Septembre 1998
François bouge, bouge, il ne s’arrête pas.
Il lit, vérifie s’il veut jeter ce journal, le parcourt page par page. Il s’agite. M’agite. Nerveux, mal à l’aise. Il prend le prochain, il en a un tas. Comment travailler, comment se détendre dans ces conditions?
Maintenant, j’entends l’eau ou lait couler, versée dans un verre. Des pas.
- Bon, alors, mais...
Une porte s’ouvrir. Non, il n’est toujours pas parti. J’entends ses pas à l’intérieur.
« Bon. » Silence. « Bon ».
Des cartons, des papiers qu’il déplace. Il devrait sortir, il n’en a pas envie. Alors, il ‘range’. Met des sacs en plastiques en sac en plastique, les déplace en réfléchissant s’il devrait les jeter vraiment. Notre appartement est plein d’emballages. Croule des emballages, papiers, revues et tout le reste.
- Il est déjà quatre heures.
- Moins quart, je réponds.
- Bon, il faut que j’aille à la banque.
Il va dans l’autre pièce.
Bon Dieu, pourquoi il ne s’en va pas !
- Aïe aïe, puis Qu’est-ce qu’il y a ? me demande-t-il.
Silence.
- Ah ! dit-il ensuite.
Je n’arrive plus à lire.
- Quoi ?
- Ils mettent le Solde en Euros sur le papier.
- Oui.
- Je croyais qu’il me reste moins.
La porte se ferme.
-Il fait froid.
-Non, il pleut, c’est tout.
-Prends un parapluie.
A-t-il pris un ? Je ne crois pas. Il est parti. Me manque.
Écrire encore cinq minutes sur le même sujet.
Quel sujet ? L’inquiétude de François ?
Depuis ce matin, il ne se sent pas à l’aise.
-Je voudrais me cacher sous le lit, m’avait-il dit.
Bien sûr, il n’y aurait pas assez de place.
-Me mettre dans un trou, ajoute-t-il, puis précise. Je ne sais que faire.
Je lui avais proposé quelques activités, rien ne lui plait aujourd’hui.
Hier, j’ai eu un mari heureux, rayonnant.
Le feuilleton « Compte de Monte Christo » version nouvelle l’a enchanté, après qu’il ne voulut pas le voir à cause du souvenir du vieux film mélodramatique avec Jean Marais. Ce n’était pas seulement Dupardieu, mais la mise en scène, les mots modernisés, les images. Un tableau de Monet prenant vie. Le jeu de tous les acteurs, cette subtile émotion qui s’y est dégagée.
Je regardais François, enchantée de voir son visage inondé de bonheur. Depuis longtemps, me disais-je.
À haute voix, j’ai seulement dit :
- C’est bon de te voir ainsi.
Il m’a répondu, me regardant :
- T’es si belle ce soir !
C’était hier.
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