Ce que disent les mains

Celles

« Que vous dit le miroir ? » demande mon livre sur l'écriture, voilà ma réponse.


Sur son visage arrondi par ses kilos de trop, pas un seul ride. Des yeux sereins, un nez prononcé, des lèvres minces, mais souriant souvent.

Mais, ses seins, fiers et beaux jadis, tombés depuis dix ans, leur beauté disparue à jamais avec le dernier amour qui l’avait déçu.

Elle ne reconnaissait plus son corps.

À la place de la femme élancée, les seins pointant, la taille de guêpe, soulignée davantage par des hanches arrondies de vraie femme, elle voyait dans le miroir, quand elle se regardait, de plus en plus rarement, s’habillant en hâte même en se cachant à son propre regard, elle voyait de bourrelets de gras, des seins tombés, ce corps ne pouvait être la sienne. Un soutien gorge ou pull épais cachait le plus souvent ce signe de l’âge.

Dans sa jeunesse, très tôt, elle mit plein de crèmes sur son visage, se massa régulièrement, doucement, comme conseillaient les magazines et nageait beaucoup pour raffermir encore sa poitrine, alors, elle n’en avait aucun besoin. Ni de motivation, ni de soutien gorge.

Maintenant, tout ceci ne changea plus rien.

Personne ne l’avait averti de s’occuper de ses mains. Elle avait de doigts courts, jadis c’était la seule critique que sa belle mère avait trouvée. Jadis, ses doigts étaient soignés, manucurés régulièrement, maintenant ils étaient courts et souvent même, reconnaît-elle embarrassée, rongés à bord.

Elle savait aussi qu’ils étaient pleins de taches de rousseur. La tache plus grande sur sa main gauche, lui permit de distinguer gauche et droit pour se rappeler dans son enfance lequel faut-il prendre pour écrire ou dessiner.

Mais la grande surprise arriva quand quelqu’un lui fit remarquer : « on voit votre âge sur vos mains. » Les mains ?

Tiens ! c’est vrai, complètement ridées. Des veines apparentes, des rides longues et d’autres plus petits, invisibles quand elle tient ses mains fermées, le poigne fermé, apparaissaient par miracle quand elle laissa ouvert et en laissant reposer sa main.

La paume avait quelques rides, les muscles fermes, couleur presque rose, appartenaient-ils au même main? Ce couleur, cette peau affaiblie d’où a-t-il jailli? Elle n’a pas vu passer le temps, l’âge paraissant sur sa main la remplissait d’étonnement. Étaient-elles les siennes, vraiment. Était-elle aussi âgé que ses mains le disaient? Elle sentait pourtant plus jeune, beaucoup plus jeune qu’il y a trente ans!

Sur la main droite, avec laquelle elle avait finalement appris à écrire à six ans, des rides horizontales, se tendant, disparaissant pendant qu’elle écrivait. Sur la main gauche, plus souvent utilisée encore aujourd’hui, des rides à tort et à travers et trois veines bleues sortaient quand elle serra ses poings.

Ces mains seulement parlaient à sa place de la vie difficile, pas en coton, qu’elle avait traversé au fur et à mesure de sa vie.

Elle sourit « tout a été facile, j’ai passé avec optimisme. » Et des difficultés, ajouta sans mots sa main.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'adore ta facon de le dire, de l'expliquer ;-)

Aller, je te laisse pour aujourd'hui ,-)

bisous et bonne soirée à toi !
Sophos