12 décembre 1998
Je commence à écrire un nouveau journal dans ce cahier magnifique, presque comme un livre. Je l’avais réservé jusque maintenant pour écrire un roman ou quelque chose de spéciale. Sa couverture Une terrasse de café à Arles de Van Gogh et son papier vélin, tout dans ce cahier m’invite à m’y mettre, écrire de nouveau un journal pour moi-même.
Depuis trois ou quatre ans ne j’écris pas, et quand cela pressait trop, je le faisais à l’intérieur de mes cahiers d’étude, de gammes d’écriture, pêle-mêle et mélangé. Non seulement cela m’empêchait de les relire plus tard en ordre, mais en plus, cela leur donnait une importance qu’ils n’ont pas. L’intérêt d’un journal intime et d’y déverser ce qu’on ressent sur le moment sans réfléchir à ce qu’on écrit, le déverser quand personne n’est là à qui d’autre on pourrait le dire.
La pharmacienne m’a répondu toute à l’heure « c’est vrai, les problèmes arrivent souvent en séries ».
Tout ne va pas mal.
Mon petit-fils Alexandre vient de m’écrire sa première lettre par courrier électronique. Agnès partira pour deux semaines dans ce qui serait presque ses premières vraies vacances depuis qu’elle est devenue mère, elle ira loin de ses trois enfants fort sympa mais fatigants, en Roumanie, puis viendra pour trois jours à Paris.
Survivrai-je jusqu’alors ?
J’ai une peur déraisonnée.
Lionel vient de m’annoncer qu’ils auront une fille ( 90 % sûr), ma première petite fille puisque Agnès n’a que des garçons, trois petits diables intelligents. Non, si elle agirait autrement, ils le fatigueront moins. En plus, Lionel vient de raconter à François (j’ai écouté au téléphone) que ses projets, ses modèles et codes sont adoptés dans l’entreprise, et j’ai l’impression, de plus en plus appréciés.
François joue merveilleusement. Est-ce l’orgue ou le clavecin ?
Il aurait préféré de sortir, mais j’ai mal. Il m’a fait que des grimaces d’insatisfaction, d’affolement, depuis le matin. Tout cet état n’apparaît pas du tout à travers sa musique qui sonne claire, limpide, chaude, comme est son cœur en fait.
Que veut dire cette dualité ?
D’abord, j’ai commencé à saigner.
Bon, c’était l’été, en juillet, pendant le stage d’écriture. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait
Revenu à Paris, mon gynécologue a constaté que j’avais des fibromes. Avec les œstrogènes qu’il m’avait prescrits, les fibromes ne faisaient pas bon ménage. Alors, analyses. Échographie effrayant. L’un des fibromes est de 5 cm sur 3 cm et caché, au-dessous. De quoi ? Puis un autre examen de quoi j’ai eu peur, c’est finalement bien passé et apparemment les fibromes ne sont pas cancéreux. Tant mieux. Le docteur spécialiste de MGEN dit « ce n’est rien ».
J’ai aussi un sciatique, arthrose ou quelque chose dans ce genre. Je ne suis pas tout à fait convaincue que c’est seulement ça.
J’ai profité pour voir une dermatologue. Elle me brûle avec nitrogène gelé sur la main et le front « n’allez jamais au soleil sans crème ! » dit-elle, mais j’ai aussi des « basal cell canceroma » là où le soleil n’a pu pénétrer. « Cela arrive » me répond-elle. Par contre, à la base de nez, il faudrait voir un chirurgien. À contrecœur, j’y vais. « Pas ici ! »
On le traitera à l’hôpital. Anesthésie. Tout un cirque.
Le lendemain j’y vais voir l’anesthésiste. L’hôpital de la Montagne. Quel scandale a eu lieu là? De toute façon j’ai l’impression qu’il n’a pas bonne réputation. Mercredi, on m’enlèvera tout le mauvais tissu en bouchant le trou résultant. J’espère, pas trop grand. J’espère que j’en sortirai bien.
« Pas de douleur »
Ah, oui, ces docteurs n’ont jamais mal.
Et si je tousse ?
La pharmacienne vient de me donner des pilules, peut-être ils m’aideront.
Lundi, je discuterai avec le gynécologue pour qu’il m’explique le résultat de toutes les analyses, mardi, j’ai rendez-vous avec le rhumatologue pour voir que faire de ma sciatique.
Hier, j’ai introduit dans le Macintosh tous les jolie textes intéressants des participants à l’Atelier d’écriture de cet été. Dimanche, nous avons une réunion de «Regards Croisés Anglo Français» avec qui j’ai fait le stage. J’ai préparé et corrigé les écrits de tous, je les ai imprimés, nous allons avoir un beau livre.
Tout n’est pas tout à fait noir.
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