18 août 1952
Aujourd’hui c’étaient les épreuves écrites à l’entrée des Grande Écoles. Le matin le roumain. Ils ont eu deux thèmes: “Les réalisations littéraires après la libération” ou l’écrivain Sadoveanu. L’après-midi a été consacré aux spécialités (chimie ou mathématique). Je suis allée à la bibliothèque. J’ai étudié.
J’aime beaucoup étudier. J’ai tellement de chagrin de ne pas pouvoir entrer à l’université, ceci me fait si mal. Il y a encore 1% d'espoir et j’essaie de m’y accrocher obstinément. Oh! que ne ferais-je pas pour pouvoir moi aussi y aller! Mais avec ma tête bête, naïve et obéissante, après qu’on m’eut dit qu’à cause de mon origine je n’avais pas le droit d’y aller, je n’ai même pas demandé mon inscription. Voilà, ce qui arrive à celui qui depuis le début ne s’oppose pas. Si j’avais demandé mon inscription et insisté à ce moment-là, peut-être aujourd’hui je serais moi aussi en train de passer des examens en même temps que les autres, comme Alina et beaucoup d’autres de mon école. Mais c'est une bonne leçon pour moi.
Dorénavant, si je veux réaliser quelque chose et que je sais que c’est juste, je ne vais pas écouter les opinions des autres, ni me laisser détourner de mon but d’un poil, j’irai parler aussi haut qu’il le faudra, jusqu’à ce que je l’obtienne.
Je suis devenue technicien chimiste mais ce n’est que mi‑chemin (mon père dit même mi-homme)!
On ne doit pas rêvasser mais agir. Cette fois c’est trop tard, hélas. J'ai tellement de chagrin.
J'ai adopté un poète de plus parmi mes préférés : François Villon (1431-1464). Son poème "Ballade au parlement" est si bien traduit !Et il a vraiment raison :
Parce que toute bête a le droit de se défendre,
seulement moi, je fermerai ma gueule ?
non je serai encore plus bête,
si je ne disais pas que je suis innocente !
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