25 août 2003

En lisant (re) mes journaux pour les corriger avec mon français d’aujourd’hui (je suis arrivée à mes 23 ans), en regardant aussi l’original hongrois, j’ai eu une joie inattendue, oublié depuis longtemps : ils sont bons, intéressants. Ils reflètent bien ces temps-là dans mon développement, mais aussi des circonstances dans lesquelles j’ai vécu.

Oui, il n’y avait de liberté de parole (en public) ou d’écriture et souvent je n’y ai mis que de demi mots. De toute de façon, les problèmes d’approvisionnements alimentaires ne m’intéressaient pas assez pour que je m’y attarde, même quand ils empoisonnaient certains jours.

J’ai bien écrit des tramways bondés, de la haine, des gens retenus en prison sans aucune faute, de la perte de la foi (après une longue agonie). Sinon, tout à fait humainement, chacun s’intéressait pour sa personne et sa propre vie. Comme toujours, partout.

On s’habitue à faire la queue et donner de bakchich pour un meilleur morceau de viande quand enfin notre tour arrive. Avoir peur de la police et tout édifice officiel. Voir les débrouillards passer devant vous, obtenir ce que vous rêviez. Ne plus croire à rien dans les journaux. La bouche à l’oreille.

Se préoccuper de sa survie.

Pour moi, les examens. Un garçon. Les premiers baisers passionnés. Simon m’enflammait, c’était la combustion, étincelle instantanée et je jouissais sans me rendre encore compte. Je me croyais froide, ha ha ! Avec lui, je fondais, m’enflammais, brûlais. Même si j’avais refusé à lui 'céder'.

Avec Sandou, plus tard, c’était comme entrer, lentement, progressivement, dans un lac tiède, familier. D’abord, de toutes petites vagues et sans se rendre compte on allait plus loin, sans se rendre compte les vagues s’agrandissaient et devenaient plus chaudes. Ce n’était jamais, presque jamais, la combustion, flamme instantanée. Peut-être à cause de cela justement, il n’y eut non plus ni regrets ni dégoûts.

J’avais confiance totale en lui.

Je me suis laissé berner, les yeux fermés. Mais probablement, souvent, il était même sincère. Et il ne me trompait pas sous mes propres yeux comme Simon à la fin. Encore longtemps, au moins.

En corrigeant, à ma façon, j’introduis probablement des nouvelles erreurs, fautes grammaticales qui feront grincer les oreilles ou yeux des français. Mais il deviendra plus authentique et j’ai dans ces textes une mine pas encore tout à fait épuisée.

Par exemple, fin juillet 1957 j’écrivais: ils ont confiance en moi (père, Simon) et j’espère qu’ils ne seront pas déçus, je ne tiens pas ce que je ne promets pas.

Par la suite, je ne me donne pas à Simon (qui l’espérait encore) et je franchis le pas avec Sandou (que mon père espérait éviter). Ils ont cru, mais je ne l’avais pas promis…

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