28 novembre 1975

Comme si ce n’était pas une semaine qui s’était passée depuis, mais une année ! Tout me paraît si lointain d’un coup. Mais je ne devrais plus penser au passé, même si c’est resté un joli souvenir, mais vivre dans le présent. Pas dans le futur, non plus.

Au moins, à cette occasion, j'ai rompu définitivement avec Sandou.

Après ceci, c'est plus facile d’être gentil avec lui et le regarder avec bienveillance et pas avoir peur que je pourrais lui succomber encore. Tant que je sentais que tout n'était pas rompu entre nous, j'étais franchement désagréable, je le craignais, il se promenait devant moi presque nu dans l’appartement (il n’avait pas encore déménagé) et je le fuyais tant que je pouvais. Dorénavant tout cela s'est envolé, emporté par le vent (avec les souvenirs de cette merveilleuse soirée et nuit.)

Je sens encore mieux la raison de mon divorce : la vie m'apporterait encore quelque chose, sinon elle n'aurait plus rien apporté d’agréable. Du point de vue des sentiments, ma vie était sèche.

Je ne suis pas celle qui, quand elle s'aperçoit, qu’on n’a plus rien à faire, attend quand même et se contente même des morceaux jetés par terre ! Et quand, même les morceaux n'arrivent plus ! S’il ne peut être heureux avec toi, s’il ne peut te donner même autant de gentillesse qu’à une inconnue qu’on rencontre pour quelques heures…

Mais savait-il en donner autant ? Ne l'ai-je pas choisi neutre, pour que je puisse m'en séparer s’il le fallait ? pour ne jamais souffrir comme ma mère ? Ce n'est pas si étonnant ce qui m’arrive, finalement je n'ai eu que ce que j'ai semé. Mais je l'ai aimé pourtant longtemps : aujourd'hui c’est vraiment fini, tout à fait fini ! Il y a quelques semaines, je me disais encore 'il me montre son beau corps bronzé et athlétique comme un gigolo'. Hier soir, il m'a dégoûté, je me sentais mal physiquement en l’apercevant presque nu.

Tous les hommes ne vont pas être aussi parfaits qu’Ab, mais je connaîtrai d’autres, pourquoi pas, et surtout, de nouveaux univers, autres vies et pensées divers. Les hommes sont différents, même s’ils se ressemblent par ailleurs.

Je commence à croire vraiment qu’il y a encore quelqu’un quelque part qui peut me plaire. Mais bien sûr, il ne faudrait pas me cacher dans mon trou et attendre qu'il vienne me trouver là-bas, (ne pas attendre que ça tombe tout cuit dans la bouche, comme dit un proverbe Hongrois). Sortir autant que possible, rechercher de la compagnie, circuler.

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