Le rosier

Nous regardions la télé, dehors quelqu’un vocifère fort, crie ou se dispute. Curieuse, j’ouvre notre fenêtre, nos nouveaux voisins en face de nous parlent dans leur jardin.

Le jeune homme penché dans la fenêtre me voit, et après ‘bonsoir, bonsoir’ me dit :
– Vous savez, votre rosier a tombé et je l’ai accroché pendant que vous n’étiez pas là.
– Merci, c’était très gentil de votre part
– Hélas, il n’a pas tenu longtemps.
– Mon mari a essayé de l’accrocher, il y a deux semaines, mais il n’a pas réussi
– Il faudra le soutenir d’une part et de l’autre
– Il a essayé, mais il a été piqué partout et les branches pleines des roses ont tombé davantage, ils sont maintenant tout courbés comme nous le serons bientôt
– Il faudrait mettre des crochets dans le mur, je n’ai pas osé à le faire sans votre accord
– J’ai cherché quelqu’un pour nous aider, je n’ai trouvé personne, mais si...
– Restez-vous encore longtemps, cette fois-ci ? Vous êtes en vacances ?
– Nous resterons ce week-end jusqu’à mardi midi.
– Je passerai vous voir demain dans la journée. Je pourrais vous aider, le fixer
– Merci beaucoup !

C’est peu dire. Je suis soulagée, François ne devrait pas s’occuper de cet énorme rosier seul. Même tombé, ce buisson de roses devant notre maison a fleuri abondamment ce printemps, des centaines de petits roses rouges s’ouvrent chaque jour devant la maison.

Il aurait mieux fallu l’attacher pendant l’hiver, à ce moment-là, au lieu d’être tout recroquevillé sur lui-même comme une très vielle femme, il arrivait encore jusqu’à l’étage, mais nous ne nous sommes pas préoccupés sérieusement alors.

Il était tellement beau, tellement plein des fleurs l’été dernier! Un grand vent arriva, nous ne sommes venus souvent, François ne se sentait pas trop bien les derniers temps. Moi, je ne me connais pas en fleurs, je n’ai jamais réussi à les soigner, je suis juste bonne à les admirer.

Accrochés au mur ou affaissés sur eux-mêmes, je les aime, les admire, c’est tout.
2007: Hélas, ce fut la fin du rosier tel que nous le connûmes. Le jeune homme, plein du bon volonté mais ne s'y connaissant pas, a forcé les branches dans des positions que le rosier n'a pas apprécié: il n'a jamais plus refleuri comme avant.

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