1er octobre 2002

Bel automne, magnifiques dahlias, que c’est bon d’avoir un petit jardin à soi !

Bientôt, j’irai à l’Université pour trouver deux articles qu’Alina a besoin en Roumanie et à cinq heures, puis à rencontrer, mon oncle et ma tante, il a 95 déjà. Demain, journée chargé aussi, avec un spectacle le soir et l’avocat l’après-midi.

Je viens de lire un très bon livre. Encore une preuve qu’on ne peut pas mettre tout dans le terme Romance ou roman à quatre sous. C’est d’ailleurs la plus éloigné possible. Amusant, et pourtant fort sérieux en propos, osé et moderne.

Le roman commence comme un livre policier classique.

Une femme veut devenir secrétaire d’un bureau de détectives, la pièce est usée et sale. La femme et le détective passés la quarantaine. Elle est grise, trop maigre, cheveux tirés et sans éclat ; lui est sombre, fatigué, ennuyé. Pas les héros habituels : belle jeune fille (l’âge va de plus en plus autour de trente ans à la place d’avant 20 comme avant) et beau garçon attirant. En plus, toutes les autres femmes du roman sont mariées ou vivent depuis longtemps avec quelqu’un.

Les personnages secondaires, hommes et femmes sont aussi bien décrits, vivent. Et personne, presque, n’est pas «tout à fait bon ou tout méchant.» Même pas l’ex. D’ailleurs, la seule critique que je pourrais faire est que le vilain est presque inexistant du texte, il tue et continue, mais il n’a pas l’existence, consistance des autres.

Le livre décrit, et on le vit, la difficile période d’après divorce.

Deux années de flottement, deux années pour se chercher, ne pas s’attacher attention : cela ne durera pas maintenant. « Pourrais-je attendre la fin de cette période pour que je compte pour elle » ? se demande finalement le héros. Si on considère la date de divorce, il n’a pas pu attendre, mais en comptant de la séparation - et c’est de cela qu’il s’agit pour les deux ans - il a attendu assez pour la prendre.

Le livre parle aussi de la difficulté de vivre ensemble, travailler ensemble, d’un manipulant et l’autre faible. Ou deux êtres forts, actifs. La sagesse d’un homme, Don Joan en apparence, épris en fait depuis sa jeunesse d’une jeune femme d’un autre, plus âgé qu’elle de vingt-cinq ans, que l’homme âgé, mari, tient en cage « doré » autant qu’il peut, le regardant même après quinze ans comme la jeune poupée. Il y a dedans aussi l’amour des jeunes (fille du héros et fils de l’héroïne), le conseil des parents et oui, c’est un livre fort riche, à relire d’ailleurs plusieurs fois. Et pas du tout moral ancien.

Non seulement le héros couche au début avec son ex-femme, mais l’héroïne renaît de ses cendres et devient attirant à partir d’une aventure d’une nuit avec le cousin du héros, le Don Juan comprenant qu’elle en a besoin comme l’air pour reprendre confiance dans le futur, et en elle comme encore femme. Et le héros, l’accepter par la suite, pas heureux du fait, mais sans condamner.

Un baiser entre deux femmes ? Non, oui. Non, ce n’est pas la solution! On l’évoque pourtant, puis on l’écarte. Des séparations et d’autres divorces. La femme qui veut travailler et lutte pour le droit de le faire. L’autre qui ne se laisse plus enfermer dans une boite et montre ses compétences. Des règles qu’on essaie d’imposer, puis on passe outre. De lutte de pouvoir : qui command, qui décide? Devrais-je te manipuler et faire semblant comme avec l’autre que c’est toi qui décides? Faire pourrir notre relation? Ne pas imposer, pas forcer, pour ne pas te donner des doutes futurs, de semences de discordes? Comment résoudre?

L’auteur a mis tellement dans un seul livre !

Et sans aucune scène « graphique » de sexe, on les imagine se roulant sur le lit, plus incandescent qu’aucune description détaillée pourrait être. L’amitié entre trois femmes est aussi fort bien décrite et l’importance de certains objets pour chacun. L’importance de travailler et ne pas rester à la maison, se développer.

Les personnages auxquels on donne de plus en plus de profondeur, de vie et d’attrait. Tout qu’un grain de sable bougé peut provoquer (son envie à elle de nettoyer le bureau décrépit). C’est un livre fort riche, malgré son titre: Fast women, par Jennifer Crusie.

Je l’ai acheté malgré son titre. Mais non, elles ne sont pas des Femmes faciles, juste des femmes normales avec leurs problèmes, pleins de la vie réelle.

Je me suis laissée encore allée et commandé des livres pour 120 euros. D’elle, et puis de l’auteur ayant inspiré son livre écrivant sur le divorce, et ses amies - auteurs l’ayant encouragée. Peut-être, comprendrai-je aussi mieux mes premières années en Amérique après mon premier divorce, cette nécessité de se prouver qu’on est encore femme. Réfléchir, comprendre mieux ma vie et ses divers périodes c’est aussi mieux comprendre la vie en général.

Le tout est qu’à la fin, ça soit lisible et intéressant et pas trop touffu, ennuyeux. Je sors de l’ombre des périodes, je les décris tel qu’elles viennent, c’est bien, sinon, ils pourraient retomber au fond de l’océan de mémoire ; mais ensuite, il faudrait, il faut, changer, réviser, le faire vivre, le rendre intéressant.

Aurais-je le temps de terminer ?

Le temps de gestation paraît fort long. Mais nécessaire. J’ai appris pas mal ses dernières années. En écriture, en français. Sur la vie ?

Avec le temps, on va de plus en plus en profondeur d’un côté, on ajoute des touches légères aussi pour rendre le texte plus vivant.

***

Le procès me pèse. Un triangle. En fait, le propriétaire contre nous. En réalité, qui entre « nous » est le responsable? Qui va payer et combien? Pour le loyer, c’est clair, à la fin, il sera François, il aurait dû payer dès le début. On l’a persuadé de ne pas le faire ? Mais pour la remise à l’état de l’appartement, c’est plus dur, surtout qu’aucun n’était pas présent au constat, chacun se disant que c’est à l’autre d’aller.

C’est lui qui l’a quitté, dis-je.

« C’est elle qui a le bail, dit-il. »

Alors, ils ont mis dans le constat n’importe quoi et pire, n’ont pas mis que le sol de l’entrée est pourri de profondeur. Je n’ai pas hélas conservé une copie de mes nombreuses complaintes, ni ses promesses de réparation jamais matérialisées.

Bon, on verra. Je ferai ce que je pourrais.

Je lutterai de toutes mes forces pour éloigner le « spectre » de mon esprit conscient, de ne pas le laisser trop peser sur mes épaules, m’empêcher encore de vivre la nouvelle vie en joie.

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