Bla bla sur Staline

5 mars

Et bla-bla bla et bla-bla bla sur France Inter à l'occasion du 50e anniversaire du mort de Staline.

Déjà cinquante ans !

Incroyable…

Presque toute ma vie, depuis.

Que j’ai pu être bête !

Oui, il était comme un dieu, religion, relié à la paix et au bonheur du monde. Je me vois encore il y a juste 50 ans, traversant à pied Bucarest d’un bout à l’autre pour aller chez Edith, les larmes ruisselant de mes yeux et étonnée que ceux autour vont et viennent comme si rien n’était.

Je me souviens de la musique classique lourde diffusée par la radio, un jour, ou trois jours entiers? Encore et encore, de la musique de deuil.

Et pas très longtemps après, la stupéfaction avec laquelle je lus le Scinteia, journal du parti communiste et presque seul quotidien existant alors en Roumanie 'démocrate populaire' relatant les discours du vingtième congrès de Parti Communiste Soviétique. Incroyable! On osait le critiquer! Était-ce possible? Vrai?

Quoi ? Alors, qu’est–ce que c’est vrai? Quoi non? Le doute qui aurait pu me secouer lors l’arrestation au milieu de la nuit de mon père, que j’avais réussi à mettre sur le dos de quelques méchants roumains, incidents de la route vers le bonheur, le paradis vers où l’on se dirigeait, le doute est alors entré en moi.

On expliquait que Staline avait fait des erreurs, causé des dégâts. On n’attaque pas, ne détruit pas un dieu, même être vivant il n’y a pas trop longtemps, impunément!

Hrouschiov, croyant bien faire, levant un tout petit peu seulement la voile, avait fait une erreur irréparable: la petite porte ouverte a laissé le vent frais pénétrer, la brise est devenu hurricane et quelques années plus tard pas grand-chose ne restait des croyances d’antan balayées et contredites par les réalités quotidiennes, aperçus dorénavant avec des yeux plus ouverts.

«La réalité ne pénètre pas dans le domaine de la croyance» j’ai entendu au radio l’autre jour. Vrai. Sauf, quand il y a une brèche, et même alors, tout doucement d’abord, peu à peu.

Un jour, le mur s’écroule.

Trois ans plus tard, lors la révolution hongrois, l’entrée des chars russes à Budapest contre les écoliers manifestants et les intellectuels demandant liberté de parole timidement, rien ne resta plus de mes croyances. Non seulement en Staline et en communisme, mais en politique en général. Pas seulement moi, toute une génération ouvrant enfin ses yeux.

Le terrain ainsi déblayé, la place était enfin libre en moi pour une vraie relation amoureuse. Vivre pour moi seulement et non pour 'servir la cause'.

Trois ans après la mort de Staline, remplis de découverts et divers deuils: la perte d’illusion douloureuse. Trois ans remplis de travail, d’études. Trois longues années suivirent.

Mais depuis, cinquante d'autres se sont envolées!

N’en déplaise monsieur Hue, secrétaire du Parti Communiste en France, malgré son charme et sourire et sa supplique devant le magasin Attac, je n’ai pu voter pour lui. Combien de fois peut-on nous tromper avec le même discours? Plusieurs fois. Mais à un moment donné, c’est d’un coup de trop, et ensuite on n’en croit plus un seul mot.

Que des mensonges! que des bla-bla au radio aussi.

Rêve dans la tête des gens, pour des raisons abjectement personnelles de quelques dirigeants, pires de loin que n’importe quel roi. Et sans pitié.

Je pleure encore. Pas Staline: mes rêves envolées. Détruits. Sur lesquels on a marché avec des bottes. Et on les a écrasé avec des chars. Les rêves et espoirs disparu en fumé. En fumée, tout comme ma cousine Magdie à Auschwitz en printemps 1944. Disparu comme celle de l’amour de mon mari en 1966. Et mes croyances sur Paul et François plus tard.

Ne croyez pas bons gens, sachez! dit le poème de Bächer, mais, dis-je encore (alors et maintenant). Savoir – quoi? Comment?

Profiter du moment ? Du sourire d’un enfant, une brise tiède, une rose éclose ou en bourgeon, un touché ou bisous d’enfant, petit enfant, un bon livre. Un meuble durable. Un ouvre durable.

Il y a des choses qui durent!

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