2 juillet 1999
« Tu parles méchamment tout le temps. C’est systématique. C’est complètement inconscient. Tu feras mieux de penser avant de parler. Tourner dans ta tête. Je n’admets pas que tu dises n’importe quoi ! Moi, j’affirme quand j’ai une référence, toi tu affirmes des fantasmes.
Comment peut-il me parler ainsi?!
Et il me dit tout ceci, après avoir interrompu mon exposé que je faisais devant vingt personnes à MGEN et essayé me désarçonner en public, contredisant ce que je leur avais expliqué.
Je disais, à un moment donné, d’avoir vu dans le magazine MacWord un pub (et il s’y trouve !): Appleworks coûtait seulement 40 dollars.
Tout est prétexte à des affirmations similaires.
Avait-il besoin d’interrompre mon exposé et me contrer en public? D’affirmer encore que je dis n’importe quoi?
« Je n’affirme pas des choses pour lesquelles il y a pas des références sérieuses. N’affirme pas et je ne serais pas obligé de te contredire. N’oublie pas que je suis conseiller pour plusieurs sociétés. »
Pause, pendant lequel je ne lui dis pas que c’était il y a longtemps.
Il enchaîne.
« Tu veux pas admettre ce que je dis, qui est basé sur une longue expérience. »
Je ne lui réponds plus.
Encore six jours et je m’envole !
Mais que sera après ?
Est-ce mon rêve s’est envolé aussi ?
***
J’étais opérée, anesthésié, il y a à peine un mois.
Il n’a pas tenu compte du tout de ma faiblesse, mon besoin de repos et calme et il a tout fait pour me mettre dans un état nerveux effroyable et me faire sentir inférieure.
Il s’est abaissé lui‑même dans mes yeux.
Méchante, moi?
Le méchant est lui : avec tous qui lui tendent la main.
S’ils ne font pas ces quatre, non quatre-vingts volontés, aussitôt qu’ils disent quoi que ce soit qui n’est pas dans ses propres vues, ou même que quelqu’un d’autre lui dit, qu’ils ont dit qui que ce soit le heurte, ou qu’il suppose infère d’un moindre indice, il mord, il déchire la main tendue et si possible le propriétaire avec.
Il a un talent de trouver le point faible, douloureux, et pousser l’épée dans la plaie. Ces derniers temps, il m’attaque sur mon journal
« Ils sont impubliables en France puisque parlant des vrais sentiments, pas déguisés. En FRANCE, on ne dit rien clairement, on le laisse entendre. » Il ajoute : « Tu ne sais pas comment on fête en FRANCE » Ensuite « Les Français… ici… ».
Il fait tout pour essayer de me faire sentir à part, moi, pas née en France.
« Tu parles mal, on ne peut pas comprendre ce que tu dis, personne ne peut te comprendre. »
N’importe quoi je dis, c’est une raison pour commencer à m’abaisser.
Onze ans ensemble, c’était déjà mieux que les trois mois, qu’au début, je pensais qu’on resterait ensemble. Dommage qu’en regardant en arrière, même ses années paraîtrons amères. Non. Des hauts et des bas, plus roses que noires.
Est-ce fini ?
Il ne pense qu’à lui et à ses problèmes et en plus, là c’est plus grave, il veut me détruire la confiance que j’ai en moi-même. Pas seulement en mon écriture, mais en mes paroles, mes pensés, la façon que je suis.
Encore six jours et je pars. Mais après ?
Je partirai chez ma fille en quelques jours, je serai avec Agnès et mes petit-fils, anges et diables. Loin d’ici, en Amérique. Loin de lui. Il viendra deux semaines plus tard, me dit-il. J’espère il serait un peu mieux d'ici là.
Mais peut-on oublier tout ça ?
D’accord « c’est sa maladie ». Et alors ? On n’a pas décrit beaucoup la souffrance des partenaires d’un malade nerveux. Je ne veux pas devenir malade nerveuse, moi aussi!
Il m’a appelé ce matin à sept heures de demi après que je lui ai demandé hier « S’il te plaît ne me réveille pas trop tôt, » et il m’a énuméré tout que je dois chercher et lui apporter. Je n’ai aucune envie d’aller à Celles, le rejoindre, le transporter encore ici et là. Il sent ma réticence croissante de le véhiculer, sa dépendance et il a décidé de passer son examen de conduite. S’acheter une voiture.
Bien sûr, il oublie que ces derniers deux mois, il a claqué tout son argent qu’il avait réussi à accumuler, tout que nous avons réussi à épargner, à ne pas dépenser. Pour s’acheter de la musique, des livres et des revues d’informatique, des conférences sur la musique et informatique, etc. Éparpillé, dans un temps record, tous les économies.
Il a acheté pour moi, chez une droguiste « tellement sympa ! » de crèmes et des lotions pour le cuir chevelu et protection soleil.
-François, je ne vais pas à la plage.
- Mais tu sors, toi aussi.
— Et le crème pour les cheveux ?
— J’ai dit que tu avais un trou par où l’on voyait la peau sur la tête. Des cheveux rares.
J’en suis encore furieuse. Ce n’est pas vrai! J’ai toujours eu des cheveux trop fins, mais ils sont plus vivants que jamais. Abondants, et ils croissent trop rapidement même, telle qu’un permanent ne tient pas longtemps.
Souvent, ces jours-ci, j’ai envie d’exploser, je me sens nerveuse.
« À cause de ta maladie » dit-il.
Non, c’est la fureur emmagasinée qui bout même quand la raison d’énervement n’est pas là dans les derniers minutes. Il me parle avec moins et moins de respect et considération.
Il n’apprécie pas sur place que je l’aide, me remercie après. Trop tard.
Est-ce trop tard pour nous aussi?
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