Chacun défend son territoire

Où est chez moi ?

Je suis chez moi, où je suis. Là où j’ai un sofa ou un fauteuil. Quelques étagères pour mes livres. Un macintosh portable. Un peu de papier à écrire. Et un téléphone à me lier aux autres, un lit pour dormir la nuit. Et oui, maintenant j’ai aussi un compagnon qui me tient dans ses bras la nuit. N’importe où ira-t-on, c’est « notre place ». Il met en désordre affreux de tout lieu, mais la plupart de temps, me laisse avoir un fauteuil à moi. Dont j’ai besoin. Il n’est jamais très loin, il n’aime pas que je m’éloigne de lui. Ensemble, nous sourions l’un à l’autre et nous sommes… chez nous. ajout 2007: et ci-dessous, j'étais chez moi dans ma voiture en attendant mon mari sortir de l'église.


Chacun défend son territoire

J’attends dans la voiture.

Et voilà, je viens de trouver du papier.

De loin, j’aperçois un gendarme. Heureusement, je n'ai pas laissé ma voiture là où je l'avais garée d'abord, presque au bord de la route ; heureusement François a découvert un square pour la garer, un parking à côté de la chapelle.

C'est la deuxième fois que cette moto Honda passe devant moi, le même jeune. Qu'est-ce qu'il cherche? Je "garde" les voitures, mais le gendarme n'est pas loin non plus. Dehors, sur la route. Quelques personnes arrivent encore. Tard. Jamais trop ?!

Les oiseaux chantent pour moi à travers la fenêtre ouverte de ma voiture, j'écoute leurs gazouillis variés. Il est 11 heures 7 minutes.

Bientôt la messe sera finie, nous rentrerons. François préparera le déjeuner et je me mettrai dans le bain. Cela me détendra, me reposera. Puis nous rentrerons à Paris. Chez nous. C’est quand même encore plus "chez nous" là‑bas.

Pourquoi j'écris ? J'ai besoin, j'en ai envie, cela me détend, me fait passer le temps. Puis, qui sait... à quoi pourrait servir.

Je ferme les yeux et je me plonge entièrement dans les chants d’oiseaux.

· J'ai de plus en plus besoin de m'exprimer, d'écrire. Quand je n'ai ni mon Macintosh, ni même la possibilité d'écrire sur un bout de papier (comme maintenant) - alors j'écris dans ma tête. Se perdent-elles ces pensées ? Non. Elles mûrissent, attendent le moment opportun d'être "immortalisées", mises sur le papier ou dans l'ordinateur. À quoi tout cela pourra-t-il servir ? Je ne le sais pas, mais je n'arrive pas à m'arrêter, non plus. Je crois, je suis devenue vraiment « écrivain », je vis tout dedans.

- Tu vis dans tes rêves, pas la réalité », me dit quelquefois François.

- A-t-il raison? D'une certaine façon, oui.


Dehors il a commencé à pleuvoir plus fort. Je suis bien dans ma voiture.

Le parking, vide quand nous sommes arrivés, est devenue plein. C’est tranquille ici. Seules quelques retardataires arrivent encore. Certains passent seulement pour déposer leurs parents. Un vieux monsieur me regarde avec curiosité, puis continue son chemin. Mais je ne me sens pas exclue. Je n'y appartiens pas.

Acheter une voiture à François pour fêter le début de sa retraite est peut-être une bonne chose - je n'ai rien à chercher dans ce milieu. Lui non plus, il n'y appartient pas vraiment, mais cela lui permet de jouer de l'orgue, de chanter. Son père, à travers l'orgue, l'a relié à jamais d’une certaine façon à la messe et à la religion catholique.

Ils ont commencé à chanter. À l'orgue aujourd’hui c'est le Russe d’IBM qui joue, celui qui disait "je ne sais pas" et qui n'utilise même pas la pédale. Il a réussi adroitement monter François contre les autres, l'influencer assez pour que François se chamaille et ne soit pas aimé... Il a été fort, rusé.

Bon. Chacun défend son territoire.

Moi aussi.

Quand François l'envahit trop, et il a tendance à le faire, je proteste. Il n'a jamais assez de place pour ses affaires, il doit envahir ceux des autres.

« Où mettre tout ça ? »

Plus on lui en donne, plus il occupe de la place. Et même là où il pourrait s’asseoir, il met des enveloppes vides, des cartons, cartables vides, puis, il s'assoit à la seule place libre... ma place.

Même cette place, j'ai du la défendre énergiquement : maintenant il sait que s'il met quelque chose dessus, il ne le retrouvera plus là, mais ailleurs. À Celle, la grande maison à cinq pièces, François adore être dans mon petit bureau, la seule pièce qui n'est pas plein de choses. Malgré cela, il est fâché quand je déplace ses livres, ses cartes routières déposées sur « mon » sofa.


Ce matin François s'est réveillé plein d'amour.

Plein de bonheur - son visage éclairé de bonté et de joie. Il m'a prise dans ses bras. Je l'ai caressé. Il a massé mon dos douloureux.

Nous, c'est bon.

J'ai mes préoccupations, c'est bien, mais je ne dois pas négliger François. Pour quelques mois, il a encore plus besoin d'attention qu'avant, qu'après - pour l'aider à traverser la crise. Trouver sa voie. Après la retraite, l'aider à reconstruire sa vie. Être là.

De temps en temps, je ne l'écoute pas avec assez d'attention. Et alors, s'il relit les titres des journaux ? Moi aussi, je voudrais bien qu'il écoute sans s’ennuyer mes problèmes, ce qui m'intéresse.

Il commence à se rendre compte que tout ne va pas aller comme il le voudrait. Il fait semblant de pas s'en faire. Puis, de temps en temps, le monde lui paraît gris, tous les gens méchants, tout horizon fermé... Il devient malade, il a de la difficulté à respirer, son ventre lui fait mal.

Je sais qu'après le coin, il trouvera un horizon plus beau, mais on n'y est pas encore. On s’inquiète. Quelquefois c'est difficile d'avoir, de garder la foi.

Dans ces moments-là, c'est bon d'avoir quelqu'un à côté de soi. Quelqu'un de sûr, qui nous soutient, qui soit présente pour l’avenir aussi, qui nous apprécie et nous encourage. Qui nous aime dans les moments où le courage nous quitte.



La vie est compliquée. Je suis épuisée.

La semaine prochaine je serai loin, à Évry pour la formation, puis avec Stéphanie un après-midi. Je dois contacter quelqu’un de Toulouse. Sera-t-il possible que Stéphanie ait un stand pour montrer comment... faire l'initiation à la sculpture... et le fils de Christiane pour montrer le Macintosh, il a 11 ans seulement mais se débrouille si bien avec! "Nouveaux métiers, anciens métiers". Je pourrais aller la chercher. M’occuper d'elle aussi un peu plus.

La pluie s'est arrêtée. Ils chantent.

C'est fou, comme la religion ressemble aux sectes. Aujourd'hui, on lisait du nouveau testament ce que Christ disait, parait-il, à ses disciples : » Celui qui aime mieux son père et sa mère que moi, celui qui aime plus ses enfants que moi, n'est pas digne de moi. » J'étais tellement horrifiée par ces paroles imprimées sur la petite brochure que je suis sortie. Même comme spectacle, je ne veux pas assister à cette messe où l’on écrit, dit, répète des choses semblables.

Puis aussi : ‘dis-moi, en quoi j'ai péché’. Même quand on ne sait pas - disent-ils - nous sommes des pécheurs. Et c'est un autre qui doit dire, en quoi vous avez pêché ? Non!

Que c'est triste cette grande ancienne chapelle, cet énorme et vieux bâtiment. Je ne réussis pas de voir de la beauté là, où François admire les marques de l'âge, du temps.



La messe est finie. On sort. Je sors de la voiture, je vais à la porte. Père Domo est là, il me sourit.

- J'ai n'ai pas réussi à imprimer encore mon annonce avec mon nouvel ordinateur.

- Non, c'est ma faute si vous n'avez compris, voulez-vous que je vous montre demain ?

- Non, pas du tout, j'ai été trop préoccupé par d’autres choses ces derniers temps. Mais vous êtes un professeur de première classe. Je pars en vacances pour un mois.

- Peut-être si vous relisiez le manuel, pendant les vacances...

- Vous êtes trop gentille, dites « lire » plutôt : je ne l'ai pas encore ouvert. Mais oui, je crois que cela m'aidera, maintenant que j'ai manipulé, je comprendrai de quoi il parle. Je le ferai et puis nous en reparlerons.

À bientôt !


Je n’arrive pas à utiliser le répondeur téléphonique que Analyse et Lionel m’ont offert. Lis le manuel! Ai-je dit moi aussi à Père Domo de relire le manuel? On devrait pouvoir utiliser tout ceci sans lire des livres entiers!

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