Déchirure (thème d'écriture)

« Tear en anglais» : larme, déchirure, accroc, démolir, arracher, mettre en lambeaux, être tiraillé entre, pris au tourment, filer tout allure, déchiqueter, engueuler, démolir, déraciner, déchirant.

Je n’ai pas versé une seule larme extérieurement, pas une seule goutte salée n’est sortie de mes yeux. Des larmes intérieures.

Je viens me voir comme sur le film vidéo tourné lors l’anniversaire de David. Mon visage défiguré, même pendant des heures de joie.

L’amertume.

La déchirure.

Entre François et moi, il y a plus qu’un accroc, il y a un gouffre qui s’est créé. Il a arraché ce dernier mois ce « nous » en lambeaux, déchiré avec ses longues dents de loup. Il voulait me démolir en m’engueulant, me traitant de tout. Il a déchiré ce nous dont il faisait partie se faisant mal à lui-même en même temps.

J’aurais pu être tiraillé entre des choix, il n’y a plus de choix. Un seul chemin reste et je dois le prendre : filer à toute allure et me tenir aussi loin de lui que je puisse. Le tournant est pris, je n’ai pas le temps de pleurer avec larmes amères.

***

Et maintenant ?

L’estomac (ou ventre ?) est tout en boule, heurt.

Les enfants partis, je me sens épuisée. Pour le moment le monde peut s’écrouler, rien ne m’intéresse. Sauf qu’ils vivent en paix.

Moi ?

D’une façon ou d’une autre, je remonterai de nouveau, je trouverai un chemin pour sortir de ce bourbier dans lequel je me trouve.

Pour le moment, brouillard. Froid, chaud. Terrain pas trop solide. Planche de salut à travers la boue lancée par Annelise et Lionel. Un lieu où lécher mes blessures. Un temps de répit.

Du deuil.

Des illusions. De ceux 'nous' illusoire. De 'c’est pour toujours'. De 'il est ce qu’il me faut'.

C’est sûr.

Certaines choses sont sûres. Il n’est pas ce qu’il me faut!

Ça, c’est sûr.

Je dois maigrir, absolument, assez rapidement. Un jour ou l’autre. Je dois bouger, nager, marcher, entretenir ce mécanisme encore nécessaire pour un temps.

Non pas pour plaire à quelqu’un. Pour me reconnaître dans le miroir, la vidéo, les yeux des autres mais surtout, la mienne. Pour ma santé.

Mes petits-enfants qui ont sûrement encore besoin de leur 'mamie Julie'.

Ça s’est sûr.

Ce lien ne s’est pas déchiré. Il reste.

Même Don ne pourrait le déchirer, viande ou non. J’aurai aussi Nadia et même Vincent. Sûrement, David et Gabrielle. J’aurai Henry, Thomas, Alexandre. Peut-être pas toujours à beau fixe, mais il seront là. Tout comme mes enfants, Agnès et Lionel. Peut-être, même Jeanne, de temps en temps. Annelise aussi.

Alexandre aura bientôt neuf ans, David vient d’avoir un an. Entre eux, les autres. L’avenir.

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