Fête a Montmartre

10 juin 1996

Le 10 juin en cette année 1996, c’est la fête des anciennes voitures à Montmartre. Nous sortons, pour une brève promenade. Il fait beau, le soleil brille, l’ombre des arbres est agréable. Une brise de vent me caresse les bras et m’apporte une forte odeur de tilleul qui embaume aujourd’hui le haut de la colline. François me serre près de lui.

La foule grouille, il nous faut se faufiler entre eux. Une seconde brise me grise, l’odeur de crêpes vanillés rappelle que notre quartier c’est une place touristique. Guidés par l’odeur, nous arrivons devant la petite église Saint Pierre de douzième siècle.

Et voilà un Bugatti rouge carmin ! Un Citroën vert pomme et puis un Peugeot bleu foncé de début de siècle, arrivent l’un après l’autre. Leurs propriétaires sont habillés comme il y a soixante ans. L’un s’est même mis une fausse moustache d’époque, qui ne tient pas très bien.

Nous nous sommes perdus de vue, François est allé les admirer plus près. Je le retrouve enfin. Nous entrons dans la cour de l’église, ouvert exceptionnellement pour la kermesse.

Se mélangeant aux crêpes et au tilleul, un fort et alléchante odeur de merguez nous accueille. Je m’approche avec curiosité du stand des crêpes bretons. François me regarde avec reproche. Elles des crêpes bretons sur place.

« Tout n’est pas prêt encore, revenez en dix minutes », me dit la jeune fille les préparant.

Dans cette grande cour, cinq énormes vieux arbres et dessous, quelques tables, des chaises. Encore très peu de gens : c’est comme un havre de paix.

Je suis attiré comme un aimant vers le stand avec les livres d’occasion. Je fouille avec plaisir et je choisis l’un d’eux.

— Combien ?

— Vingt francs.

J’hésite.

— Quinze francs.

— Bien. Je l’achète.

François le paye et me dit :

— Je savais que tu ne résisteras pas ! mais il commence à fouiller lui aussi entre les livres.

Nous nous asseyons à une table en fer vert, avec la crêpe au jambon et fromage que nous avons finalement obtenu. Nous la partageons, nous aimons partager tout. Le goût salé prédomine hélas à cause du jambon fumé.

De loin nous entendons un violon, au-dessus de nous les oiseaux chantent leur concert d’après-midi et la brise nous apporte une nouvelle vague de parfum de tilleul. Ah, ceci vient de l’arbre au-dessous laquelle on prépare les merguez.

Nous sortons, satisfaits de notre escapade. Une jeune fille en minijupe rouge joue à l’accordéon “Paris, Paris...”

De nouveau, il faut se faufiler à travers la foule.

Je proposes « Entrons dans la cours de Château d’eau, lisons un peu sur ce banc qui est en ombre, la brise est si agréable. François a aussi son livre, bien sûr.

« Non, une autre fois. » Il a faim, les crêpes lui ont ouvert l’appétit.

Un délicieux plat des carottes cuites à l’étouffé nous attend à la maison. Avec un bifteck, suivi par une délicieuse pêche bien juteux. C’est parfait. Quelle heure agréable !


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