J’ai finalement dû quitter l’appartement à cinq heures et demie ce matin. Je n’en pouvais plus.
— Où va-tu ? N’oublie pas, l’avocat a dit que tu dois me dire. Si tu t’en vas au milieu de la nuit, c’est que tu as où aller.
— Au dentiste.
— À cette heure ?
— Avant, au café.
J’écris ceci d’un café.
Heureusement, j’ai trouvé un café tabac ouvert à six heures le matin. Je ne voulais pas croire que mon « Happy end » tournerait à ça. Pourtant…
Stéphanie me conseille à recommencer à écrire. J’écris.
— Pourquoi vas-tu en Roumanie ? Il a peur. Qui vais-tu contacter là-bas?
Je lui ai pourtant expliqué plusieurs fois :
— j’y vais accompagner et être avec mes deux petits-enfants, aider Lionel avec eux.
— Ah !
— Puis-je être un peu avec mon amie Alina qui vient m’écrire qu’on lui a diagnostiqué une ‘sclérose cérébrale’.
— Je ne savais pas !
Pourtant c’est lui qui m’a transmis l’information pendant que j’étais à Washington.
— Pourtant, je t’avais dit. J’étais horrifiée. Je t’ai dit au téléphone. (C’est lui qui m’avait transmis à l’époque l’information par Internet.)
— Je ne comprenais pas de quoi t’étais horrifiée là-bas. Cette histoire de viande ne tient pas début. C’est là qu’on t’a obligé de divorcer de moi. Pas la peine de me cacher, je sais tout.
Aïe, aïe.
Il est sept heures et dix minutes.
Cette nuit il a fouillé dans mes affaires.
Hier, j’ai eu la maladresse de dire: ne cherche pas dans ce coin, c’est mes livres là. Il me donne une clé, un de trois, qu’il a paraît-il «retrouvé par hasard».
Où sont autres clés de l’appartement de mon fils?
Heureusement, Lionel a emporté hier soir mes journaux et les papiers principaux dans la petite valise noire hier soir, en sortant de son travail. Mon Macintosh aussi, subitement devenu «notre outil d’écriture.» Tout qui est à moi est devenu «commun»? Il a pourtant son PC. Et même un autre Mac.
Il a réussi lundi s’aliéner ses propres filles.
— C’est toi qui leur a parlé contre moi !
Tous sont contre lui et rien n’est de sa faute.
« Il n’est pas sur la terre. Il faut le laisser parler, » me dit-on.
Le laisser parler, à cinq heures du matin? Le minuit? Toute la journée? Toutes le temps pendant les vacances? Toute la nuit?
Il paraît qu’avant les vacances on lui a donné des mauvais médicaments, j’espère que le nouveau l’aidera. Sera mieux. En relisant mes journaux, j’avais l’impression que les états de surexcitation de François proviennent à partir du moment qu’on a commencé à liquéfier son sang. Guérir une chose, empoisonne ailleurs. Pas sûr, mais hypothèse possible.
« Tu voulais m’empêcher de vivre ! » a-t-il dit, il y a pas longtemps. Alors, pourquoi essai‑t‑il encore me retenir? Changer ce que je suis?
J’ai mal au ventre. Je dois abandonner à penser et vivre dans tout cela.
De temps en temps, pour quelques minutes, je me dis : mais c’est celui que j’aime! J’ai l’impression qu’il me tend la main, me sourit. Je ne lui rends plus la main.
De tout de façon, l’ancien François ne dure pas longtemps. A-t-il été toujours comme ça et je me suis seulement leurré, de nouveau?
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