Maman dit dans un de ses lettres, vers la fin, que son mari, amoureux d’une autre, avait même 'changé le passé'. Elle n’a pas vécue assez pour savoir que papa aussi avait plus tard revu le passé avec elle et l'appréciée à sa juste valeure. Après avoir été déçu par sa deuxième femme, avide d’argent, fourrures et bijoux, il comprit l’amour vrai et désintéressé de sa première femme.
C’est pourtant vrai – mais fait peur – quand quelqu’un nous déforme le passé, qu’on croyait unique et définitif. En fait, cela change la lumière à travers laquelle nous l’avons perçu quand nous l’avons vécu. Comme la vérité est toujours complexe, on peut en prendre un autre bout - pourtant notre vérité d’alors reste en nous, sinon recouvert d’un centre trop épaisse la cachant.
Tard le soir
Le succès, d’après moi, ce n’est pas d’avoir publié un livre, obtenu un diplôme, créé une société, ou même avoir élevé des enfants, mais d’avoir réussi à survivre des coups psychologiques sérieux.
La destruction de ses rêves, ses buts pour lesquels on a beaucoup sacrifié pendant longtemps.
Plus de six ans pour devenir Ingénieur «homme entier» comme disait mon père, tombé en poussières. Il paraît alors que tout était en vain. Et l’on ne sait pas à ce moment-là que ses six ans ont servi à quelque chose peut-être même plus important à la longue que le but, non obtenu, arraché devant le nez.
En sortir, recommencer à vivre, avoir des joies et plonger dans le bonheur, autre, différent, ça – c’est succès. Non seulement 'survivre', mais vivre pleinement. Autrement.
Une autre destruction était celui de mon rêve de mari et mariage idéal. J’en ai sacrifié aussi énormément, pour finalement échouer. Je m’en suis relevée. Avec amour et confiance en moi retrouvés, une fois ; un diplôme et satisfaction du premier but plus tard.
Aussi, du mort de mon père et ses horribles circonstances, de mon but à rester en Amérique détruit, encore un rêve parti en fumé et je change de carrière et de vie encore une fois, pour créer une entreprise.
De nouveau, combien d’énergie j’y ai mis et comme il m’a fait mal de le fermer, le liquider dix ans plus tard. Pourtant, j’ai su repartir en marchant sur les braises et vers autres réalisations m’apportant aussi de plaisir, satisfaction et aidant d’autres.
On l’a baptisé aujourd’hui 'résilience' mais 'renaître de cendres' et continuer est le vrai succès, c'est connu depuis fort longtemps. Puis, même quand on n’y croit pas, n'y croit plus, quelque chose reste après le feu: on a appris quelque chose qui sera utile par la suite dans la vie.
Je suis trop près encore pour voir ce qui me reste du dernier débâcle et mon deuxième divorce qui m'a obligé aussi de quitter Paris et vers quelle bonne chose je suis en train d’aller, mais j’ai confiance. En moi et dans la vie.
J’ai prouvé plusieurs fois être 'homme' comme l’entendait Kipling dans son poème. On ne s’en sort pas sans être blessé, mais on s’en sort 'et crie victoire' sinon pas pour autre chose, mais d’être survécu psychologiquement.
On essaie de détruire tout que vous avez construit, tout pourquoi vous avez tant œuvré, sacrifié, travaillé, mais il y a un centre en nous qu’on ne réussit pas à atteindre et d’autres facettes de nous fleuriront merveilleusement à cause de celle frustrée.
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2008: aujourd'hui je commence à voir à quoi c'était bon! mais oui, il fallait du temps pour m'en apercevoir!
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