Traduisant le journal de maman (sur moi bébé), je revis l’époque et certaines images reviennent très clairement dans ma mémoire consciente, des choses non décrits par elle surgissent clairement. J’avais seulement deux ans et longtemps je me suis dit que je ne me rappelle de rien aussi lointaine.
Je me rappelle la forme ronde de pataugeoire du jardin de mes grand parents et le goût de l’eau (sale) que j’aimais boire et même que finalement, puisque je m’obstinais à continuer à y boire (dont maman parle), grand-père a ordonné et on l’a vidé d’eau (elle n’en parle pas) et même de ma tristesse et révolte un matin la découvrant vide. Je me souviens du long corps bronzé et musclé de mon oncle Alexandre, quand nous l’avons caché de sable humide et notre joie voyant lentement disparaître ses membres suite au fruit de notre travail et lui, dont d’habitude nous avions peur, se laisser faire. Je me vois, accouple, manger de framboises et fraises du jardin que ma grand-mère nous permettait, et toutes les fleurs et odeurs de son jardin.
J’ai planté des gueules de loup récemment dans le mien, en souvenir.
Un jour, nous nous sommes caché sous la table de ping-pong avec ma cousine Suzanne, nous abritant de la pluie, c’était mon idée, pourtant elle avait deux ans plus que moi. Je croyais que c’était passé plus tard, mais je me souviens de grand-père et son petit déjeuner sacré qu’il ne partageait jamais, mais aussi de notre complicité. J’ai dû être, probablement, le seul n’ayant pas peur de lui, peut-être à cause de cela il m’accepta autant.
Je me souvenais – d’où est-ce ?— que maman n’aimait pas les câlines et elle en était en réalité, d’après le journal, complètement assoiffée. Aussi jalouse de ceux entre moi et papa. Peut-être, ne recevant pas assez de lui.
Je comprends mieux le sentiment de « paradis perdu » ressenti après la guerre, après cette vie d’été intense en grande famille, en haut et pieds nus. Tous ensemble. J’étais peut-être enfant unique et habitué à jouer seule dans ma chambre pendant des heures – et j’apprécie toujours la solitude – mais j’adorais jouer avec les cousins et cousines et d’autres enfants arrivant dans le grand jardin en haut du colline.
J’aime toujours être avec les gens. Qui m’acceptent. Quand je sens «appartenir».
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