Mon fils est née, il y a trente ans. Que de joies j’ai eu avec lui !
Et comme j’étais malheureuse, il y a trente ans, mon mari trouva dès lors un prétexte ne plus dormir à côté de moi. « Le bébé me réveille », d’abord, puis « Je dois aller au milieu de nuit au moulin, je ne veux pas te réveiller. » Je me sens plus jeune qu’alors, malgré mon âge double.
Je sais que François sera bientôt près de moi, et demain il me dira de nouveau : « Que c’est bon de dormir, de se réveiller, de vivre à côté de toi! »
Hier nuit, pendant que François dormait à mes côtés, je me suis rendu compte que j’avais écrit dans mon journal en Hongrois, Français, Anglais, pratiquement rien en Roumain. Et quelquefois, je pense avec des mots mélangés, les uns avec les autres, mais de plus en plus en français.
Je me suis rappelée de l’Organisation de Jeunesse Communiste : après l’arrestation de mon père, ils m’ont exclue et ont même réussi à me faire sentir coupable. Pourtant, ni lui, ni moi, n’avons fait que du bon travail.
Je ne me laisse plus aussi facilement influencée, même si quelquefois cela arriva par la suite avant de me réveiller : «Qu’es-je fait au juste? Pourquoi veulent-ils me faire ressentir ainsi?»
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