20 mai 2001

Guérir des blessures du passé.

Combien d’années après grand-mère ? Cinquante six ans après elle, je suis venue avec François où elle avait été après le camp de Bergen-Belsen.

Un hôtel - château magnifique. À la première vue.

Hélas, presque impossible de chauffer bien en hiver. Une vue à couper le souffle. Le lac Leman à ses pieds, nuances diverses de couleur bleue. Calme. Montagnes, arbres, cimes enneigés à l’horizon. Un petit jardin clos, entouré de hautes murs. Gardé.

Alors, par des soldats arme à l’épaule une garnison. Une prison dorée. Les lumières de la vie, de loin. La vie, l’agitation hors de portée de la main. Mille sept cent réfugiés entassés.

J’écris dans la salle expo, se trouvant dans l’enceint de l’hôtel. Assis à un agréable bureau. Tout est là pour pouvoir écrire.

La table de maman est à peine un peu plus grande et solide que ce petit bureau. Dehors, au milieu de la cour, un sapin. Des arbres un peu plus bas offrent l’ombre l’été. À droit, j’aperçois les fenêtres et les balcons, des tourets. Mon cœur se serre.

Hier tout était encore en brouillard. C’était sinistre.

Il fait beau aujourd’hui, juste quelques petits nuages blancs à l’horizon lointain. Mon cœur se serre davantage.

Quoique arrive, je finirai la traduction et éditera le journal de grand mère. Pour souvenir. Pourrais-je faire ressentir toute ce qu’avec son cœur douloureux, et déjà malade sans qu’elle la sache, grande mère n’a pas pu évoquer qu’avec un demi-mot ?

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Les matins, François s’agrippe à moi comme à une bouée de sauvetage. Je le prends dans mes bras et le serre fort contre moi. La tête lovée contre mon épaule, il ferme les yeux.

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