1er janvier 2003, 8 h du matin
Bonjour nouvelle année !
Nouvelle page dans mon journal, et, dans ma vie.
Bientôt, je ferai un bain, je laverai les dernières années de ma vie de moi, Complètement. Pour commencer cette année sans leurs poids. Me débarrasser, symboliquement aussi, des ennuis de divorce, des amertumes et des déceptions.
Bonne année Anyuka (maman), bonne année Julika, j’ai dit dès le réveil en caressant le bois laqué, et bien nettoyé dorénavant, du secrétaire, en passant près de lui.
Je passe pas mal de temps ces jours-ci avec maman, pour cet anniversaire, c’est mon cadeau pour elle à la place de cyclamen. Mes premières années y prennent vie, avec joie et aussi le cœur serré, et m’aident non seulement de comprendre, montrer l’âme chaude de maman, mais aussi mieux comprendre mes agissements et moi.
Ce matin, je me suis fait de nouveau le petit déjeuner sur un plateau : café, pain grillé, jambon, beurre et mandarines, pour fêter la nouvelle année et je me le suis apporté à mon lit… je l’ai pris comme le consommait grand-père.
Le toast qu’il n’a pas voulu me passer, je le mange chaque matin.
La chaleur et l’amitié que mon grand père m’avait offerte, je m’en baigne encore. Je me souviens de pleines de choses non écrites dans le cahier de ma mère, moi, qui croyais rien savoir d’avant mes six ans.
Oui, j’adorais aussi être avec les autres. Paradis de grande famille dont la guerre m’a jeté dehors.
Oui, j’aimais me produire, je n’étais pas toujours cette fillette timide que je suis devenue plus tard. « On ne savait même pas que tu étais là » me dit Alina sur nos quinze ans, ensemble dans la classe.
À chaque âge, dit un livre sur les traits de personnalités, à chaque époque de la vie, un autre trait de tempérament surgit à la surface. D’après eux, gymnaste très bon à mes débuts, donnant priorité à la réflexion et analyse ensuite, aux sens et émotions après les vingt-cinq ans, et oui, au plaisir d’écrire et imaginer et généraliser, après cinquante ans. C’est vrai, à peu près. Il aide à comprendre aussi un peu mieux le passé.
Mais parlons plutôt de l’avenir.
Je souhaite, cette année, être beaucoup plus dans le monde et avec d’autres. Discuter. Échanger. Des écrits, des expériences, d’intérêts communs.
L’année dernière, commencé avec la lettre pleine de venin du mari séparé, continué avec mes dernières lettres pour obtenir encore au moins certains de mes affaires, puis, enfin, le divorce prononcé et, puis inscrit sur les registres, le procès sur le logement (hélas, pas encore résolu), le remariage hâtif de mon ex (enfin ex !) une solitude me pesant de plus en plus.
Peut-être, je pourrais le rompre à travers cette association, mon journal déposé, les Mémoires et Autobiographies des autres à lire, sinon, j’irai rencontrer ailleurs des êtres me ressemblant. Un peu plus que mes voisins, sinon sympa.
Je travaille davantage depuis la réunion APA m’ayant motivé, mais je sors, sortirai plus. Beaucoup plus. Je n’ai plus devant moi les échéances des «Signerait‑il? Quand?» ni l’attente d’être convoquée devant le juge. Fini, chapitre, livre, période terminé.
Cette année doit être le début du prochain, celle pour écrire (et vivre).
Une énième vie nouvelle.
Voilà Julika, le reste ne dépend que des circonstances et de TOI. J’irai après-demain chez le chirurgien, si je ne survivais pas, j’ai vécu une vie pleine et je laisse derrière moi deux enfants, cinq petits-enfants – et mes écrits. Sinon, je pourrais même voir encore les gosses se marier et mes petits petits-enfants, comme ma tante, mon oncle et Paula, mon propre arrière grand-mère. Comme le sort le voudra.
Remplie de bonheur ou d’amertume, des plaisirs, enthousiasmes et déceptions, au moins j’ai vécu et je vivrai. Tout est possible. Sans craindre les autres et me cacher dans un trou (sauf, provisoirement, de temps en temps, d’accord.)
Bonne année, Julika, bonne année mon journal et, bonne année à tous que je rencontrerai cette année qui est déjà là.
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