août 1995
Le goût et l’odeur de Thomas bébé, son visage tout près de moi. Le goût des tomates fraîches. Savourer les fraises de bois.
Goûter. J’aime voir le visage de François quand il voudrait encore un peu de quelque chose que nous sommes en train de manger, son visage avide mais précieux. Il ne demande pas, il ne te regarde pas : il regarde les avants derniers morceaux. Et comme il est reconnaissant quand on le comprend et le lui offre. Quelquefois, il me laisse aussi, sinon il l’avale avec une avidité, rapidité ! Quelque part en lui sont restés gravés, les souvenirs des années « sans », quand il avait treize à quinze ans et il grandissait après guerre dans l’internat. Relativement à lui, finalement, je n’ai pas beaucoup manquée, mes parents ont toujours pensé d’abord à moi (au moins, jusqu’à ce que maman vivait).
Le saveur d’une pluie d’été, le saveur enivrant des baisers de François, m’ont profondément touchés, tout comme le toucher léger de ses doigts.
Goûter ensemble le bonheur familial, le rire et les pleurs, les jeux des bébés pendant longtemps, il n’a pas de patience.
Je m’exerce après les suggestions dans des livres : à quoi cela servira-t-il ?
Une semaine plus tard
Avec un enfant, on doit être toujours disponible, ne pas s’absorber en quelque chose d’autre. Mais que des choses ils m’ont offert tous les deux ! Des sourires et regards magnifiques, leur développement formidable de jour en jour. Oui, c’est fatigant quelquefois, mais le vaut tellement ! Agnès, épuisée quelquefois, quel éclat est a gagné grâce à eux, ses fils qu’elle gâte, cajole, élève, habille, endort. La présence des deux, la visite de Lionel, qui c’est peut-être même ma façon de…
Elle vient de me descendre les deux garçons. Alexandre a mangé un peu et il joue, le bébé de deux mois dort sur mon épaule gauche, me permet à écrire. Réfléchir aussi. Thomas bébé tout chaud, son corps sur moi, sa tête sur l’épaule, sa main gauche m’embrassant, il dort de plus en plus profondément. La façon que ma fille élève ses enfants n’est ni plus ni moins bonne que la mienne, mais différent. Pourtant, moi aussi j’avais tenu Agnès dans mes bras après que je l’allaitais. Mais après, elle était sur le lit, je ne la tenais pas autant sur le bras qu’elle le fait avec son bébé. Dans mes bras, pour cajoler, manger, mais pas pour dormir, vivre dessus.
J’ai demandé à Agnès de m’apporter la corbeille de bébé, mais elle est partie faire une douche avec Alexandre, je suis restée avec Thomas dormant sur mon épaule. Je n’ose pas le reposer sur le divan « S’il se réveille », je ne veux pas être mauvaise grand mère, mère. Encore dix jours, puis de nouveaux je ne les verrai plus longtemps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire