21 mai 1999
François est un bon exemple pour l’étude d’un personnage, qui une fois qu’il s’est fixé un but, ne tient plus compte de rien et de personne sur le chemin de sa réalisation. En plus, il cumule, faire ça mais aussi ceci et l’autre, empilant sans cesse. Il est pris d’une soif de vivre, d’agir frénétique. Est-ce 'le grand Savoyard est revenu' ou une manifestation en autre forme de sa maladie nerveuse?
Je suis fatiguée, il le voit mais ne tient pas compte : «Allons là, (puis ailleurs.) Viens m’écouter.»
Au pire, comme maintenant, épuisée, je l’attends dans la voiture. Malgré tout, je l’ai conduit. Je me sens mortellement fatiguée, à bout de forces.
Puis il faudra le conduire à Celle à 25 kilomètres d’ici, puis…
Tout est "normal".
Il est sûr que je le conduirai partout.
Et demain, il a un rendez-vous à Verneuil «s’est important, ce contact avec le conservatoire!» Et puis dimanche, il doit jouer à deux messes et Madame la Chauffeur doit bien sûr le conduire partout. Tout serait bien si je ne me sentais pas de plus en plus fatiguée. Ma vertèbre me fait mal, mes yeux se ferment, mes paupières sont douloureuses, l’utérus continue à se manifester, même saigner. Ma tête est lourde.
Hélas, ce n’est pas seulement de moi qu’il ne tient pas compte.
Il balaie (ou essai) sans aucun souci tout ce qui se trouve sur le chemin de ses innombrables buts. Bon exemple de quelqu’un bon et vilain à la fois. Que c’est bien que je peux réfléchir aux 'étude de son caractère' à la place de lui en vouloir.
Je sais dire ‘non’ quand il va trop loin, mais pas quand je suis tellement affaiblie, épuisée comme maintenant.
Je commence à comprendre Agnès qui cède devant ses quatre hommes, trop lasse de tenir face. Je dois réagir rapidement pour ne pas tomber dans le même cercle vicieux qu’elle avant que cela ne soit trop tard. J’esperais qu’après l’intervention, au plus tard un mois après, je retrouverai mes forces.
On (il, donc nous) se réveille à cinq heures ou six heures de matin et on (il, donc nous) se couche souvent près de minuit. Il me parle même au lit, il parle tout le temps, il se parle même à soi–même à haute voix.
Est-ce qu’il existe «le juste milieu»? Ni déprimé, ni trop excité?
Au fond, je me rend compte aujourd’hui, qu’il était dans un tel état d’excitation quand je l’ai connu mais alors, je savais assez bien résister quand il poussait trop. Et l’on n’habitait pas encore ensemble.
J’essaie de lui expliquer, lui demander de m’épargner, mais souvent j’ai l’impression que la communication est unidirectionnelle. Il l’entend, peut-être, il l’oublie ou il n’en tient pas compte.
« Mais je dois répéter, je dois... » pense-t-il, me dit-il.
Il se fait plein de projets qui m’obligent de le conduire ici et là. Il voulait même que je renonce à aller à mon rendez-vous avec Nicole. Là, j’ai su résister.
17 heures viennent de sonner au clocher de l’église. Encore une demi-heure. Le temps est passé vite en écrivant, mais aucune idée «lumineuse» ne m’est pas venue.
Quand on est fatiguée la résistance est diminuée. Je le sais bien. En le sachant que Sandou m’a tenu éveillée une nuit entière et qu’à cinq heures de matin j’ai dit «oui», je lui reviens. Ensuite, j’ai regretté, mais finalement tout a bien tourné pour moi à cause de ce qu’il a découlé de ce «oui». Pourrais-je jamais décrire le cauchemar de cette nuit où il parlait discutait sans arrêt et surtout pour m’épuiser, saper ma résistance.
2007: Les docteurs décrivent l'état maniac des maniaco depressifs, mais très peu disent comment ceux qui l'entourent vivent ce cauchemare, surtout, quand eux mêmes sont malades ou affaiblis. C'est autour de cette intervention que mon amour s'est envolé, l'eau a débordé, au moins intérieurement.
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