31 août 2001, Argenteuil
Oui, je l’ai beaucoup supporté. Fini.
Oui, je l’ai beaucoup supporté. Fini.
Souvent, j’étais heureuse.
Souvent, il m’humiliait et je lui trouvais des excuses. C’est fini.
Julie, laisse aller!
Lui.
La maison.
Tout ce qui était.
Tout qui n’est pas toi.
Nous nous sommes rencontrés à cause du scandale qu’il faisait devant mon stand. C’est normal qu’on se sépare, avec François criant de nouveau. Je ne lui offre plus rien pour le faire taire. Juste une distance critique.
À la sortie de l’affaire être celle que j’étais avant.
Comment ?
Laisser aller.
S’éloigner.
Écrire.
Voyager.
Préserver ce à quoi, ceux à qui je tiens le plus et ne pas s’accrocher au reste. Laisse aller.
Maigrir. Soigner ma peau. Mes os.
Nager. Marcher. Ne pas s’enrailler !
Il est devenu enragé début d’été. En face de moi, j’ai dorénavant un homme que je n’ai pas connu. Noir d’intérieur, me disait-il au début de notre connaissance et hélas, je n’ai pas voulu le croire. J’avais tort. Il ne m’a pas trompé sur la marchandise, c’est moi qui me suis trompée, bernée moi-même.
Julie, souviens-toi qu’un lever de soleil, des nuages roses, une étoile qui pâlit lentement, un ciel s’éclaircissant progressivement peuvent te donner une telle joie!
Cela fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion d’admirer un lever de soleil tel que j’admire ce matin de la terrasse de l’appartement de mes enfants. Il y a cinq nuages roses en bas de l’horizon, à gauche. Tout en haut, l’étoile d’aurore est encore visible. Il est six heures et demie, fin août.
Je me rappelle mon premier lever de soleil admiré du toit d’Institut de Recherche où je travaillais, j’avais cette nuit-là surveillée une réaction chimique et j’étais seule et heureuse. J’avais dix-huit ans.
Tout à l’heure j’ai aperçu dans le miroir de la porte mon visage, le sourire enchanté. La même que François avait photographié jadis. Un lever de soleil peut provoquer donc le même enchantement. Hurrah!
Ma solitude commence bien.
Maintenant, les nuages roses sont devant, en bas de l’horizon et l’étoile est presque plus visible.
Sérénité.
La nature offre tellement des cadeaux !
J’essayerai de trouver un logement d’où l’on peut observer, avoir de la joie de lever de soleil.
Je ne vais pas m’ennuyer seule. Il y a tellement de choses à faire!
Il est sept heures. Le jour s’est levé. Le radio du salon commence doucement avec de la musique. Plus tard, s’y ajoute quelques paroles.
Le soleil tout rouge, qui jusqu’à maintenant avait seulement coloré les petits nuages, vient d’apparaître à l’horizon. Il monte rapidement. Il brille trop. Je ne peux plus le regarder sans m’aveugler.
Il y a treize ans, il n’était pas «un petit professeur obscur d’informatique» pour moi, mais plus. Il vient de disparaître tout à fait avec ses fabulations rocambolesques. Comme dit sa fille, il prend une poussière, existant, un demi-mot, et il le gonfle. Il bâtit autour tout un cinéma. Il devrait écrire de fiction.
Il essaie de «m’absoudre», et bien sûr en même temps lui-même de toute responsabilité dans l’échec de ce "nous" qui vient de disparaître. Faute à sa bru. Faute au mari de ma fille. Faute aux services secrets. Lesquels ? Puis la faute des Hongrois, des Roumains, des américains, etc. Tout y passe!
Sept heures et demie. Il fait jour.
« Que la lumière soit !
Et il fut. »
Une belle journée de fin d’été commence.
J’ai un bon livre.
De bonnes idées.
De nouvelles résolutions.
(engrossed in = captivé, absorbé, plongé dans)
Qu’est-ce que je veux ?
Vue vers l’est - éventuellement.
Calme, sûrement.
Chauffage centrale; gaz si possible.
Ascenseur
Baignoire
Lumière
Place pour mes livres
pour le fauteuil
pour une table
pour un lit d’une personne
Chercher un logement est une possibilité de visiter, de découvrir Paris. Hurrah !
***
Depuis un temps, François m’étouffait. Je n’en étais pas tout à fait consciente.Laisser aller.
Ce n’est pas facile, mais possible.
Patienter.
C’est beaucoup plus dur.
Au lieu d’aller à l’avocat à l’heure aujourd’hui, il est allé parlementer avec Lionel. Va-t-il venir devant l’avocat demain? Le fait que je n’achète pas un logement ne lui convient pas.
Il s’accroche. Finalement, il va s’accrocher au vide.
Proposition à lui faire : partir jusqu’à 14 septembre, puis je pars pour deux semaines. Après, l’un de nous s’en va définitivement.
Mieux vaudrait ne pas louer d’appartement jusque le divorce est finalisé ou, au moins, les deux «conciliations» rendez-vous devant le juge derrière nous.
Je devrais annuler le rendez-vous avec le dentiste, le reporter à une autre date.
Et si j’allais quelques jours visiter mon oncle? Chez Stéphanie près de Toulouse? Non. Seule, à Faremoutiers? Voir ou parler à Doucet, son psy?
« Far fetched » = fabulations.
Broder sur…
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