Chez Stéphanie

Je suis de nouveau chez Stéphanie à Mirepoix sur Tarne, cette fois pour dix jours entiers. Nous travaillons sur mon livre, elle voudrait en faire « un chef-d’œuvre », « un best-seller ». Je me rends compte de plus en plus que tout ayant un bon contenu, il manque encore beaucoup dans sa forme.

Est-ce trop touffu ?

Non, plein d’évènements, de sentiments. Stéphanie n’a pas raison : il y a assez d’action. D’après moi. Et en plus, un homme du village voisin, de trente-cinq ans y a mis son nez, ici et là, et ça l’intéressé. Il m’a dit que plusieurs des sentiments décrits, lui aussi les a ressentis, vécus. Hurrah!

Mais il y a encore beaucoup de mots utilisés trop souvent, des expressions ne sonnant pas assez bien et des phrases plates…

Stéphanie m’a même dit qu’il y a des places où tu l’as trop « tiré », il y a des trous par lesquels le bon fromage sort, s’enfuit ». Pour le moment, nous n’avons pas trouvé autre que des expressions à modifier, mais nous ne sommes qu’à mes 23 ans, même pas un tiers du début.

J’ai l’impression qu’en général, il y a avec quoi tenir le lecteur en haleine. Stéphanie et Estelle ont aimé mes descriptions d’excursion, celles qui me rasent moi d’habitude. Elle vient de me dire : enfin du mouvement, de l’action.

Devrais-je ajouter une phrase d’action ici et là?

Par exemple sur Bandi qui m’a dégoûté pour toujours à cause de la façon qu’il s’est décomposé quand nous sommes allés ensemble en excursion et comment j’ai dû le tirer, l’obliger, le prier de continuer, retourner, sinon il voulait y rester. Il avait peur d’avancer, continuer, descendre de la montagne. Son visage décomposé, son ventre sorti de sa chemise, tout être était comme en ruine prêt à abandonner. Parler un peu du père de Simon qui était en prison. De la mère d’Edith juste sortie de là (sur civière). Donner plus de « relief » à mes personnages secondaires.

Est-ce qu’il n’y a pas trop?

Comme personnages principaux, autre que moi bien sûr, il y a Poussin, Edith, Alina et Stéphanie, mes amies, et Simon, Eugène, Sandou de ma jeunesse, Pierre (trop pâle relatif à sa vraie importance), Paul, François dans la deuxième partie de ma vie. Mes parents bien sûr et mes enfants, Lionel et Agnès.

Même Alina et son mari Lica ne sont pas assez dépeints. Stéphanie non plus d’ailleurs. Pourtant elles sont si près de moi, importent tant.

Juli ! écris à ton amie Alina! Vite! L’amitié est importante. Au début, je n’ai rien écrit sur elle dans mes journaux puisqu’elle m’avait demandé l’absolu secret de tout qu’elle me racontait.

Je n’ai pas eu envie d’écrire beaucoup d’elles, mais aujourd’hui, quand je le voudrais, consciemment, je n’arrive pas non plus. Ceci me montre que la plupart de temps je n’écris pas avec ma tête mais ce que mon « âme », mon soi me dicte presque inconsciemment, je le dis avec mes mots simples et cela coule, s’échappe...

Stéphanie voudrait quelquefois que mon écriture soit plus "savante", comme "il sied à une femme cultivée, docteur ès sciences". Mais je n’ai pas un doctorat en français, ni même pas une profonde culture française. Hélas, de hongroise non plus, au moins maintenant, après tant des années. Mais mon texte hongrois est quand même la plupart du temps plus "picturale" et plus savoureux. Au moins celui de ma jeunesse. C’est aussi vrai que "les grands mots et jolies expressions" ne sont pas 'moi', ce n’est pas du tout mon style, mon être non plus : ils toueraient plutôt mon texte.

Il faudra peut-être un traducteur hongrois, un vrai, un bon, au moins l’essayer pour certains passages les plus difficiles, les plus importants, les plus cruciaux. Tiens, ça me parait une bonne idée. Même si je n’ai pas d’argent à payer pour traduire le tout, quelques pages je pourrais sans trop de difficulté. Essayer plusieurs, voir qui entre eux peut lui donner le « ton vrai» sans le trahir, en l’améliorant.

Après que la grammaire est été réparée, les répétitions enlevées, le flot établi, je pourrais aussi rechercher quelqu’un qui m’aidera avec mon « style » et m’apprendra mieux décrire, faire vivre un personnage, etc.. Même prendre quelques leçons d’écriture. Aux réseaux ou même à l’Université.

Il faut que je fasse plus d’attention à la susceptibilité de Stéphanie quand elle me fait des suggestions. Me pointer ce qui cloche est déjà énorme, je ne dois pas en plus attendre qu’elle trouve des remèdes. Elle est un grand sculpteur, un bon lecteur, elle ne peut être aussi un bon écrivain. Mais souvent, elle a proposé des bons mots de remplacement, hélas, par contre des phrases plates ou bombeuses, trop rhétoriques.


« Kristàly kéne legyen, de nem felfujt a szövegem. Azért persze, még ma is, még most is, szokszor, könyebben fejezem ki magam magyarul. Jo éjt ! »

Traduction : Le texte devrait être comme un clair comme un cristal, mais pas pompeux. Quand même, souvent je m’exprime plus facilement en hongrois… Bonne nuit !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

chacun ecrit comm eil le rescent.
Et toi, tu l'écrit avec ton coeur, tes trippes.
et tout changer adapter, ferait de ton écrit, l'écrit de quelqu'un d'autre .... quelqu'un qui t'aurait regarder, mais pas toi ....

sophos

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

Merci, effectivement, j'écris avec mes "trippes" et j'ai taché de changer le moins possible.