En tournant vers l’église avec notre vieille bagnole, je me suis presque cogné d’une petite voiture noire.
« Arrête ! Fais place ! » s’écrie François.
Oh, mais c’est la voiture du curé. Il s’arrête et me fait des grands signes. Pourquoi ? Il veut parler à mon mari de la messe de demain.
J’étais sûre qu’il va expédier rapidement le mariage et ce n’a pas duré qu'une demi-heure et le voilà déjà disparu après avoir donné les dernières instructions à François pour demain.
Dans la cour de l’église exceptionnellement ouverte, la mariée se pavane heureuse dans sa robe blanche évasé, un large chapeau fleuri sur ses longues nattes brunes, elle appelle sa famille pour se photographier. Elle rayonne de joie... Et voilà, arrive le mari en smoking noir, une tête plus haut qu’elle, il lui tient le bras. Le chapeau à fleurs de la mariée risque de s’envoler dans le vent, il lui tient l’épaule et avec l’autre main le chapeau. Ils rient heureux.
Les membres de famille s’alignent un à un à côté, derrière les jeunes mariés. Les autres invités regardent de loin. Ils photographient, les admirent, les envient.
Un couple discute. Parlent-ils mal de mariés ? D’après leurs regards, tout est possible... Un autre couple vient de s’approcher maintenant avec un bébé, y a eu un baptême en même temps?
Un homme seul, la lèvre tombée, essaie de passer d’un groupe à l’autre ; apparemment, personne n’y fait pas attention. Ses bras se balancent, comme pour signaler son sentiment d’isolement, son désarroi.
Une jeune fille seule, elle aussi, des bras croisés, visage amer, regarde les jeunes mariés. Isolée, elle n’essaie même pas se rapprocher des autres, ni d’un groupe d’invités discutant avec entrain, ni des mariés, toujours rayonnants dans la cour, eux qui voudraient prolonger le plaisir de cet instant attendu depuis longtemps. Et probablement, l’instant craint par la jeune femme solitaire. Elle a perdu, elle n’a plus rien à espérer, je me dis.
Entre-temps, dans l’église François se met à son orgue, il prépare la messe de demain.
Je m’éloigne. Je vais au café du coin où je l’attendrai, comme d’habitude.
2007: je ne me promenais pas encore avec une appareil photo tout le temps, mais j'avais déjà, je crois l'oeil d'un photographe.
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