16 septembre 1990

J'ai beaucoup voyagé, vu du monde, appris, et pendant qu'on m’admirait énormément pour ma réussite commerciale, je me disais et je leur disais aussi puisque n’en étais convaincue « Attention, c'est seulement un hasard heureux, dû au travail et un peu de talent ! »

J'ai su très bien le faire démarrer, je n'ai pas su faire durer le succès.

Peut-être aussi à cause de Paul qui m'a leurrée, mais surtout à cause des circonstances, de la vie. C'est arrivé à d'autres pionniers aussi. Je n'étais pas de taille à lutter longtemps contre des "pro" qui le font seulement pour l'argent. Il ne me restait pas beaucoup d’argent même quand cela marchait le mieux, mais il y avait quand même plus qu’aujourd'hui. Je n'avais pas tant de soucis d'argent, comment payer mon loyer, etc. comme maintenant...

Trop de dettes de Bip se sont accumulées et je ne comprends pas bien comment. Comme d'habitude, je m’en sors. Après que les ventes ont déclinés et que ce que je croyais le bonheur avec Paul se fut avéré tromperie, j'ai écrit en 1986, ensemble avec Pierre Brandeiss, “une bonne plume française”, un livre sur PostScript, un très bon livre. L’année suivante, nous écrivons ensemble un autre livre sur HyperCard, devenu le best seller informatique de l’année 1988.

Je croyais savoir écrire. Je nageais dans le bonheur de la création.

En réalité, je sais apprendre, comprendre, en tirer l'essentiel, réarranger, regarder sous de nouveaux angles. Expliquer simplement, clairement et d’une façon utilisable. Je sais écrire d’une façon amicale, proche des autres, positive. C'est beaucoup, c'est énorme mais... ce n'est pas assez.

Il faut encore quelqu’un qui me comprenne, prend ce que je fais, le décrit dans un français agréable à lire, quelqu'un qui peut subir mes suggestions et critiques.

Depuis, j'ai eu de nombreux projets de livres tombés à l'eau, qui courent... courent, attendent que je trouve le partenaire avec qui les finir. J’ai essayé avec trois, mais pour une raison ou une autre, cela n'a pas abouti, et seule, hélas, ce n'est pas "ça", même si avec le temps mon écriture s’améliore. On verra.

Puis, à 54 ans, j'ai rencontré François!

C’est une nouvelle époque de ma vie. J’ai enfin quelqu'un qui s’intéresse vraiment à ce qui m'arrive ; qui veut être beaucoup avec moi - au début c'était même trop. Il est apparu après que j'avais renoncé déjà à être femme : “je suis trop âgée pour ça dorénavant” me disais-je. Je me rends compte que oui, j'aime la solitude, mais quand même sa tendresse c'est.. ! j’en ai besoin.

Nous sommes venus d'horizons différents, mais nous nous sommes reconnus dans une tendresse réciproque. J'ai enfin trouvé quelqu'un d’intelligent, cultivé, sachant énormément de choses. Quelqu’un curieux d'apprendre encore, plus, de nouveau et toujours - comme moi. Quelqu'un qui a l'ambition de me rendre heureuse. Et il réussit.

Puis, d'un coup, il lui arrive d'être malheureux d'un rien, que le plus souvent je ne comprends même pas et ne devine pas... fantômes du passé?

Mais ceci ne dure plus aussi longtemps que l’année dernière.

Après deux ans, et un bonheur durable de cinq mois, nous nous sommes décidés à nous marier début novembre. Par coïncidence, juste dix ans après la mort de papa, jour pour jour.

J'espère que nous saurons bâtir un NOUS heureux, la plupart du temps.
Ne pas se faire trop de mal, rendre l'autre heureux, s'aider à vivre mieux et plus pleinement ces années qui ne sont plus innombrables, qui nous restent encore dans notre vie.

Rire. Faire des folies, des souvenirs qui comptent, des câlins qui chauffent le cœur, le corps et l'âme. Des discussions qui nous enchantent. Regards chauds qui comptent tant!

PS Les petits entrées du journal, écrits au fur et à mesure paraissent comme autant de scènes, on a l’impression d’y assister. La litanie ci-dessus et trop longue description des problèmes surmontés dans ma vie me parait à la relecture ennuyeuse. La couper? l’écourter? modifier?

Je comprends la besoin de revoir ma vie, la décrire autrement, avant de sauter, mais si jamais je publie ceci, il faut l’écourter ou le faire disparaître. Je m’endors en le dictant, alors qui continuera à la lire!?

6 novembre
Je n’arrive pas à croire que demain arrive bientôt ! et que nous serons mariés.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

refaire sa vie, recroire dans un bonheur, c'est si important.
Il y a tant de parallele entre nos vies, enfin, surtout dans la facon de la ressentir ;-)

Je peux voir ce que tu ressent, car je viens de passer par là. Mais sans les cotés "méchant" que tu as tant décrit, et qui t'on fait souffrir.
Ici, c'est différent, c'est plus le refus d'un bonheur, ou plutot d'un droit au bonheur qui plombe parfois l'ambiance.
Mais petit à petit on construit et on s'en sort.
On apprend aussi à se connaitre. Et je devien tant de choses aussi parfois. Parfois trop ..pas si facile à vivre !!!!

Les enfants sont aussi une joie ... mais parfois, c'est lourd de tout gerer !

On resent cela au travers de tes lignes !

Et j'avoue ne j'amais m'etre endormie à te lire ,-))))

Sophos