"Il est envaihissant"

Condon

Aussitôt arrivés, nous sommes entrés dans la cathédrale.

François ne m’a même pas introduit à son ancien collègue, ni à son époux. Il est monté directement en haut à l’orgue avec son collègue et l’épouse a disparu.

Je suis allée à la poste comme il me l’avait demandé, j’ai parlé avec le docteur qui m’a confirmé que point n’était besoin d’encore une consultation.

J’attends que quelque chose se passe.

Les égards, le respect de l’autre, au moins pour moi, n’est pas à l’ordre du jour chez François. Hier, jusqu’à tard, après un merveilleux dîner qu’il m’a offert, il voulait que je lui réponde : « Que doit-il faire, comment être pour qu’il puisse rester mon mari. »

Il est allé jusqu’à dire qu’il pourra s’engager à ne pas dire que ma façon de voir est irréaliste, d’un autre siècle, tiré de romans à quatre sous, daté d’il y a treize ans au moins.

Quoiqu’il se moque de moi de plus en plus souvent et qu’il m’a dit ce matin, qu’hier il a affirmé une chose et son contraire pour inciter ma réaction et prouver, se prouver que je dirais 'non' aux deux - j’ai de temps en temps pitié de lui. Il lutte de plus en plus méchamment.

« On ne sait pas que provoqué je peux être fort… » me dit-il lui-même de soi.

Fort méchant ? Je le sais.

Pendant ces vacances, François a eu de joies intenses. Hier, je suis allée le récupérer après qu’il avait joué des heures à l’orgue et ses yeux brillaient illuminés par bonheur, ce que je lui souhaite souvent. (Il ne brille plus depuis un temps à cause de moi). Bonheur de danser, bonheur de parler, bonheur de jouer de l’orgue.

Bonheur de s’exhiber.

« Il ne faut pas croire que je suis un bon petit garçon. Que j’étais. »

Sous-entendu, trop longtemps.

« J’ai réussi à me détacher de la morale de mes parents. Tu devras, toi aussi. Tu peux pas. Ou veux pas. »

Il croit ce qu’il lit. Ce que quelqu’un lui a dit.

Mais il ne croit plus à moi.

Il est midi. Je suis assise dans l’église à Condon François, en haut, continu de jouer de l’orgue.

Tiens. On entre maintenant à l’église avec des trottinettes!

Deux heures n’est pas suffisant pour maîtriser un instrument inconnu. Hélas. Pas bien en tout cas. Qu’importe finalement pour moi l’impression qu’il aura sur ses anciens collègues. Justement, celui‑ci vient de m’apercevoir du haut. François joue ou parle sans s’arrêt. Ininterrompu.

Tiens, ce morceau sonne bien.

François avait affirmé :

« On m’a chargé d’enregistrer. De tester l’orgue. Voire ce que sonne bien sur celui-ci. »

Le croit-il, lui même ‘qu’on l’avait chargé’ avec cette tâche?

Et quel cinéma racontant à tous que la mairie va arrêter la circulation du centre ville pendant qu’il enregistrera! Aucun bruit extérieur ne pénètre dans cette cathédrale.

***

« Il a une personnalité envahissante » vient me dire l’épouse de son collègue après le déjeuner auquel ils nous ont invité. Au restaurant, on lui a signalé qu’il avait parlé tellement fort qu’il avait fait fuire des clients et qu’il ne sera pas bienvenu de nouveau.

Le docteur lui avait aussi dit: « Si vous ne sortez pas, je serai obligé de vous mettre dehors. Ne revenez pas. » François continuait de parler, parler, chercher des papiers, parler encore. Le docteur s’est énervé, et même menacé. Avant que le docteur aussi maire de la petite ville où nous étions ne vienne à la main, j’avais réussi de tirer François dehors. Pas facilement. Et de tout que le docteur lui avait dit, François a compris : « Ne revenez pas jusqu’à la fin de la cure. » Mais non !

« Ce que tu dis, c’est l’empilage de bouche » me dit François. C’est lui qui fait ceci pourtant, de plus en plus souvent.

Je n’ai même plus le droit de suggérer lesquels de mes livres prendre, envoyer à Paris, lesquels laisser ici, puisqu’ils ne représentes pas d’intérêt réel.

C’est nos livres, répond-il.

Certains, sont les miens, il s’agit seulement d’eux.

Tu n’avais pas cette obsession de répondre à tout ce que je dis. C’est devenu inconscient. Maladif. Parce que tu as un besoin absolu de me répondre. C’’est l’agressivité systématique, non, c’est l’opposition systématique.

François, arrête s’il te plaît.

À condition que tu ne réponds pas, parce que 90 % tu ne sais même pas de quoi je parle.

Alors, pourquoi me parle-t-il sans arrêt ?

Vivement demain après-midi ! Demain nous serons à Paris. Et vivement mi-septembre et mon départ en Roumanie avec les gosses et mon fils. Je n'y suis pas retournée depuis plus de trente ans.

Qu’as tu contre moi, dis ?

François, tu ne me respectes plus.

Je ne peux pas te respecter, tu sors en permanence des âneries. Le monde actuel dans lequel tu vis, tu ne le connais pas, ne l’acceptes pas. Tu veux absolument conserver des illusions. Ils peuvent faire de l’échangisme et être beaux et gentils. Il ajoute : Tout qui est comportement sexuel est abominable pour toi.

Et ensuite :

Comme la pub, les chansons, la littérature, l’aspect sexuel joue un rôle prépondérant… à l’Internet, on vendait des choses. Je répète, ce côté marchand est FINI! Le Web renseignant ne va pas se développer, ne va faire vivre des millions des sites.

De quoi parlent les gens ?

De goût et inclinations perso. Quelque fois ils font de l’exhibitionnisme. Je vais les aider à ce que cette coloration ne soit pas stupide. Les goûts sexuels. Orientation. Certaines orientations. L’aspect culturel.

Et il continue sans arrêt d’un ton indigné :

Je ne suis pas ‘un homme rangé’ ! Je suis hors normes. Un Artiste. Je peux montrer mon nombril comme les femmes. Autrement, je ne suis pas original. T’étais fâchée parce que je suis allé danser la Salsa. Avec des minettes aux nombril nu. Et pris rendez-vous avec elles le lendemain à midi à la piscine.

Non, je ne savais de toute façon rien des minettes. Jusqu’à ce que François me le dise, il y a un instant. Probablement je fais la grimace et il éclate aussitôt.

Qu’est-ce qui ne va pas ?

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