Je me souviens qu’en sortant le printemps 1988 de l’appartement de Vincennes de François, assouvie et plein de bonheur, je me suis dit: ‘S’il dure seulement quatre mois, déjà c’est tant de gagné dans ma vie.’
De quoi je me plains encore ?
Il a duré des années. Treize? Quinze? N’importe, longtemps. J’étais, nous étions heureux. Je ne permettrai pas à personne, surtout à lui, de ternir ce qui avait été. Malgré tout, c’était.
Il n’est plus.
Et alors ?
Qu’importe. Nous avons eu de merveilleux mois, années. Le « nous ». Nous avons eu maints moments d’entant profond.
Fini. Et alors ?
C’était. Cela existait. Cela m’avait rendu, jadis, heureuse.
Comme ce matin-là de printemps il y a treize ans. Puis les beaux voyages. Honfleur avec le lit cassé par l’enthousiasme de Monsieur, son élan. Le bord de la mer. Les Pays-Bas et ses canaux. Grand Bretagne et Cambridge, Londres et la visite chez Anna. Nos baisers, couchée à demi sur un vieil arbre qui s’obstinait à ne pas mourir, tout comme nous, revivant. Le petit marché de Londres, promenade en bateau sur le canal. Les gigantesques séquoias de Californie, la plage déserte de l’Okrakoke en Caroline de Sud. Écouter les oiseaux ensemble. Visite chez un couple de profs. La découverte de l’île Okinawa et sa mer claire.
Le sentiment d’appartenance après notre mariage, deux ans et demi après notre rencontre. Le plaisir du travail réussi à l’Institut d’Optique. Le bonheur qu’il n’était pas mort d’embolie. Des belles promenades en France profond.
Et tout n’était pas achevé encore. Les deux pages que je voulais écrire "au flot de la pensé", le sont.
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