2 décembre 2001
Je ne me suis pas enrichie sur le dos de François, comme il le prétend.
Est-ce vrai ?
Non.
En fait… si je compare comment j’étais il y a quinze ans et comment je suis aujourd’hui, je me suis enrichie.
Intérieurement.
Pas avec de l’argent.
Je suis plus riche, je suis autre que j’étais il y a quinze ans, avant le connaître. Mais lui aussi, au moins autant que moi !
Bon, c’est vrai que j’étais un auteur d’un livre devenu quelques semaines seulement après notre connaissance un best-seller, c’est vrai que ne l’aurais-je connu j’aurais continué à publier d’autres livres, les uns après les autres. Le Hypercard N° 2 que j’avais déjà dans la tête ; le PostScript 2 était déjà quant à lui en grand parti sur papier et celui qui est sur l’édition Électronique qui m’était si chère au cœur et sur lequel j’avais fait tant de recherches. À cause de lui et ses actions, ses promesses, mais aussi de mes priorités changées, je n’ai plus rien pu publier depuis.
Et je n’ai plus découverte (oh que si !) rien comme Spinoza ou Durer (dans qui j’étais tombé amoureuse à l’époque à travers les 500 ans qui séparaient nos vies).
C’est le côté négatif.
Mais j’ai connu quelqu’un, fauché d’argent à l’époque et dépourvu des élèves et de buts, néanmoins riche, très riche à l’intérieur. Et à travers lui, je me suis compris mieux. Nous avons donné, lui et moi aussi, beaucoup de notre richesse intérieur l’un à l’autre.
Je me suis donc enrichie.
Ne crois pas, François, que je te dois de l’argent pour cela. Je t’ai sauvé la vie plusieurs fois, je t’ai donné beaucoup des années riches, équilibrées, « normales » tant que possible, sereines. Je t’ai énormément enrichi, moi aussi !
Tes dents (tu n’en avais que deux à l’époque). Ta musique : piano, orgue, mais surtout « ta frasé ». Tu écoutais seulement, tu agis, joues, fais des concerts - conférences sur les compositeurs baroques français.
À travers moi, tu as connu l’HyperCard, le PostScript, la programmation Objet, le Scripting ; à travers mon fils le Visual Basic et beaucoup d’autres choses nouvelles. Tu a appris à parler avec les autres (et quelquefois même, les écouter). Tu as dansé de nouveau. Tu as vu du monde, mieux profité de ta vie. Tu as eu à côté de toi, en bien et en mal, quelqu’un qui t’aimait, t’appréciait, t’estimait, t’encourageait. T’acceptait et sortait ce qui était le meilleur en toi.
Non pas en poussant, en t’encourageant.
Je ne crois pas que, malgré les apparences, (truc rose, SM, domination etc.), tu es retombé tout à fait dans ce que tu étais il y a quinze ans.
Pas possible.
Certaines richesses, certains acquis, on porte en nous. Restent.
Ne crois pas que je pars riche et tu restes pauvre. Et je ne parle pas de ta maison, l’appartement resté en ta jouissance, les ordinateurs, les meubles, tes orgues et livres, tous ces vêtements acquis depuis qu’on se connaît. Je parle intérieurement.
Malgré tout, si tu compares, tu es un meilleur homme, plus riche, plus plein que tu étais quand tu m’as connu.
Peut-être, nous vivions sur des mondes différents avant de nous connaître, peut-être que tu vivras de nouveau dans un autre monde que moi à mille lieu lumières à part.
Tu emporteras où que tu sois quelque chose de… non, pas de moi, de « nous ». Le nous qui a disparu était riche, le nous qui s’est cassé, dissipé, ne s’est complètement évaporé.
Il faudra du temps pour se rendre compte, de temps pour comprendre. De toute relation, et la nôtre était intime et forte, reste, non seulement les points qui pèsent, font mal, mais aussi des acquis positifs.
Qui m’a le plus trompé, utilisé que Paul ? Pourtant… Quand j’ouvre la fenêtre la nuit pour laisser l’air pénétrer, je pense à lui. C’est lui qui m’y a habitué. Quand je marche un peu plus à pieds, je pense à lui, c’est lui qui m’a forcé, montré que je peux. Il m’a apporté des choses, même lui ; danse sur la terrasse avec la musique venant de loin, découvert des plats gastronomiques, d’une autre Paris. etc.
Pour toi, je dois attendre, je suis trop rempli d’amertume aujourd’hui pour ressortir ce qui reste après « nous ». Toi aussi.
Il nous faut de temps.
Des mois.
Des années ?
Le futur le dira.
Mais François, je t’ai donné au moins autant que tu m’as donnée. Tu es resté beaucoup plus riche que t’étais avant notre rencontre.
Je n’ai pas vécu sur ton dos - comme tu le prétends! J’ai contribué équitablement, comme tu t’attendais d’ailleurs dès le début. Pas comme Sandou qui voulait, aurait voulu au moins, tout m’offrir, assurer notre vie matérielle. Tu voulais que je contribue et moi aussi je trouvais cela naturelle.
Au début, j’ai contribué de l’argent reçu de la publication de mes livres et les articles réguliers sur l’Hypercard. Puis de mon travail comme responsable Macintosh. Tu m’a offert des voyages. Moi aussi. Tu m’a offert des cadeaux. Moi aussi. Et tendresse, amour, confiance. Trop de confiance? L’avenir le dira.
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