comme cela et pourquoi dit-il « je t’aime, je t’aime »? Quels sont les mots et quels sont les faits? Où sont les mots et où sont les faits? Ce que j’ai fait moi, comment j’ai changé ma vie pour lui - et qu’a-t-il fait lui, fait et pas dit?

D’un autre côté, ai-je assez attendu, n’est-ce pas trop demander? Trop vite il est retombé de nouveau dans l’état nerveux épouvantable dans lequel je l’ai connu. Qu’est qui a provoqué cet état? Comment l’éviter?

Où? Où alors je me suis complètement trompée et j’ai vu un homme admirable, bon, sage, intelligent, beau, compréhensive et chaud, alors que le vrai François est coléreux, méchant, manipulateur, combinateur, dominateur et égoiste, tout à fait insensible à autrui?

Me suis-je bercée de nouveau d’un rêve?

Je crois toujours qu’il y a des rêves qui se réalisent, qu’il y a des réalités encore plus belles que n’importe quel livre. Mais peut-être, tout cela n’est-il qu’un leure, illusion, autosuggestion, et la réalité est moche et nous le fait savoir à chaque fois, nous secoue « réveille-toi! »

Trop de bonheur n’est pas admis!

Julie, tu dérailles, tu rêves. Crois-tu qu’il y a des êtres intelligents? Crois-tu qu’il existe un homme à qui tu peux tout dire, tout avouer, avec qui tu peux tout partager, qui va te supporter et pas en profiter, qui aime autant que toi partager, discuter? Ha, ha, ha.

Des prétextes, on peut toujours en trouver à tout.

Ce qui me fait le plus mal, et ça me fait même trop mal maintenant pour que je réfléchisse tranquillement avec tout mon intelligence - du moins ce kyu dont dans ma lucidité je suis capable, c’est l’imprévu de ce qui vient d’arriver et la question la plus déchirante qui se pose à moi: me suis-je trompée de nouveau?

Ai-je mis toute ma confiance de nouveau dans la mauvaise personne, lui ai-je accordé trop de confiance? Oui, trop, c’est sûr. Trop de quelque chose n’est jamais bon. Trop de bonheur se paye!? Plus on est haut, plus ça fait mal de tomber. C’est sûr. Le reste?

Julie, attention, réfléchis davantage sur ta vie.

Et puis, il m’arrive un autre coup. Il parait que dans quelques mois je risque de ne pas pouvoir bouger un bras. Grave? Passager? Définitif? Mais qui bouleverse de nouveau tout. J’ai peur des douleurs. Et je me rappelle maintenant la première réaction:vraie, naturelle, qu’il a eue en l’apprenant: « et j’aurais voulu m’amuser encore beaucoup: » (et pas vivre avec un malade). Donc sa réaction n’était pas le regret pour quelqu’un qu’on aimerait mais l’égoïsme « naturel » hélas de quelqu’un qui se soucie surtout pour soi-même. Tous sont naturellement ainsi.

Comme le monde me paraît moche d’un coup.

Mais pas tous, pas toutes surtout! Je suis sûre quand même que si j’étais gravement malade, la réaction de mes vraies amies, et j’en ai, ainsi que celle de mes enfants, ne serait pas celle-là. Mais lui, bien sûr, ne m’a pas connue, n’a pas eu encore beaucoup de temps pour m’aimer. Puis, entre un homme et une femme, existe-il une vrai amitié? Maintenant, je me le demande. Mon fils ne m’abandonnera pas. Et Stéphanie, Agnès non plus. Ni Anna. Je ne crois pas quand même que François s’en aille. On verrait.

Mais peut-être que tout cela n’est-il pas sérieux, seulement une alerte. Pour me faire réfléchir sérieusement de nouveau: « Qu’est-ce que je veux faire encore dans le temps -long ou court- qui me reste à vivre?

De toute façon, reconnaissons-le, depuis quelques mois j’ai eu, il m’a donné, beaucoup de joie. Vraie ou fausse, quelle importance. Ma joie a été vraie.

"Que ma joie demeure" - autant que possible…
N'ayez pas peur, cela ne s'était jamais plus réproduit, était-ce parce qu'il n'était pas aussi coléreux que ça ou parce qu'après avoir expliqué ce que j'ai vécu avec Sandou il voulu me démontrer qu'il était tout à fait différent, je ne le sais pas... et mon épaule ne n'était pas immobilisé non plus, comme mon docteur me l'avait prédit.

La discussion entre nous qui a provoqué son collére et gesticulations était dû au motifs professionels: il voyait loin dans l'avenir mais je devais agir selon ce qu'était ce jour pour l'entreprise... et il a mal pris que je ne tiens pas compte et ne crois pas à ce qu'il disait, prédisait au sujet des stations de travail plus importants que l'ordinateur personnelle.

20 juin 1988

Comment donner courage et force intérieur à mon fils et l'éloigner de diable et la déstruction des drogues? J'aime Lionel tellement, mais comment lui montrer? Que faire pour qu'il ne tombe plus sous la mauvaise influence de certains de ses copains?

Je me suis rendu compte d'un coup que c'est plus important que tout le reste. Mes enfants. Tant qu'il y a un problème avec eux, au moins. Puisque quand tout va bien avec eux, je peux de nouveau vivre ma propre vie.

Nos activités avant notre rencotre

C'est dans cette endroit que j'ai recopié dans mon journal et aussi collé une copie d'une page retrouvé alors de Infomac, magazine très populaire des Macintoshiens français alors.

Presque deux ans avant de notre rencontre, nos portraits ont paru sur la même page 99 du Infomac. Je viens de trouver le journal: il y a plusieurs années déjà nos portraits, et destinés, nos passions étaient ainsi réunis!



Monsieur le professeur…

Francois S.

(…) François S. le découvre et l’adapte au titre de « seul outil interactif sur le plan graphique » Et le voilà hantant les instances de Apple, agaçant Gassée par son franc-parler et soudain subjugué au détour d’une réunion durant laquelle il portait la nième fois en crossage contre le Macintosh considéré comme un « mange-disque », d’entendre l’ex-patron d’Apple France l’approuver à 100%. Au nom de la raison.

Aujourd’hui, cette société s’érige en général store de la programmation sur Macintosh et autre élus. Vous entrez sur l’orbite de ces deux universitaires fous de formation véritable, même si vous n’êtes qu’un amateur et vous en ressortez avec un bagage de programmeur, la vision du Macintosh comme station de travail et non ordinateur personnel ce que John Skulley, directeur d’Apple vient de proclamer haut et fort à San Francisco. Enfin, le panorama contrait des langages de programmation en train de fleurir sur cette machine que d’aucuns s’abstient à traiter en gadget. S’en a glaner aux Etats-Unis la fine fleur des langages à ses yeux jouables, les francise, l’intelligence chez ces deux universitaires - entrepreneurs qui ont eu l’audace de voir un peu plus loin que le bout de leur règle d’enseignants.

(L’autre informaticienne enseignant était sa compagne d’alors en tout il avait vécu avec elle pour dix ans et elle était partie depuis quelques mois avant notre rencontre dans un expo)


Madame le docteur ès Sciences…

Judith Kertesz (BIP)
Un cas. Un vrai. Pas revendeuse (elle ne tient pas boutique ouverte). Pas programmeuse (elle n’avait jusqu’alors jamais placé son estampille sur une logicielle maison.) Pas importatrice de tout et n’importe quoi, traitant les programmes comme des bananes à consommer vite. Judith Kertész joue les esthètes des logiciels Macintosh. Son magasin est empli de petits et grands trésors ressemble à une caverne d’Ali Baba. Pour professionnels de communication, only. Car petit à petit, Bip s’est spécialisé: tout ce qui se numérise, se dessine, se met en page, se colore, s’imagine, tout ce qui se tablette, tout ce qui peut enrichir vos polices de caractère, Judith Kertesz le découvre, l’importe, le françise. Bref, c’est Macintosh côté micro-édition, communication, graphisme professionnels. Côté jeux, néant. Bip ne rigole pas avec l’image de marque de l’ordinateur. Ici, on vous égaie votre entreprise. L’on vous habille son image de marque.

Si vous répondez au profil voulu, peu de risque que vous ne deviniez un fidèle de la rue Duc. Car la personnalité de Judith Kertesz mérite le détour. Et ce détour nous entraîne aux Etats-Unis.

Origine magyar roumaine, Profession docteur ès sciences, chargée de recherches fondamentales à l’Institut de Washington. Découvre: l’informatique. S’y plonge décidément. Reste aux Etats-Unis pour dispenser des cours d’informatique appliquée à la chimie. Madame le Docteur passe un… CAP (sic) d’informatique décroché en France et elle enseigne aux cadres à tâter des micros (de poche!). Écrit a la demande d’un élève un lourd programme Basic de facturation de stocks… sur Apple II. Son salaire: un Apple II plus qu’elle ne peux plus « lâcher »!

Et c’est là que tout démarre. De passage aux USA, voilà Judith Kertesz attirée au club des Applemaniacs de Washington (3000 adhérents). Nous sommes en 1979. Que découvre-t-elle? Un incroyable carte d’extension de… 64Ko! Du jamais vu. Madame K. illico songe à la ramener en France. Elle téléphone, au culot, à Legend Industry, constructeur de la carte. « Vous êtes revendeur ou distributeur? » Judith Kertesz ne connaît même la différence entre les deux! On lui explique. « Si vous avez une boutique, vous êtes revendeur ». Elle n’en a pas et pour cause. Legend la catalogue comme distributeur. Impressionnés par la détermination de cette Européenne qui roule les « r » comme au fond du Caucase, séduits par son style direct, ils lui promettent un contrat. Ni une, ni deux, Judith Kertesz fonde Bip (bureau d’informatique personnalisée, par référence, à une tournure toute kerteszienne, aux ordinateurs personnels… Apple) « Je suis allée présenter ma carte 64 k aux journalistes de l’Ordinateur Individuel. Je me souviendrai toujours de ces personnes, penchées sur un Apple II ouverte enrichi de la fameuse carte qui regardaient tourner tout ça en tremblant un peu. Pensez donc! 64 K en 1980. C’était fantastique!… »

Petit-à-petit, Bip crée son trou. MagiCalc, TGS, puis les tablettes Kaola, les premiers numériseurs d’image. Jusqu’à… Macintosh. « J’avais commandé à peu près en même temps un IBM PC avec lequel je voulais créer un courant d’affaires et un Macintosh. Ce fut fatal. Les deux machines sont arrivées presque en même temps. Mais j’ai dû déballer le Mac en premier. Quoi qu’il en soit, le PC n’a guère fonctionné plus de deux semaines, au total depuis deux ans. François Benveniste, directeur du marketing d’Apple France m’encourage alors à importer des logiciels Macintosh. Mac the Knife, puis Slide Show Magician, Smooth Talker, MacVison, les numériseurs… Il y a un an déjà, une évidence s’impose: la micro-édition est à nos portes. Du coup, je choisis définitivement mon créneau tous les outils professionnels exploitant l’interface graphique du Macintosh. Je suis tranquille. Même si j’importe prématurément des produits non positionnés, ils représentent le futur… »

Ce futur, Judith Kertesz le traque aux Etats-Unis, partout où les inventeurs sur Macintosh présentent leur nouveautés. Elle le traque aussi, désormais, en France. En dévoilant ce mois-ci un ensemble logiciel matériel révolutionnaire au rang des outils couleur pour Macintosh, labellisé Bip, Madame le Docteur ès sciences se lance dans le développement mixte. Un Mac Vision (qui capte les images vidéo) américain plus un logiciel de pilotage de l’imprimante made in Paris. Cette cosmopolite inspirée n’en a pas fini avec son « Bip », son « Bureau d’Investigations Passionnées »

O.M.

11 juin 1988

Agnès a reçu une lettre de moi, elle dit que ma lettre témoigne que je suis « head over hill in love » folle d’amour de François. Comme elle ne le connaît pas encore, elle demande un témoin extérieur: « et Stéphanie, que dit-elle? » Stéphanie est époustouflée de constater comme François a changé, combien il est devenu plus beau, plus calme. Elle n’est pas un devin. Mais je crois qu’elle, comme nous, souhaite que ça marche, et elle croit que ça peut durer. Si chacun de nous réussit à rester soi même dans ce qui est le plus important pour nous.

« Le bonheur est dans l’amour et le travail » me disait maman.

Dans l’amour merci, ça va! Et de mieux en mieux. Et je ne parle pas ici du point de vue sexuel (on a rajeuni tous les deux) mais on s’attache. C’est là que j’ai peur: c’est extraordinaire, mais aussi dangereux! On s’aime chaque jour davantage.

Que c’est doux d’aimer et d’être aimée! On a le même besoin d’aimer, de donner, de tendresse, d’ouverture, de communication, de chaleur, de partage… Regarder les cèdres et l’eau bleu de San Francisco avec lui, et non seule! Savoir qu’il travaille mieux quand je ne suis pas loin. Pas moi, pour le moment.

Le travail. Son travail a bien repris, mieux, avec une meilleure méthode que dans le passé, d’après des dires. Je me suis rendu compte que ça boume. Les idées lui viennent, patience, intérêt, et oh, quelle tête et quelle honnêteté dans son travail envers lui-même! Quelle joie de le regarder travailler. Les relations, ses relations envers les autres se sont beaucoup améliorées après qu’il ait regagné la confiance en soi qu’on lui avait volée, dérobée, détruite méchamment et, je le crois, volontairement, méthodiquement. Qui? Un, plusieurs. Pourquoi? Je ne sais pas. Sa puissance de pensée, de travail, gênait. Ensemble, on va la rebâtir.

J’ai la sensation que j’ai pu, enfin, apporter quelque chose à mon homme. Etre là, l’aider, le soutenir, l’encourager, le rendre plus fort, c’est le rôle de la femme. L’admirer, l’aimer, le seconder. Avec quelle joie et enthousiasme je le fais. Cela devient de plus en plus important pour moi.

Et mon travail?

Pourquoi ai-je besoin de solitude, d’éloignement de lui pour bien réfléchir, écrire, travailler? La présence de ma secrétaire Michèle, ou des autres, ne m’a jamais empêchée de me concentrer sur ce que je faisais.

François a une très forte personnalité. Une présence, et des idées très pointues. Il veut trop me les imposer pour le moment, trop diriger mon travail, ne me faisant pas assez confiance pour le réaliser à MA manière…Il faudra encore discuter de cela très sérieusement. Si on ne respecte pas l’indépendance et la personnalité de base de chacun, il y aura des dégâts bientôt et ce serait vraiment dommage.

Comme lui, qui doit se sentir libre dans ses relations avec d’autres femmes si vraiment il le désire encore (j’essaie de satisfaire ses divers besoins), mais s’il avait un besoin trop intense de plaire, d’être gentil, je ne dois pas l’entraver, il ne doit surtout jamais se sentir enchaîné, juste sentir qu’il est aimé profondément par moi, et énormément estimé. Juste assez pour qu’il ne soit pas encore la proie des fausses gentillesses et des fausses faiblesses des profiteurs ou pire, d nouveaux destructeurs. Je ne dois pas non plus intervenir dans ses plans pour son appartement et sa maison, ses besoins d’avoir un chez soi, même si je crois que c’est dommage pour l’argent dépensé à ça, (comme de toute façon il vit et dort chez moi à Montmartre, depuis un bon bout de temps déjà). Ses besoins doivent être satisfaits selon ses désirs et ses plans.

D’autre côté, je dois trouver la possibilité de continuer à écrire, à travailler selon mes habitudes, mes rythmes et mes besoins. Il doit accepter l’idée de ne pas être maître de tout, ne pas essayer de diriger mes pensées, mes désirs; ne changer mes orientations et préférences profondes, juste pour mieux les faire coïncider avec les siennes, ou parce qu’il croit, momentanément, que « c’est la seule voie juste ». Il n’y a pas une seule voie vraie, une seule façon de faire.

Mais au-delà, c’est moi qui dois être assez forte et résister aux pressions volontaires et involontaires, ouvertes ou déguisées. C’est pour cela que je m’éloigne.

Attention François! Te rends-tu compte de ce que tu me fais faire pour pouvoir travailler? Le travail c’est une grande partie de la plaisir de vivre. Me suis-je immiscée dans le tien autrement que pour t’aider, te seconder quand tu en avais besoin? De mettre à ta portée les logiciels qui pouvaient t’être utiles, les informations vraies qui te manquaient, en te soutenant pour avoir le courage de lutter tranquillement dans tes confrontations, mais tout cela dans ta direction. Sans te dire où aller, que faire ou ne pas faire. En te donnant de la confiance, pas en le diminuant.

Pourquoi essaies-tu de diminuer la confiance que j’ai dans mes écrits, mes livres, ma façon de travailler? Cela, à la longue pourra venir entre nous. Réfléchis-y sérieusement; et surtout ne me réponds pas trop rapidement que c’est parce que tu vois mieux, tu as raison!

Et toi, Julie, pourquoi te laisses-tu influencer - TROP - par lui?

Il a souvent raison? OK, mais toi aussi, tu as souvent raison.

Puis, quelquefois ses certitudes sont basées sur des informations incomplètes, erronées, lues, comprises et gonflées en importance. Sache Julie, que tes informations, tes instincts à toi, sont vrais et urgents, bons pour agir rapidement à ce moment-là. Dans l’avenir, ses prévisions et les tiennes unies, peuvent être, seront vraies et nécessaires. Mais c’est aujourd’hui et selon toi-même que tu dois travailler!

Tu peux t’arrêter et absorber une partie de nombreuses informations qu’il possède, qu’il connaît et toi pas encore, mais ne t’arrête pas trop longtemps, sinon tu n’agirais plus!

Je ne peux pas travailler par à coups, j’ai besoin de tranquillité, de silence et de continuité. Peut-être bien, les « stations de travail » arriveront-elles partout, mais « l’informatique personnelle » subsistera et restera importante, j’en suis sûre. Et la plupart des gens, au moins la moitié, travaillent seuls devant leur micro-ordinateur.

J’ai encore des luttes devant moi; François est extraverti et réfléchit souvent en marchant, travaille en circulant en métro ou auto; alors que je suis introvertie et j’aime la solitude, le repos, j’ai besoin de m’arrêter pour réfléchir, pour travailler. Ces besoins doivent être résolus pour pouvoir bien vivre ensemble.

Quelle est la plus importante de toutes ses qualités pour moi?

Sa bonté, son besoin de donner, surtout la merveille d’être écoutée, de vraiment communiquer. Probablement, j’écris mon journal, et aussi des livres, pour mon besoin de communiquer. Je me suis arrêtée depuis quelques mois, puisque mon besoin de communiquer avec François a été plus important et plus satisfaisant que celui de communiquer avec des centaines, des milliers de personnes qui elles, en me répondent pas - même s’ils m’écoutent ou me lisent. (A ce moment, j’avais déjà dix milles exemplaires de mon derniers livres vendus).

Réfléchis: comment satisfaire son besoin de dominer, qui dans certains domaines ne me gêne pas, me comble presque, puisqu’il est dirigé vers moi; avec mon besoin d’indépendance dans le travail. Puisque dans la vie de tous les jours on s’accorde parfaitement, en vacances encore davantage.

Chez Bip on ne se gêne plus. C’est dans la création et réflexion que je dois rester complètement moi-même. François aussi aime ce « moi », telle que je suis. S’il le détruit, ce moi, il sera le premier à le regretter, le pleurer, essayer de le retrouver.

Que de problèmes dans la vie d’un couple!

Mais de toute façon, en tenant compte de nos âges respectifs et de nos habitudes, c’est extraordinaire avec quelle vitesse nous avons progressé et formé un vrai couple uni, fort et extraordinairement merveilleux.

J’ai aimé Sandou, il m’a aimée et la naissance d’Agnès nous a rapprochés, mais je m’en rends compte maintenant, jamais nous n’avons formé un vrai couple.
Et avec Pierre? Il a été un merveilleux amant et m’a rendu la confiance en moi-même en tant que femme et en ma valeur, mais, non, nous n’avons pas été un vrai couple non plus. Et oui, il m’a trahie, lui aussi, à un moment donné, chose que j’avais oublié, chose pour laquelle je l’ai quitté, il n’avait pas assez de cran pour m’assumer vraiment complètement. Avec Paul, peut-être quelque mois, mais même cela était du faux semblant, plein de cachotteries de sa part, le couple existait seulement dans mon imagination, ce qui était fort quand même, mais pas en réalité.

A cause de tout cela, j’ai commencé avec beaucoup de prudence et de méfiance avec François. J’ai vu son côté négatif, même avant l’autre, que j’ai plutôt pressenti, deviné et puis, lentement découvert. Et plus ça va, plus je découvre des merveilles, des choses qui m’enchantent en lui. Et les autres?

Même le fait qu’il soit dans un certain sens un « grand enfant » comme la plupart des hommes d’ailleurs, m’enchante, moi aussi, j’ai encore beaucoup de l’âme d’un enfant.

Il aime quelquefois jouer la comédie. Je le regarde avec amour: « c’est François qui est maintenant en train de jouer à…. »

Souvent je découvre quelque chose en lui qui me gêne un peu, mais qui existe aussi en moi. D’autre fois, je vois des traits acquis par résistance à son éducation. Je le comprends et j’espère que dans le cadre actuel il aura de moins en moins besoin, par exemple de choquer ou d’agir contre.

C’est tellement plus agréable de profiter du temps qui nous reste et de vivre selon nos besoins intérieurs vrais, à la place de réactions envers les comportements des gens qui nous entourent et qui en réalité nous indifférent.

Et moi? Quelles sont les choses qu’il aime le moins en moi? En vérité, je n’en sais rien, s’il y en a. Il dit « tu as toujours peur », « tu hésites », mais je fonce aussi souvent. Ne pas être toujours d’accord avec lui, réfléchir avant d’agir, ce sont en réalité aussi des qualités qu’il aime en mi, même si cela le gêne quelquefois. En fait, il y a plus de défauts imaginés, venant d’autres expériences, plutôt que de réels.

Je crois de plus en plus que nous nous accordons parfaitement, et de mieux en mieux, même si on en se connaît pas encore complètement ce qui n’est pas étonnant, en quatre mois seulement mais nous avons fait des « pas géants ».

Le gros lot?

L'aspect de François s'améliore, au fur et à mesure que sa confiance en soi revient. Je nage dans le bonheur à cause de son amour, son enthousiasme, sa gentillesse. Je me sens de nouveau femme, jeune, intéressante, appréciée et tous les jours nous trouvons de nouveaux points de convergence entre nous. Nous nous adaptons très rapidement, on s'habitue l'un à l'autre et nous parlons, discutons énormément. Stéphanie n'en revient pas de voir comme Françoit a changé, est devenu plus beau depuis qu'elle l'a vu la dernière fois et combien je parais rajeunie sur mes photos de vacances.

Peut-être, cette fois "nous avons gagné le gros lot" comme elle le dit, et peut-être est-ce le VRAI - si ça existe réellement, et peut-être cela va-t-il véritablement, vraiment durer. Il faut que je sois intelligente moi aussi, lui l’est, et faire que ça dure. Et que ça reste beau - et plein de bonheur. Maintenant, il l’est.

« Que ma joie demeure »

Pour le moment pour Agnès ça ne va pas très bien, mais notre week-end avec Lionel et François à Honfleur et Étretat été très réussi, nous sommes revenus tous les trois contents. Je dois bien réfléchir aussi comment me comporter pour que Lionel sente que j’ai toujours besoin de lui et comment le défendre pour qu’il reste éloigné de ses mauvais amis. François aura sûrement une bonne influence sur lui. Il n’est pas parfait - mais il est un bon exemple, un ami positif. Lionel est allé hier au cinéma avec François au lieu d’aller rencontrer son père, et ils ont eu de quoi parler. François aussi s’était aussi fort bien senti avec lui. (ajouté 2006: hélas le père de Lionel était de plus en plus souvent ivre, il ne m’avait rien dit à l’époque)

J’ai commencé à réfléchir de mon travail pour le futur, mais je n’ai pas encore trouvé une « solution parfaite ». Il faudrait voyager davantage pour montrer aux revendeurs les derniers produits BIP. J’aide et conseille François - c’est bien pour lui - mais pour moi c’est plus dur.

J’ai sommeil, je suis pleine de bonheur et contente, bonne nuit!

6 juin 1988

Les jours s’envolent et chacun m’apporte quelque chose de mieux. Au fur et mesure que le temps passe je me réjouis encore plus de tout ce que je découvre en François, tel qu’il est, la façon dont il change et dont il me regarde. Je suis fantastiquement heureux, profondément, ça m’envahit comme une musique.

15 mai 1988

Au lieu de me tourmenter de ce qui va être, de toute façon qui sait, me réjouir. Oui, aujourd'hui je suis comblée et je suis ravie de ma vie. François m'aime de plus en plus et il me montre de plus en plus qu'il m'aime moi et pas un mirage.

Hors de son apparence, qui peut encore changer et change quand il est heureux et tranquil, hors de son désordre qui dépasse de loin le mien et montre, surtout son désordre intérieur (chez moi aussi?), j'ai découverte qu'en société, il a deux visages. Quand il est rassuré et se sent aimé, il est agréable, gentil et très intéressant - comme quand il est avec moi, ou hier, avec Lionel. Quand il ne se sent pas sûr de lui, l'autre face apparait, et il devient un homme parlant trop, n'écoutant pas les autres, critiquant, exagérant. Franchement désagréable. Il n'est plus du tout le même. L'absence de ses dents me dérange et parfois sa façon de regarder ou de manger goulûment, en jetant les aliments dans sa bouche, comme si on lui prenait sinon. Mais qu'il est beau, heureux! Bon, chaleureux, me gâte et il adore donner!

Il sait si sérieusement travailler, lire, comprendre - même si quelquefois il tire des conclusions, suppositions à partir des petits indices, sans approfondir leur bien-fondé. On verra ce que deviendra sa thérorie du futur de l'informatique, mais elle existe. Et il reconnait, quand il comprend qu'il s'était trompé et alors il change. Dorénavant, je tâcherai de mettre devant lui des informations vraies sur la microinformatique pour l'aider dans son travail et ses jugements.

Franàois est très heureux avec moi et il a réussi à revaloriser en moi la femme.

Il vient même de me faire de merveilleuses photos nues sous la douche, montrant combien je peux paraitre belle à cinquante quatre ans! Il a plaisir à être avec moi. Et moi, le plus souvent avec lui. Mais pas toujours. Pour moi être ensemble longtemps, c'est trop, un peu fatiguant. Combien cela va-t-il durer et où allons nous?

Nous revenons des dix merveilleux jours de vacances en Holland. On aime des tas des choses similaires et on les voit avec les même yeux. Et comme il sait se réjouir! Quelle joie de le voir plein de bonheur! Depuis un temps, il n'a plus écouté de la musique. Cela ne lui manque pas ou bien il ne veut pas me fatiguer?

Au début

Souvenirs.

Au début, il me paraissait merveilleux. Au début je le trouvais moche. Au début, il m'a emporté comme dans un tourbillon avec son attention constant et son intélligeance et chaleur. Au début, il me paru impossible que nous pourrions jamais vivre ensemble: il écoutait de musique sans cesse, jamais ne fermant pas le radio France Musique. Au début, il a charmé autant mes sens que mon esprit et puis, mon ame.

Cela me fait presque mal de me souvenirs des premiers semaines, aujourd'hui. Pourtant elles ont existées! C'est beau les débuts!