Agnès attend un enfant, le quatrième, j’espère que tout se passera bien, quoiqu’elle eût le stérilet quand elle l’a conçu. Elle m’a demandé d’être près d’elle à la naissance. Don a raison, elle a fait de progrès : elle a appris à demander.
Lionel partira pour une semaine à Londres pour des tests de son produit et moi j’irai quelques jours chez eux pendant ce temps-là. Loin de François ! Loin de l’ordinateur ronronnant encore à minuit à côté de notre lit. Gabrielle me réveillera aussi, mais autrement.
L’intervention, le réveil après l’anesthésie s’est bien passé, mais je me sens épuisée, fatiguée, nerveuse. Encore fragile. Je ne veux plus être bousculée!
Les paroles sans cesse de François me saoulent et ses éclats soudains me blessent. Qu’il coure ici et là, mais s’appuie moins sur mon dos qui est devenu plus fragile. Il fait des efforts sporadiques de plaire, m’achète une montre (bravo !) – mais n’est pas venu me tenir compagnie au réveil à l’hôpital.
« On m’a appelé de la boutique informatique pour une réparation et finalement, ils ne m’ont pas faite ! » se plaignait-il en arrivant, essoufflé.
Heureusement, mon fils était là, il est même arrivé plus tôt que prévu et je ne me suis sentie abandonnée, seule, après l’intervention. Nous partions déjà quand François est paru dans la porte, fatigué, épuisé, centré complètement sur soi, même là, même alors.
Je n’ai pas eu vraiment mal ni pendant ni après l’intervention. Une grande fatigue surtout. Fragilité. Sommeil.
Grand besoin de me reposer dans ses bras.
- Viens te coucher, hurle François, le repos est-ce pour les chiens.
- Mais tu m’as dit : ‘je suis fatigué’ et j’ai cru…
- Pourquoi me blesse-tu toujours ? demande-t-il alors.
Il trouve n’importe quel motif pour me blesser, moi.
« En français, on dit » … et il continue. Il sait avec quoi il peut me toucher à vif et l’utilise de plus en plus souvent.
Lui, il se repose en faisant autre chose.
Puis, épuisé d’un coup, il se plaint :
« Juliiie ! » m’appelant à l’aide, presque comme un bébé criant « Maman ! »
Que puis-je faire ?
Au lit, enfin, il parle, parle, parle sans arrêt.
Je réponds finalement, en racontant moi aussi quelques incidents. Le lendemain, je suis encore fatiguée.
« C’est toi qui ne m’a pas laissé m’endormir ! affirme-t-il aussitôt.
Heureusement, ces jours-ci, tout semble lui réussir.
Jamais, auparavant, n’avait-il pas un aussi bon contact avec les gens. Depuis que je le connais, il n’a pas eu autant de confiance dans ses capacités non plus. C’est ce que je voulais depuis fort longtemps.
Mais a-t-il besoin de se parler constamment à haute voix ? S’affirmer en blessant les autres ? Rouspéter sans cesse contre moi ?
Hier, j’avais mal au dos. Le docteur m’a donné un médicament. Le dos va nettement mieux. J’ai mal à l’estomac et ma tête tournait ce matin. Comme on dit en hongrois : « kederböl vödörbe » : on tombe d’un problème sans une autre.
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