Deux fois par mois, nous allons à l’église des Couperains, célèbre compositeur d’orgue et clavecin, où François joue de l’orgue. Une église avec une sonorité parfait, de partout, une musique chaud, ample, qu’il réussit à ressortir. Mon mari est devenu l’organiste de la paroisse.
Il est en train de jouer dans l’église, je suis en train d’écrire dans le café, mais nous sommes ensemble quand même. Il est toujours avec moi, je suis toujours avec lui. On se tient la main, on se donne courage.
Entre notre maison, le vieux maison de campagne, une ancienne grange, il y a plusieurs routes possibles vers l’église mais je choisis le plus souvent celui qui nous fait passer sous les platanes. Deux à trois kilomètres entourés des hauts platanes magnifiques.
De mi-printemps à mi-automne, la route est en ombre, les branches des deux côtés de la route se rejoignent, forment une voûte et nous passons dessous avec la voiture que je conduis. Comme dans une de mes rêves d’enfance, sur la route cachée par la voûte des branches et avec le prince me tenant la main.
La première fois que nous sommes passés, tout en conduisant j’ai saisi la main de François, je lui ai souri heureuse et je lui ai raconté mon rêve. Depuis, si j’oublie, c’est lui qui met sa main sur la mienne et me souri avec chaleur. Et cela dure, année après année, saison après saison.
Lentement, vers l’automne, les platanes se déshabillent l’un après l’autre. Leur tronc couvert laisse apparaitre une chaire blanche comme celle d’une jeune fille nue. Puis, les abords se colorient des feuilles rouges jaunâtres tombées par terre, volant dans le vent, et l’hiver arrive lentement. Les platanes majestueux dans le brouillard me font peur, rappellent nos âges. Mais eux, ils renaitront au printemps ! Moi… pourtant, j’ai des enfants, c’est leur printemps, c’est leur été maintenant. Et l’enfance de mes petit-fils découvrant les arbres de leur jardin pour la première fois.
Les platanes sont beaux et changeants dans chaque saison.
En traversant le chemin, je suis surprise chaque fois par leur richesse, comme je suis surprise par la richesse, les profondeurs découvertes dans mon mari. Et lui, par les miens.
Nous continuons notre chemin, ensemble, et j’espère, encore fort longtemps. Dans nous, le souvenir de nos arbres, nos rêves. Aujourd’hui retrouvés. Nous sourions l’un à l’autre, rajeunis dans l’assurance de l’amour, de compréhension.
Nous allons nous promener ensemble, découvrirons d’autres arbres qui nous attendent.
1 commentaire:
quel texte magnifique !
Enregistrer un commentaire