C'est officiel

23 novembre 2001

Après onze ans de mariage (et plus de 14 de cohabitation) je suis enfin officiellement séparée, si pas encore divorcée, mais en bonne voie.

Il est venu en retard au tribunal (pas trop) et surtout, il avait une excellente mine et ‘look’: blazer de cuir, le meilleur costume beige, un microphone à l’oreille. Une allure mais surtout une assurance de soi qui m’a fait plaisir.

Le fait qu’il était d’accord pour le divorce et notre convention temporaire signée en septembre m’a fait encore plus plaisir.

Je suis séparée !

Officiellement. Enfin !

Il restera au Mont Cenis.

En sortant du Tribunal, je lui ai rendu les clés et les papiers de la voiture laissée près de là, au centre de Paris. Je lui laisse tous les meubles de notre ancien logement jusqu’il déménage en décembre ou en mars. Sauf la bibliothèque que j’avais promise à Anelise. Il était, après, en très bonne humeur.

Il m’a passé un papier complètement abracadabra me réclamant non moins qu’un million! Il prétend dans ce papier haineux et sans sens, qu’en 1988 je l’ai 'obligé' de venir habiter chez moi! En fait, il me suppliait de le laisser venir, d'y rester. Ça, c’est telle que je me le rappelle. Il y parle aussi de sa dette de 100 000 francs à sa banque de province et que j’étais pendant deux mois chez Agnès ce temps-là (après mon intervention chirurgicale) mais il oublie que c’était lui qui les avait dépensés avant et pendant mon absence en s'achetant n'importe quoi.

Il a une magnifique mémoire, sauf, quand il n’a pas envie de se souvenir, reconnaitre ses propres bêtises et torts, alors il ment carrément ou tord la vérité. Il est ignoble. Non pas malade.

Il prétend aussi d’avoir payé tout pour notre ménage pendant notre mariage, oubliant que jusqu’à récemment c’est moi qui payais le loyer, l’électricité, le téléphone et tous les frais de réparation et entretien de la voiture. Et même, fort longtemps, la moitié des impôts. En plus, un virement permanent de 3000 francs en compte commun pour les dépenses courantes de ménage.

Il parle dans sa lettre de sa maison parentale vendu en 1992, niant qu’il avait mis l’argent dans un conte d’épargne à part auquel, heureusement, je n’avais pas de signature et qui lui a servi en grand parti pour rembourser son prêt Cofinoga et autres prêts pour l’achat de sa maison de Celles, et l’achat, avec énormes intérêts, de son ancien Mac couleur, et ses dettes pour couvrir l’abus d’utilisation de Minitel rose avant notre rencontre. De tout de façon, tout s’était il y a dix ans. Au moins.

Il prétend en plus que j’aurais gagné avec l’argent que je lui ai subtilisé et mis à part, le double. Donc, il réclame de moi le double de ce qu’il a jamais pu avoir (et qu'il a dépensé lui même.) Quel culot!

Cette femme noire est 'très sévère, très exigeant' dit-il. Le poussant à n'importe quoi. A-t-elle subtilisé les bijoux de famille qu’il réclame aussi de moi? Quand je lui ai dit que je serai contente s’il se marie avec elle, il était étonné. Il n’est pas quelqu’un qui aime être seul, peut vivre seul.

« Toute sa famille m’a acceptée. »

Bien sûr. Besoin de papiers, besoin d’argent et heureux des cadeaux. Entre autres, mes CD à moi, à nous. Mais il est aussi devenu, grâce à moi, beaucoup plus ouvert, plus communicatif. Il a des dents : je l’ai emmené au dentiste.

Je l’ai aidé à survivre, je lui ai aussi sauvé la vie, au moins deux sinon trois fois.

Quand ?

Réfléchis!

Je l’avais prévenue de n’attendre rien de moi et ne pas se faire des fausses illusions. L’avocat a dit qu’il peut provoquer des saisies du fisc. J’ai ajouté qu’il n’a pas intérêt de m’accuser à cause de sa propre réputation et ses petits-enfants.

Il a un très mauvais conseiller juridique, il n’a pas trouvé le procès avec le propriétaire du Mont Cenis.

« C’était une manipulation pour me tromper » prétend-il.

Pourtant c’est notre avocat commun qui s’en était occupé alors, et bien.

Si ‘tout va bien’, fin février nous pouvons déposer la demande finale de divorce. Le juge lui a signalé clairement que si nous ne déposons pas jusqu’à août la demande du divorce définitif, tant la procédure de séparation que le divorce sera annulé.

Donc, au pire, je suis légalement séparée jusqu’à la fin août et, au mieux, divorcée vers avril 2002.

Paul m’a coûté deux ans de loyer et des frais de procès. Je ne croyais pas dans mes pires rêves que François pourrait vouloir m’exploiter davantage. Je ne comprends toujours pas qui il est, qui il était. Qu’est-il devenu, comment peut-il oser?

Comment cet homme que j’avais tant aimé et dont je suis toujours contente de le voir en bonne forme, peut être ainsi, fabuler comme ça, tordre, malgré sa fameuse mémoire tout et au lieu d’offrir, demander de l’argent à sa femme, son ex-femme. Je l’avais soutenu pendant 14 ans. Épaulé. Aidé. Encouragé.

Je me suis débarrassée de l’ancienne voiture et il était enchanté de l’avoir.

J’avais renoncé à beaucoup pour lui pendant ces presque quinze ans. J’étais sa confidente. Son chauffeur pour plus de 200 000 kilomètres. Prouvé qu’il était encore capable d’être homme. L’aidé qu’il puisse chanter, jouer de la musique, danser de nouveau. Je l’ai soigné, je suis restée à côté de lui pendant sa maladie, après l’embolie pulmonaire et pendant qu’il récupérait, pendant ses dépressions, ses crises quelquefois profondes. Je l’ai serré contre moi quand il se sentait perdu. Combien de fois, je lui ai rendu courage! Combien de fois, je m’y suis épuisée, sentie vidée ensuite. Encouragé d’innombrable fois.

J’étais une bonne épouse, fidèle, extrêmement patiente, compréhensive. J’avais appris, il y a longtemps de ne pas attendre de reconnaissance des gens pour les biens qu’on leur fait. De quoi je m’étonne alors?!

Bientôt, ce sera matin.

Aujourd’hui je garde David. Il a tombé et s’est blessé hier à la crèche. Il est fort mignon, énergique et volontaire. Ça sera une longue journée.

Lionel m’a dit hier qu’il adorait ma nouvelle voiture: il l’a utilisé les derniers deux jours. Oui, l’automatique est fort agréable.

Maintenant je dois me reposer encore un peu mais surtout aller au-devant vers le reste de ma vie. Petit à petit, recommencer à travailler sérieusement et connaître des gens intéressants avec qui communiquer, échanger.

Agnès vient de m’appeler. Elle dit que c’était la fête de Thanksgiving, je croyais que c’était début novembre. Non, juste le 22, jour du tribunal ici, fête là-bas. Je fêterai mon divorce, pas la séparation, même si je me sens plus soulagée déjà.

Le secrétaire immuable, ancien, me rassure, il durera, après moi aussi, longtemps. Il est là, devant moi, près de moi.

Le soir

Ça fait tellement mal.

Dès le mois de mai François savait que bientôt nous allons nous séparer!

Il y a quatorze ans, il a déjà essayé de s’appuyer financièrement sur moi et sur ma société Bip et m’amener à investir dans un projet chimérique qu’il s’était imaginé à l’époque. Il m’avait réveillée, à trois heures de matin, au milieu de la nuit, au cours du premier nuit passé à Vincennes, chez lui. Il hurlait, me faisait peur, me dégoûtait. Je suis presque partie, au milieu de la nuit définitivement. Pour toujours. Pourquoi ne l’ai-je fait, alors ?

Le journaliste rencontré chez lui à ma première visite, (celui avec qui je travaillais à Bip de temps en temps,) m’avait pourtant bien dit de se méfier de lui. Pourquoi ne l’ai-je pas écouté ?

J’étais déjà pris, éprise, conquise. Aveugle.

Il n’a pas changé. Il s’est seulement très adroitement caché. Déguisé. Tant que cela lui convenait, tant que…

Tant que, quoi ?

Qu’il tenait à moi ? Je ne crois pas. Que je lui servais ? Oui. Qu’il croyait que je l’adorais, admirais? Oui. Sûrement.

Ouf. La vie est dure. La réalité triste, sale.

Je tousse, David, ce bébé admirable de 14 mois m’a passé sa grippe, sa toux. Mais être avec lui de huit heures de matin à sept heures de soir était un régal. Au moins jusqu’à cinq heures quand j’ai commencé à être fort fatiguée. Pas lui. Il est neuf heures. Je m’endors. Bonne nuit. Je l’espère.

2008/ ajouté:

il demandait de l'argent, lui de moi, peut être pour que je ne lui demande pas, il avait quatre fois plus de retrait que moi. Qu'importe s'il l'a fait de lui même ou poussé par la sorcière qu'il a marié aussitôt que possible, il était ignoble. Mais à l'époque je pleurais encore plus 'la réalité' différente de mes rêves.

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