21 juillet 1989

De nouveau et de nouveau il se confirme que j'ai des enfants extraordinaires qui m'aiment énormément et intelligemment.

Prendre des vacances, prendre du bon temps, s'amuser c'est quoi ? Différent pour chacun. Surtout, faire ce qu'on AIME.

Moi, j'aime JOUER et CRÉER avec l'ordinateur, écrire, tester sur le Mac, essayer, expérimenter. Avant, ma grande passion était de LIRE des romans ou pièces de théâtre. M'imaginer dans une autre vie.

J'aime aussi nager, mais seulement si je peux le faire tranquillement, sans que cela soit associé aux conflits, collusions possibles ou crainte qu'on me saute dessus.

J'aime faire l'amour, quand envie, amitié, amour, tendresse, partage viennent des deux côtés. J'aime converser, tant que ce n'est pas générateur de conflits, de blessures personnelles. J'aime aider, tant que cela ne me coûte pas trop, en renonciation de ma personnalité, de ma propre valeur.

Puis-je vivre longtemps encore dans cette tension ? Non.

Je suis assez forte, mais je ne résiste pas bien à cela et je déteste les mauvaises surprises, changements d'humeur.

Je suis à La Celles avec mon fils sortant de l’armée, chez François, à la campagne. Dans SA maison. On travaille sur SON ordinateur et il a l'impression - fausse d'après moi - que nous mangeons sur ses deniers. Qu'on achète des choses, qu'on jette, qu'on néglige, qu'on ne les ESTIME pas assez. En plus, que nous ne sommes pas de VRAIS ou BONS Français. Qu'on ne prononce pas pour que "TOUT le monde" comprenne ; que je n'écris pas comme "Tout le Monde", que je ne conçois pas qu'on ne doit pas faire ÇA, qu'on DOIT faire Cela. Que je vois les choses sous un angle différent.

J'en ai assez, j'en ai marre, cela commence à déborder.

C'est bien d'être ensemble, mais il y a une limite au prix qu'on peut payer pour chaque chose, au-delà de laquelle elle ne vaut plus son prix, devient trop chère.

Je suis si triste. Encore une fois un futur dans lequel j'ai cru s'écroule, est en train de couler. Je suis chaque fois trop naïve, pas assez réaliste.

Être accepté, est-ce un mythe ? Accepter quelqu'un, d'accord, mais jusqu'où nous accepte-t-il ? moi, et mes enfants, qui sommes une entité. Ce que je ne peux pas accepter c'est de ne pas être acceptée. Est-ce trop demander ?

Je ne me suis jamais senti autant étrangère.

Je me suis toujours dit que les gens incultes, bas et méchants peuvent me reprocher ma différence (accent, comportement, écriture) mais j’avais vu cela jusqu'à aujourd’hui uniquement comme de petites mesquineries d’êtres faibles. Les gens forts, intelligents, ont vu et découvert en moi mes qualités de cœur, d’âme, d'intelligence, de pénétration et compréhension - le reste étant des détails. C'est vraiment comme cela qu'ils me voyaient, je le crois. Bien sûr, quand cela leur convient, quand ils n'avaient pas d’autre arme pour se défendre contre moi, ils pouvaient utiliser ma façon de prononcer ou, d'écrire - mais seulement quand ils deviennent trop faibles par rapport à la force de mon intelligence. Et ils avaient soin de ne pas trop le montrer.

Je vivais, peut-être comme François me l'avait fait remarquer une fois, sur une île à moi, mais entourée de VRAIES amies, pour qui et entre lesquelles je ne suis pas une étrangère. île où je me sentais bien, en sécurité, aimée et appréciée. À Montmartre, dans mon nid, havre de paix, calme, tranquillité, chaleur et création. Cette force de la nature qu'est François est venue et l'a perturbée. Je me suis laissé perturber, arracher de mon nid tranquille, parce qu’aussi bon que cela puisse être, ma solitude me pesait déjà, mes amies étaient loin et moi je suis quand même une femme de tempérament.

J'ai risqué - les yeux ouverts - je n'ai pas négligé Bip mais momentanément ma création, isolement, sécurité, équilibre.

Il m'avait revalorisée comme femme, être humain - pendant un temps. Je pouvais VRAIMENT communiquer avec lui, j’étais avec quelqu'un qui avait vraiment besoin de moi, qui se souciait de ce qui se passait et, j'avais l'impression d’avoir quelqu’un sur qui on pouvait compter. Je lui ai amélioré sa confiance en lui et démontré qu’il avait quelqu'un sur qui on pouvait compter près de lui.

On essayait de réaliser ce que chacun de nous voulait en s'entre aidant, en se conseillant de notre mieux.

Je commençais à croire à la réalisation de mon rêve, mon besoin d'avoir enfin un HOMME, un mari qui m'accepte TELLE que je suis. Ce qui me fait si mal, c'est que je me suis leurrée en croyant qu'il m'avait acceptée, entourée, aimée, estimée, adorée - telle que j’étais.

Pendant une année, oui, peut-être. Puis est venu ce qui vient inévitablement : les hommes s'habituent aux bonnes choses, les trouvent normales, même moins intéressantes ou attirantes, et n'y attachent plus assez de valeur. Je dis “assez“ parce que, lorsqu'on se sépare et qu’ils restent seuls - ou avec d'autres femmes - ils se souviennent, regrettent et cela leur manque.

Après un temps, à cause de leur passion éphémère, la lutte leur manque. Je ne sais pas être assez coquette, froide pour les tenir tout le temps sur le "qui-vive", (en chaud puis froid), je n'aime pas ça, je me refroidis et ça me dégoûte rapidement. François m’a pourtant dit que lui, ne veut pas, n'a pas besoin de ça, mais plutôt de sécurité, d'amour. Cela je le lui ai donné, c'est ce que je sais donner. Mais cela ne suffit pas. Aide, conseils, amitié, compréhension, abandon ne suffisent pas.

Les hommes ont ce besoin de dégrader, d'abaisser, de me faire sentir que je ne suis pas assez bien.

Sandou me faisait sentir vieille à 33 ans déjà ! puis à mes 42 ans encore - en courant après des femmes de 20 ans et en disant “nous sommes trop vieux pour ceci ou cela” et “tu es aigrie ! ”

Paul regrettait que je ne sois pas assez élégante, coquette "16e". Il n'a pas réussi à me donner des complexes parce que je l'ai trop peu estimé. Ce qui m'a heurtée relativement à lui, était surtout que moi je l'aie si mal jugé et chassé de moi la première mauvaise impression. Je me l’ai pardonné, avec le temps. Parce que je l'ai aimé beaucoup et c'est merveilleux de faire des choses avec quelqu'un qu'on croit aimer même si ce n'est que momentanément.

Faire des folies passagères dans la vie c'est admissible, si cela ne vous coûte pas trop, et Paul ne m'a pas coûté autre chose que trop d'argent. Et qu'est-ce que c'est que l'argent dans la vie? Une chose secondaire, tant qu'on n'est pas malade, malheureux, qu'on a un toit et du pain. Le tout est de ne pas SE perdre! De ne pas se sentir inférieur, mal dans sa peau!

François se sent mal dans sa peau et probablement à cause de ça il accuse les autres. C'est son éducation ou sa nature. C'est son malheur relativement à son entourage. Il blesse, provoque et je crois même, qu'il aime ça. Tant qu'il ne l’exerçait pas sur moi, ceci ne me dérangeait pas trop. Je lui avais expliqué que ce comportement ne l'aidait pas à être accepté, à réussir ce qu'il désire, mais c'était son affaire. Par contre quand il commence à me blesser, moi, c'est déjà mon affaire.

Je dois réfléchir vite et sérieusement et ne pas me laisser diminuer. Par quelqu'un qui VAUT quelque chose, c'est beaucoup plus blessant et plus grave.

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