8 février 1999
Il y a trois ou quatre jours j’étais encore fort déprimée. Des fantômes sortaient du placard : j’ai dû reprendre ma trajectoire professionnelle pour obtenir la pension de ma retraite. Depuis, je me réveillais à trois heures trente et pendant deux à trois heures d’anciens heurts profondément enterrés revenaient.
Comme d’habitude, quand je suis en période bas, quelque chose arrive pour m’en sortir.
Je cherchais d’anciens bulletins de paye et j’ai retrouvé des cahiers que je croyais depuis longtemps perdus. Si je serais croyante, je dirais « la main de Dieu les a mises à ma disposition juste au bon moment ». Je croyais que j’avais brûlé mon quatrième journal où je décrivais, au fur et à mesure des semaines qui passaient, les changements opérés en moi, de la « croyance en Staline, sur le chemin vers le bonheur pour tous, » vers des doutes, de plus en plus profonds.
À cette occasion, j’ai rencontré une jeune fille de dix-huit à dix-neuf ans, ardente, intelligente et naïve à la fois. Redoutable, en disant la vérité mais commençante à douter qu’elle peut changer les autres, les « convertir ».
Cette jeune fille prête à l’amour physique qui attendra (elle ne l’imaginait pas à l’époque) encore fort longtemps, prête à l’amour d’un être « comme lui faut ». Et cela est venu seulement beaucoup, beaucoup plus tard. Mais finalement, elle a trouvé.
J’avais raison à être optimiste et de conserver ma foi en « fins heureux », puisque à 53 ans, c’est vrai, mais je l’ai effectivement rencontré. Et malgré tout qui nous arrive ce n’est que renforcée au fil des années. Heureusement, cette fille que je viens de rencontrer (et quelle joie immense elle vient de me causer), cette esprit pure, sincère et travailleuse, ne savait pas combien elle devrait attendre, et en plus, plus tard, elle n’a pas attendu un miracle : elle a aimé, elle a souffert, elle a eu des enfants, elle a aimé encore et souffert encore, mais elle a vécu.
J’ai rencontré François, j’ai su l’aimer, aussi parce que j’avais appris à ne plus attendre des miracles, et finalement, peut être à cause de cela, et certaine sagesse apprise d’expérience. Nous avons su attendre, nous découvrir, nous ouvrir lentement et finalement, avoir plus, beaucoup plus que nous espérions au début. Même plus que nous pensions deux ans et demi plus tard, quand nous nous sommes finalement mariés.
C’est vrai, on doit encore travailler sur la traduction française, mais c’est une pièce très importante, manquante, de mes journaux que je viens de retrouver le 4e journal, de mes 18 ans.
L’ancien (troisième) se terminait avec une jeune fille pleurant le mort de Staline, le cinquième commençait déjà avec les vers de Bêcher « Je croyais, moi aussi. ». La quatrième montre comment elle était arrivée de l’un à l’autre. Je suis presque sûre que je n’ai pas détruit mon journal écrit en Israël non plus mais c’est tout comme, ma tante à qui je l’avais confié à l’époque m’a trahi et elle a du jeter depuis longtemps et à un moment donné elle l’a peut-être même utilisé contre moi pour me causer de tort, du chagrin. Elle, que je voyais comme une de mes meilleures amies dans mon adolescence.
J’ai aussi retrouvé avec cette occasion le libretto de l’opérette écrite à quatorze ans et le journal de maman sur moi bébé d’un an et demi à quatre ans et aussi le cahier des vers libres dans lequel je déversais mon âme pêle-mêle, quand je ne pouvais pas décrire, exprimer ce que je ressentais autrement. Ce dernier, couvre aussi une longue période. C’est presque incompréhensible, non intéressant, sauf pour en tirer quelques vers ici ou là, illustrant surtout mon état d’âme troublé par un événement ou autre.
Je sors renforcée de cette rencontre avec la fille de 18 ans. J’ai l’impression qu’elle était autre, mais déjà tellement moi !
Ce journal m’a permis de relativiser et prendre vis-à-vis de mes problèmes actuels et m’a permis de les vivre plus facilement. Merci à toi, Julie jeune, d’être venue au secours de cette femme qui en quelques mois aura bientôt 65 ans!
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