Bucarest, Roumanie
À la question « Pourquoi tu me quittes ? » de François, au début je répondais par ce qui était plus récent, actuel :
« Tu me harcèles, me mets en bas, tu ne me respect plus. Et moi, je ne t’aime plus. »
C’était vrai, mais partielle.
En fait, même si quelques évènements, mots, comportements ont fait déborder le vase, elle s’est remplie par étapes. Quelles étaient les marches qui l’ont mené là, les étapes ayant creusé, agrandi le gouffre entre nous?
Tout à l’heure, j’avais l’impression de pouvoir les décrire, en ordre du temps, me souvenir du premier marche. Il m’est sorti du conscient, s’est caché. Je les décrirai donc pêle-mêle, on pourrait toujours les ordonner un jour.
Le petit doigt de pied de Nadia sortant de la couverture, « aguichant son grand-père, tentant le séduire. » Elle a cinq ans et elle s’ennuyait près de son papy jour après jour davantage plongé dans l’ordinateur, entre autres, sites sado macho et porno, au lieu de s’occuper de sa petite fille qu’il était sensé de garder. Elle s’ennuyait de sa mère absente et avait mis la chemise de celle-ci et c’était couché dans son lit.
Le grand père la cherche finalement se rendant compte de son absence du salon et la trouve « essayant me séduire, couché avec la chemise de sa maman dans le lit de ses parents, avec ses petits doigts sortant de la couverture et les remuant. »
Il m’a répété cette phrase plusieurs fois, sans écouter mes explications, cherchant seulement qui avait « corrompu la petite et lui appris à tourner la tête des hommes », accusant la grande mère paternelle.
Décidément, c’était une des dernières marches.
***
Quand nous étions chez Stéphanie, après la discussion tard le soir, avec Mireille, femme séduisante et sympathique, il revient au lit, s’assoit près de moi en disant : «Elle est la plus intéressante femme que j’ai jamais rencontrée.»
Cette affirmation m’a vexé horriblement, comprenant que je ne «cachais plus dorénavant les autres femmes», l’ai-je jamais?
En fait, il avait toujours regardé à droit et à gauche quand il avait l’occasion. Je n’étais même plus 'intéressante'. Il a ajouté d’ailleurs aussitôt que moi, j’étais nulle, je vivais dans les nuages - pas comme Mireille -, je vivais hors de monde, dans les croyances de mes aïeux et mes romans d’eau de rose.
Tout ce que je disais, croyais, était faux. Ma morale ancienne, dépassée, semblable à celle d’une secte.
«Sauve-toi » me disaient aussi les femmes qu’il avait justement appréciées', qu’il crût en sync avec lui. Il le fallait donc.
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« Je ne t’aime plus », mes paroles ne l’ont guère ému, ne lui ont fait aucun mal. Il voulait seulement que je le lui avoue 'Qui t’as poussé te séparer de moi', et il a inventé tout un roman d’espionnage 'pourquoi'.
Tout y est passé, le CIA, le père de Don, les Roumains. Tout sauf Stéphanie qui sans me pousser, me l’avait conseillé ne voyant plus autre issue, elle qui avant avait affirmé que nous avions gagné le gros lot. Gros lot dissipé. Tout était cause, sauf lui-même qui continuait à le provoquer par son comportement, ni mes blessures qu’il m’avait infligées, finalement mon dégout de lui qu’il avait causé.
« J’ai deux petits filles qui me font bander » a-t-il écrit dans un e-mail à un nana qui l’avait provoqué disant 'étonne-moi' et alors je te répondrais».
C’est lui qui m’a raconté tout ceci en prétextant ensuite de l’avoir écrit mais finalement pas expédié et accusant le père de la petite fille de l’avoir expédié finalement, à sa place puis se plaindre de comportement de François, osant interdire qu’il vienne chez eux dorénavant.
«C’est sa faute, c’était lui qui avait laissé sa fille dans la famille, toute seul ! Les femmes arabes enseignent la séduction, la destruction des hommes.
— François, à quatre ans ?
— Oui, très tôt. Bien sûr.
— Tu rêves.
— Tu ne me crois pas ! Tu as comploté contre moi avec Mohand ! Pour me faire accuser, pour vous disculper, pour trouver un motif.
— Je n’ai pas parlé avec le père de Nadia depuis des mois, mais je le connaissais bien. Il aime profondément sa fille, c’est un très bon père.
— Mais sa mère kabyle, ses sœurs…
— Elles ne parlent même pas le Français, qu’inventes-tu encore ! Je ne crois pas.
— Je sais ce que j’affirme, je me fous de tes « croyances ».
Puis il se lance dans toute une tirade contre les croyances.
— Oui, cet incident et ses suites sont aussi des marches descendant le gouffre entre nous.
Finalement, j’ai explosé :
— Je suis crevée, épuisée.
Je continuerai demain sur les marches conduisant à notre séparation définitive.
***
Ses accès de colère envers moi, de plus en plus répétés et, en même temps, sa fascination de plus en plus maladive envers les autres. Sa petite fille de huit ans « un génie compris seulement par moi », les « anarchistes » de canada, bisexuelles et les signes de « manque » pendant les jours de vacances quand il ne pouvait plus converser journellement avec elle. Me laissant en pan, me mettant, poussant presque dehors, ne voulant pas que je touche à son ordinateur à cause « d’elle » et les autres sites de pire en pire fréquentés. Les constantes images dégoûtantes envahissant l’écran de PC près de notre lit et la liste de ses « favoris » et son prétexte : « c’est une recherche professionnelle ».
Son délire commencé déjà avant mon départ, accentué après trois semaines de solitude, sa débauche sur le Web porno et bondage allant de pire en pire. J’espérais qu’il en aura assez avec les jours et nuits passés dedans pendant mon absence mais il était devenu de plus en plus accro.
La joueuse de « cornemuse australienne » invitée soi-disant pour jouer ensemble aux instruments, avec des signes qu’il avait laissés encore sur la table de notre entré : chandelle, coups de champagne, encens et il a raconté lui-même qu’elle a aussi entré dans notre chambre à coucher « pour voir l’ordinateur ». Reculant, soi disant seulement en voyant ma photo, nos photos ensemble. Plus tard, il ajouta « surtout, parce qu’elle voulait d’argent et je ne voulais pas lui en donner. » Accroché à elle quand même au point de lui téléphoner jour et nuit et quand elle ne lui répondit plus, il est allé jusqu’à appeler les pompiers pour pénétrer dans le logement qu’elle habitait, partageait avec un autre homme en fait, « de peur de sa suicide » se justifia-t-il vers moi et les policiers l’interrogeant sur la plaint de harassement de la ledit dame. Il s’est défendu devant les gendarmes avec une lettre 'chaude' qu’elle lui avait écrite auparavant.
« Ha, ha ! Harcèlement ! Après cette lettre glissée sous ma porte ! »
Encore une marche.
Si elle avait voulu.
Si elle a voulu.
Si…
Dans Notre appartement.
Dans Notre lit.
Il ne boit pas, mais il a acheté de l’apéritif et du vin pour elle, eux. « Je l’avais invité au restaurant, mais elle préférait venir chez moi », me dit-il ensuite.
Et avant, il me disait « c’était pour jouer ».
À quoi ?
À la musique ?
Encore une marche.
***
L’insistance de ne pas rester dans l’appartement cher à mon cœur depuis vingt ans, où pourtant il avait aimé habiter depuis treize ans. «Trop petit, je n’ai pas assez d’espace, je ne peux pas inviter qui je veux, quand je veux, n’ai pas une entrée séparée.»
La preuve. Qui il veut. Il le pourrait, maintenant.
Quand je lui expliquais que notre appartement était tranquille, qu’elle lui avait permis de jouer piano et orgues, qu’elle était chaud l’hiver et froid l’été, tranquille et en même temps dans un centre touristique de Paris, que j’étais attachée sentimentalement, j’aimais y vivre, comme tout réponse, il s’était moqué de mes sentiments. Il a tout fait ensuite pour que ni nous, ni moi, ne pouvions y rester. Il aurait voulu que nous achetions une autre, dans une maison délabrée, les murs craquelés, sans ascenseur, sans chauffage, avec une entré juste vis-à-vis un W.C. turque d’immeuble et en plus beaucoup plus cher.
« Tu ne le veux pas seulement parce que j’aurais une entrée séparée et pourrais recevoir qui je voudrais, des amis que tu n’aimeras pas », ajouta-t-il, encore et encore le répétant comme un perroquet.
— Je ne l’aime pas, chez trop cher, les portes des chambres ne ferment pas, il n’y a pas assez des murs, le son porte trop, etc.
— Oh, toi et tes sentiments. Je m’en fous de tes sentiments !
A-t-il dit ce dernière phrase ou l’a-t-il seulement laissé entendre ? En tout cas, c’était la vérité. Il se fout de mes sentiments.
Depuis quand ?
Une marche de plus conduisant au gouffre entre nous.
***
Il disait « ce que tu dis n’est pas vrai », devant les autres, interrompant mon discours en affirmant que je ne savais pas de quoi je parlais.
Il s’est pris le droit.
Il n’a pas lu ce que j’avais lu un jour avant le discours, il avait lu un revu parlant autrement, pas vu cette publicité, ce prix. Même s’il aurait eu raison, m’interrompre et me traiter ainsi devant les autres était inexcusable.
Autre marche.
***
Puis, autour de ma maladie, mon intervention chirurgicale, son total manque d’intérêt. Plongé dans ses projets jusqu’au cou et ne me voyant que comme un chauffeur qui ne veut, peut plus le transporter, dérangeant ainsi ses projets. Exigeant, la première fois que je suis sorti après l’intervention, de le conduire à Paris encore une fois dans la journée parce qu’il avait oublié de prendre la valise contenant ses notes de musique.
Encore une marche.
Il y en a d’autres.
Il fait tard,
Bonne nuit ! à demain,
J’allume. Je continue, trois heures plus tard, faute de dormir.
Le désordre monstre avec lequel il m’a accueilli après trois semaines quand je revenais de ma fille. On aurait dit en fait, une mise en scène. Plus de passe de passage pratiquement et une odeur !
À l’entrée, sur la table, se trouvaient encore les bougies de la soirée d’invitée, deux verres, l’apéritif et le vin restant. Les restes de ses repas.
Dans la cuisine, une montagne de vaisselle non lavé dont ceux de la soirée spéciale aussi. En vue.
Dans le salon, presque possible d’entrer, pas une seule place pour s’asseoir. Fauteuil, sofa, par terre, tout plein. Dossiers, magazines « triés : étalés », linge salle, linge « trié ou non ». Je n’arrivais même pas à ouvrir ma commode le lendemain pour prendre un sous-vêtement propre, il fallait déplacer des divers sacs de linge (en sac de poubelle) l’obturant.
— Maintenant, tu as mélangé les vêtements propres et sales.
— Je ne pouvais pas ouvrir la commode. Je ne les ai pas mélangés, les sacs sont là.
— Je ne sais plus lesquels sont lesquels, par ta faute ! cria‑t‑il.
Sur le lit, dans la chambre à coucher, vêtements, livres, papiers. Arrivée après une nuit blanche passé dans l’avion, je voulais me coucher.
— S’il te plait, François, fais-moi de place sur le lit.
— Tu veux que je mélange tout, aussitôt arrivée !
— Je suis éreintée, très fatiguée.
— T’es impossible !
Il commence à parler, des récriminations sans cesse.
Ma présence le dérangeait. Visiblement.
— De nouveau, je ne vais rien trouver, mes projets professionnels vont avorter à cause de toi et de tes obsessions de « l’ordre ». Je ne veux plus entendre ce mot !
— François, laisse-moi dormir.
Il n’y avait rien dans le frigo non plus, rien à manger à la maison. Il ne m’avait pas attendu, comme avant.
— Où est la voiture, Julie ?
— Chez Lionel, comme d’habitude.
— Je ne pourrais t’apporter les fleurs que je t’avais pourtant commandées. À cause de toi ! Ils sont trop lourds. Sans voiture… J’ai besoin de la voiture ! Aller à Celles.
— Je suis fatiguée. Je t’emmènerai après-demain, une fois reposée.
— La voiture n’est plus là, donc pas des fleurs.
— Prends un taxi pour une fois.
— Et quoi encore ? c’est ce qu’il répétait souvent.
Encore une marche.
Je me sentais que j’étais de trop.
« Le mail ne marche plus, l’ordinateur non plus ». Ce qu’il prétendait, ce n’était pas vrai. Il ne voulait pas que j’y touche, que je voie, que je lis. Nos courriers étaient sur le même PC, hélas non séparés.
« Tu as fait interdire… »
Je suis fatiguée, il est minuit passé, la suite une autre fois.
J’abandonne. Le sujet vient me provoquer une diarrhée subite. Sinon, aujourd’hui je n’ai presque rien mangé.
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