23 octobre 75

De jeudi à vendredi, j'avais enfin écrit la lettre après tant d’années de silence. Ce n’était d’ailleurs pas un lettre, mais un récit avec suites. J’y ai mis mon cœur, mon âme, comme s’ils étaient partis en même temps que ma lettre. Je me sens vidée de mon amour, mon enthousiasme et mes flammes passées. Ils se sont envolés et je suis restée ici, fatiguée, et vide.

C'est ainsi que la femme écrivain avec qui je corresponds doit se sentir chaque fois que son nouveau roman est fini et envoyé, un récit dans lequel elle a mis tout, trop de soi.

Avec le temps qui passe, je deviens plus fatiguée, et étant épuisée je deviens plus faible.

Je devrais le rencontrer. Au moins, une fois. Je l’appellerai. Ou à la fin de la semaine prochaine je devrais aller en excursion lui rendre visite, le voir à Ham. Même si ce serait un peu "fictif", forcé et sans la flamme d’antan (même préférable), au moins notre rencontre me donnerait un peu du courage et de la force pour résister encore quelques semaines.

J'ai vraiment une seule envie : dormir, dormir et que je le puisse, qu'on me laisse. Mais le soir est encore loin et je dois encore faire tant.


Il s'agit de lettre et rencontrer Pierre avec qui je n'avais plus eu aucun contact depuis mon départ de Ham, plus de cinq ans. Mais il était toujours dans mes rêves.

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