Butte Montmartre, à l'aube

12 mai, 1998

Ce matin je me suis réveillée à sept heures.

Exceptionnellement, je n’ai pas passé la journée au Butte Montmartre, mais avec Nadia, ma petite fille par alliance. Valérie, a mère, la fille cadet de François, m’a permis d’être sa grande mère et ainsi Nadia en a trois. L’une d’elles vis en Algérie, Nadia a hérité un peu de sa peau de pêche et de son père ses longs cheveux de jades noirs bouclés et luisants, qui lui tombent souvent dans les yeux. Ses énormes yeux marron irisé et ses longs sourcils, elle les a hérités de sa mère, une beauté de madone espagnole. L’intelligence vient de François et bien sûr aussi de ses parents.

Nous entendons fort bien, Nadia est heureuse de passer la journée avec moi.

Elle a la rougeole et ne peut pas aller à la crèche. C’est fou tout qu’elle sait déjà pour ses deux ans et demi. Valérie passait pour la bébête de la famille de cinq enfants, elle m’a raconté qu’elle le faisait expresse, pour qu’on la laisse en paix, par sa mère, son frère aîné et la secte dans laquelle ils sont tombés. Son autre frère, fils cadet de François, résistant aux pressions des membres de la secte, peut-être en était mort à douze ans ne le supportant plus, m’avait-il raconté.
***
Le matin, Montmartre est vide mais pas sans vie.

Pas de touristes encore, si tôt. Les camions livreurs passent: Picard, le laitier, le boulanger pour livrer les restaurants. Une petite voiture de voirie verte jette l’eau, les ouvriers en vert ballaient les détritus de hier soir.

Les cafés s’ouvrent les uns après les autres, les garçons sortent les chaises et les tables sur devant le café. Quelques rares passants comme moi se dépêchent vers le funiculaire qui démarre dès sept heures du matin. Le mini bus ne commence à circuler qu’à huit heures.

Les concierges sortent les ordures, les jardiniers arrosent les fleurs. Les boutiques de souvenir ouvrent leurs portes plus tard. Les peintres ne sont pas encore arrivés non plus.

Tiens, un portraitiste à l’arrêt de bus, pas loin de station de taxi, place Saint Pierre. Ou alors est-ce un flic déguisé ? Plus loin, une voiture de police passe et ralenti à côté d’un petit bus d’où l’on entend de musique. Ils ont campé là cette nuit? C’est inhabituel et interdit, mais tout le monde ne peut pas se payer un hôtel. Vont-ils les chasser? La femme prépare le petit-déjeuner.

Je dois me dépêcher si je veux être à huit heures chez Valérie. Ils attendent un garçon, tout heureux. Mon fils, que Valérie appelle ‘cousin’ vient tout juste à être engagé et trouver son premier boulot, dans la boîte où Valérie travaillait. Il n’a pas encore d’enfant. Mes trois autres petit-fils sont fort loin, nous parlons par le téléphone.

La Butte Montmartre est fait par…
Les peintres et les portraitistes
Les musiciens et les chanteurs
Les touristes étrangers et français
Les couples qui se tiennent la main
La boulangerie et la pharmacie
L’escalier devant l’église pour admirer Paris
Les restaurants et les boutiques de souvenirs
Les crêperies et l’odeur qui s’y dégage
Les flics déguisés et les gens du lieu
Le minibus et les conducteurs de bus
Les deux églises, Sacré-Cœur, Saint Pierre
Les escaliers et l’air de la colline
Les sons de musique et tous langues
L’odeur de crêpes et les couleurs des fleurs
Les pigeons roucoulants,
Les boulistes, les enfants,
Et Paris vue de haut.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

on reconnait ici,le ton de tes articles d'aujourd'hui ,-)

sophos