26 décembre 1995, Celles
Je n'arrive pas à croire qu'une année seulement s'est écoulée... et voilà de nouveau le 26 décembre, l'anniversaire de maman, l'anniversaire d’Alexandre (il a deux ans déjà!). Bien sûr, il s'est développé plus que moi cette année.
Semprun, dans son magnifique livre sur Yves Montand, raconte avec étonnement que Montand avait l'habitude de parler avec son père longtemps après sa mort. Et portant, je trouve cela normal. Je raconte, moi aussi, à maman (et à moi-même en même temps) les choses qui se sont passées, dont elle aurait été fière, heureuse. Surtout le jour de son anniversaire, c'est une bonne occasion d’être avec elle. Il y en a qui vont au cimetière, d'autres à l'église, moi, d'habitude, je lui achète pour son anniversaire des cyclamens et... je lui parle.
Ainsi je me sens bonne fille de ma mère, en méditant devant les fleurs placées sur le secrétaire, en racontant à maman ma vie, ce qui lui aurait fait plaisir, ce qui m'est arrivé depuis la dernière année, ce que j'ai réalisé et comme je me suis développée. Oui, on ne s'arrête pas, même après soixante ans, sinon on s'encrasse
Ce fut une très bonne année, maman, le début d'une nouvelle vie, ma vie après le travail régulier de quarante-deux années.
Au début, ce n'était pas facile, mais je me suis plongée dans l'écriture, la traduction, l'énorme travail de correction de mes journaux, voilà, c'est déjà presque... terminé (si on peut jamais l'affirmer) et puis le volontariat au Réseau d'Echange des Savoirs, où mon travail a encore à peine commencé.
J'étais très active au printemps jusqu'en août, puis nous sommes partis pour deux mois en Amérique chez Agnès, cette fois être avec les deux petits-fils, puisque entre temps Thomas est arrivé aussi (en juin) et ma fille avait besoin d'un coup de main. Ensuite j'ai passé dix jours avec Stéphanie, chez elle, et finalement j’ai été à la maison pour trois semaines, malade de bronchite. Et l'urgence ressentie à finir le livre.
Il y a deux jours, autre surprise : Nadia est née, la fille de Valérie et Mohand, nous allons pouvoir leur rendre visite bientôt. Elle est née en avance, mais tout va bien, dans une semaine elle sortira de la couveuse.
L'année prochaine j'aurai tant à faire!
Trouver un bon éditeur (et finir l'édition, la correction), s'activer plus sérieusement dans le Réseau et les aider en informatique. Travailler ensemble, aider Lionel à réaliser le programme que Nicole voudrait laisser à l'Université avant de quitter. Et surtout, être là, disponible, à côté de François et l'aider à réaliser, lui aussi, ce cap difficile, entre le travail régulier et la retraite, si possible aussi bien que je l'ai réussi, qu’il apprenne une nouvelle façon de vivre.
« Retraite », mais pas repos, puisque ni lui, ni moi, nous n'allons pas nous arrêter tant que nous n'y serons pas obligés, incapables de continuer à créer, à enseigner, à écrire, à raconter!
Maman, nous nous aimons, nous sommes de plus en plus heureux l'un de l'autre, nous avons même commencé à maigrir ensemble, mieux manger, et François me promet de m'amener danser pour le jour de l'an. Nous allons danser autant... que nos jambes nous le permettront.
Je n'ai pas écrit beaucoup de toi dans mes journaux (ni du passé de François), mais je sais combien je te dois, comme ton éducation libre et responsable m'aide encore aujourd'hui à faire face. Maintenant je vois ma fille continuer ce que tu as commencé, elle est une merveilleuse mère.
François est en train de jouer de l'orgue et d'un coup, je me vois à 12 ans danser pendant que tu me jouais du piano.
Nous nous aimions et apprécions, comme nous le faisons aujourd'hui avec François. Oh, qu'il te plairait! Mon père aura été content aussi de lui, parce qu'il me fait rire, danser, promener... vivre.
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