Tout s'effondre

10 juillet 2001Washington

Chantage. Ignoble. Il faut arranger la vie, sa vie, ma vie, pour qu’on ne puisse me faire du chantage.

Qu’il est ignoble !

Trouver le point faible, menacer de rompre tout lien avec mes trois petits-fils et ma fille… C’est à moi de lui montrer qu’il ne pourra m’atteindre ainsi.

Presque… ou à chaque fois que je viens les visiter, il trouve quelque chose pour me heurter. Me blesser. Me faire mal.

Cette fois-ci, c’était trop. J’ai presque pas réagi : quand on est trop heurté, la réaction vient avec retardement. Comme les applauses, lors un spectacle exceptionnel.

Je vais me libérer.
Je ne vais jamais oublier.

On peut s’éloigner lentement, émotionellement de tous. Se guérir. Mettre son énergie ailleurs.
Je peux aussi changer de logement. Peut-être, c’est ce qu’il nous faut. Un changement aussi radical que possible. Bouger. Agir. Faire autre chose.

M’occuper du logement d’Israël dont j’espérais avoir de l’argent pour ma retraite. Il chantage aussi ma fille depuis qu’il la connaît. Il faut que je me méfie de lui. Ma belle-fille m'accepte, elle. Essaie de me comprendre, même quand nous avons des différends.

Menaces proférés.
Fanatisme.

Comment agir? Écrire d’une telle situation et voir ce qu’en résultera pour les personnages. Voulait-il la provoquer à agir en interdisant ? J’avais entendu qu’interdire était un moyen de provoquer une réaction inverse…

Les enfants sont à qui ?
Propriété exclusive des parents ? Du père ? Et mère…
Sont-ils aussi mes petits-fils ?
Sont-ils les enfants de la famille ?

Vue comme cela, c’est un dilemme métaphysique ou philosophique et heurte moins.

Une affaire de différence de culture, dit-il. Bien. Je veux bien voir, même si je ne serai pas là à ce moment, comment va-t-il penser au sujet des enfants de ses fils. Propriété ou indifférence ou essayant de tout faire ce qu’il va croire, lui, bon pour eux (et non pas leur mère ou fils, influencé par la bru.) C’est tout que je lui souhaite.

Une différence d’opinion sur l’éducation de ses petits-enfants et qu’il se souvient qu’il m’a dit que 'ceux-ci n’appartienne' pas à la famille ou grands-parents inclus, mes strictement aux parents (à en faire ce que ceux-ci croient le mieux pour eux.)

Et tout cela pour 'S’assurer que je ne vais pas donner de viande à ses gosses! Sinon, je ne les verrais plus jamais, même quand ils seront étudiants!'

Je crains pour leur santé !

Et François, comment le satisfaire ? Comment ne pas le laisser retomber en déprime ? Comment l’aider faire une nouvelle vie qui lui plait sans que cela détruise ce qui est entre nous et sans que cela nous saigne en nous laissant sans un sou.

Dures semaines devant moi.
Décisions difficiles.

Les périodes de changement sont toujours dures, même quand on sait qu’un bien en sortira.

J’avais l’âge d’Alexandre quand j’allais chercher ma cousine à la maison lui prenant la main pour aller à l’école. Henry, le plus petit, aura quatre ans dans une semaine. Thomas cinq et Alexandre aura huit à la fin de l’année. Le temps passe.

J’espère que les photos que j’ai faites des gosses vont bien sortir. Avec quelle chaleur ils me regardent !

J’aurais dû prendre mon appareil et ne pas le laisser à la maison où François a mis la main dessus et en terminant la pellicule l’a développé, il a eu le choc de sa vie en apercevant l’homme bébé, fesses nues, comme il se promène ces derniers temps toute la matinée. Il disait qu’il allait me les envoyer, il ne l’a pas fait.

Trois semaines sans moi, mais avec sa fille et petite fille, j’avais espéré qu’elles vont me remplacer un peu, (bien sûr avant que l’incident arrive), ont été trop longues pour lui. Il s’est déchaîné. Peut-être cela lui fera bien finalement. Au moins, une leçon.

Je veux lui écrire, mais il a trop besoin de la reconnaissance, de l’admiration.

Je n’en crève pas, maman m’a assez admiré quand j’étais enfant. Surtout des yeux. Même s’il sera agréable de savoir qu’on lit ce que j’écris, je n’ai pas besoin que tel ou tel me dise que je suis « écrivain ». Sans une « e » finale, bien.

Depuis un temps, j’ai arrêté d’écrire.
Je lis, je lis.
Trop.
Je commence à en avoir un « trop plein ».

J’espère que je recommencerai à écrire, à travailler, bientôt. C’est mon vrai travail. Écrire. Corriger. Lire pour écrire et non pas comme les derniers temps, justes pour passer le temps, pour oublier, mettre ma tête dans le sable et faire passer le temps et ce qui est autour de moi. Peut-être moi ces trois semaines vont m’apporter quelque chose à moi aussi. Sérénité. Distancement. Renouveau.

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