16 avril 1953 suite


Si vous n'avez pas lu le début de mon quatrième journal, je vous annonce, que ce texte n'est que son continuation.


Je n’ai pas peur que quelqu’un le lise. D’abord, personne ne se rendra compte que ceci n’est pas un cahier d’études comme les autres, puis même si on le lit, eh bien : on verra comment je suis - ou si cela n’est pas possible, au moins comment j’étais, comment je pensais au moment où j’écrivais ces lignes.

De toute façon, après un certain temps (un mois ou des années) je montrerai mon journal à quelqu’un. Je n’arrive jamais m’enfermer longtemps. En conclusion, je ne décrirai pas les événements les plus intimes : ce ne serait pas bien si ce que j’avais écrit tomberait un jour dans les mains d’un malveillant. J’ai plusieurs amies, Alina, Tina et Claire qui ne savent pas le hongrois, à Édith et Vera je ne montrerai que les passages où je ne parle pas d’elles, et puis c’est tout.

Chaque fois ce que j’écris peut avoir deux parties : l’une, ce que je pense en général des événements (je n’ai pas honte d’eux et j’en prends la responsabilité, même si mes opinions changent après un certain temps) et l’autre, décrire ce qui est arrivé ce jour-là et ce que j’en pense. Je crains d’utiliser trop de papier et trop de crayon. Tant pis.

Bien, maintenant je raconterai la journée d’aujourd’hui.

Le fait que depuis un mois je vais à l’école des Antibiotiques, je le sais, et si je le mentionne ici c’est seulement pour quelqu’un qui un jour lira mes journaux, pour qu’il comprenne et puisse le relier avec mon dernier journal.

La dernière fois j’écrivais pendant... [l’agonie] de Staline. Je n’arrive ni à le prononcer, ni à l’écrire, je ne peux pas. Enfin, la dernière fois, j’avais écrit sur lui. Depuis, je ne suis pas arrivée à finir ce journal-là.

Un jour, je le terminerai. Peut-être, quand je serai à l’usine ou alors quand j’aurai eu des résultats dans mon travail. Ou seulement quand je deviendrai membre du Parti. Je ne crois pas le devenir, puisque, d’après moi, seulement un vrai communiste peut devenir membre, et chez moi, un communiste, un bolchevique, doit être un être très spécial, ce nom je l’accorde à très très peu.

Peut-être à Csizmadia et même à lui seulement 3/4. Bien sûr, tout cela encore très éloigné pour moi, devenir tel que je conçois que devrait être quelqu’un pour mériter ce nom. Malheureusement, il y a beaucoup de membres du parti, énormément hélas, par rapport à qui je serais nettement mieux, mais ce n’est pas l’essentiel.

J’essaie de n’utiliser que des mots hongrois, mais cela ne me réussit pas toujours, ces jours-ci je parle de plus en plus roumain. Je trouve avec difficulté le mot approprié, pourtant il en existe toujours, la langue hongroise est très riche. Je devrais l’étudier davantage.

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