13 juillet 1996
Me voilà dans ma 63e année. Hier, Lionel est passé, j’ai parlé avec Agnès et j’ai entendu la voix d’Alexandre. François m’a offert un magnifique bouquet de roses jaunes et Christine de l’équipe d’animation une superbe bouquet d’iris violets ; ils resplendissent ensemble dans ma petite pièce de Celles.
J’ai réussi d’organiser une groupe « communication », déjà six volontaires et obtenu des promesses d’articles pour le journal des plusieurs médiateurs d’ateliers. Hélas, à cause de ma langue et impatience, j’ai réussi de mettre JP contre moi. On verra. J’avance dans notre « Gazette. »
« Chacun peut être centre », oui, il existe différents centres.
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Sandou m’a défendu contre Paul, quand il lui paraissait nécessaire, Lionel contre la sœur de François.()
Et François ? C’était au bal de 14 juillet, il avait 60 ans, nous étions quelques mois depuis notre premier rencontre. Il m’avait invité d’aller danser devant la gare Saint Lazare. Il avait un bedon, un souffle fatigué, des yeux doux et était plutôt introverti, sauf quand il parlait de son travail et de la programmation.
Il faisait déjà sombre, la musique était bonne, il y avait la foule. Nous nous sommes mis à danser, François me serrait contre lui. C’était bon de danser après tant d’années, pour lui, pour moi.
Un groupe de jeunes conscrits sont arrivés. L’un d’eux voulait « s’affirmer » et il est entré en moi exprès en dansant. Je l’ai regardé, je n’ai rien dit. Nous sommes allées danser plus loin. Il s’est approché encore une fois il a recommencé.
Alors, François s’est énervé.
« Cela ne fait rien, il y a assez de place, je lui ai dit, viens, on va l’autre côté de la place. »
Mais le jeune conscrit et sa bande nous ont suivis. Pourquoi ? Alors, j’ai connu un nouveau aspect de François.
Pendant que nous dansions, cette fois lui « par hasard » a fait un croc au jeune puis lui a donné un coup de pied « sans faire express », tout en ne s’arrêtant pas de danser. Il a fallu aux forces d’ordre d’intervenir, le jeune voulant nous battre. Nous avons dansé encore une dernière tango, puis nous sommes partis.
Je savais dorénavant que François, malgré son apparente bonhomie, son âge, son poids, ne se laisse pas faire, ne laissera d’autres me heurter, me défendra, s’il le faut. On peut compter sur lui au cas des coups durs.
« En bon et en mauvais », nous pouvons compter l’un sur l’autre. Il était là chaque fois que j’étais malade, il m’a conseillé dans mon travail, il a la patience quand il me sent fatiguée. Il sait me faire sourire ! Me faire sentir vivre, bien dans ma peau. Il est le vrai compagnon de ma vie.
Je suis assis dehors, devant le seul café ouvert à Crécy, la rue principale, la place, sont vides, toutes les boutiques, sauf une pharmacie, fermés. François joue de l’orgue à l’église, j’écris. De lui, des choses passées.
Un jeune couple passe avec un bébé, une dame âgée courbée, puis un enfant avec son père. Je suis toute seule à côté les tables son vides, mais il y a l’ombre, une vent agréable et silence, seulement le bruit de quelques voitures qui passent de temps en temps et même cela je n’entendais pas jusqu’à maintenant. J’étais ailleurs. Je me replonge dans la ville, sa vie, sa quiétude. Puis je repars, chercher François, l’écouter chanter dans l’église vide.
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