La roue tourne

30 janvier 1999

Hier Lionel a eu 33 ans. En trois mois, il aura une fille !

Ma première petite fille.

La roue a changé de sens, pour lui, ça va vers en haut.

Il gagnait 21000 par mois plus le 13e mois de prime et il vient d’être augmenté à la fin de l’année dernière! Il dit ‘seulement’ de 10 % . Il a réalisé énormément en changeant pas mal le produit.

Cela sera la première fois qu’il aura un impôt conséquent à payer.

Agnès, revenue de Roumanie, m’a remercié que je lui avais suggéré d’y aller. Même si les dix jours n’ont pas été reposants, elle a dû voir que son mari est tout à fait capable de la remplacer au besoin.

François par contre se sent mal et m’interrompt tout le temps.

Maintenant, il est en train de rouspèter pour la correction d’une petite lettre que j’avais écrite pour l’assurance. Je voudrais être ailleurs. Tranquille. Dans une atmosphère agréable. Je n’arrive même pas de rester un peu en tête-à-tête avec toi, mon cher journal.

Que faire ? Partir ?

Il fait bien frais dehors malgré le soleil. La plupart des cafés chauffent mal.

Je me suis décidée à ne pas me faire « re opérer » malgré les séquelles qui me resteront probablement à cause de mon intervention chirurgicale près du nez.

C’était pire à 33 ans… quand j’aurai bien voulu garder mon troisième futur enfant. Avec le prétexte d’une opération d’appendice, on a déformé mon corps impeccable à l’époque, en me laissant une cicatrice longue et large au milieu du ventre dont aucun docteur n’a compris la raison depuis. Avais-je 33 ou 35 ans ? Ensuite, la blessure encore frais, Sandou m’a envoyé en Allemagne pour me faire avorter chez un docteur roumain «avant qu’il ne soit vraiment trop tard». Pendant mon séjour à l’hôpital de Paris et en Allemagne, il a profité pour être ‘tranquillement’ avec sa jeune maîtresse qui, à mon retour, me rencontrant dans la cour du moulin, m’a regardé ironiquement : « Alors, c’est bien passé ? - Quoi ? - Vous savez bien… et moi aussi ! »

C’était le point bas de mon existence.

C’est alors, qu’en mon cœur, j’ai vraiment rompu avec mon mari. Sandou.

M’avoir trahi ainsi, parlé derrière mon dos de mon avortement à son amante - laborantine, était pire que tout. Je me suis rendu compte qu’on ne peut plus lui faire confiance, que ce que j’imaginais comme « nous » n’existait plus ; plus du tout.

En préparant ma retraite, des vieilles blessures, comme celle-ci surgissent.

« Avez-vous trois enfants ? » me demanda-t-on lors le dépôt de mes papiers pour la retraite. Non, j'ai répondu.

Je n’ajoute pas : « Mon mari n’en a pas voulu le troisième à cause de sa jeune maîtresse. J’avais envie d’encore un mais pas si son futur père ne le voulait pas. Il en a fait ensuite un à la maîtresse, qui l’avait attribué à son jeune mari, conscrit à l’époque, et elle l’a laissé. Ils ont nié que c’était à Sandou mais je le savais. »

Des périodes de trouble, de lutte me tourmentent. Après trois heures la nuit.

Vive de passer cette période rapidement et mettre, ranger de nouveau dans un tiroir lointain de ma mémoire tout qui me heurte, me heurtait jadis. Retrouver mon sommeil.

Que les souvenirs me reviennent d’accord, mais seulement quand je me sens sur un terrain sûre, bien dans ma peau, quand j’arrive de les regarder de distance sans me faire tant de mal.

Les décrire avec un peu de humour, ou, au moins, de détachement.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je découvre ..je n'étais pas encore venue dans ces textes !!!

JE reviendris demain ;-)

bisous Julie !
Sophos