20 septembre 1989

François est ravi : il a du succès avec ses articles dans les revues Hyper Mac et Science et Vie Mac, il recommence à être bien perçu à l'Université et ses cours vont bien. Depuis que je suis avec lui, il a fait des progrès considérables : il recommence à réaliser son potentiel. Il finit des choses. Il est apprécié. Il m'a dit 20 fois ce matin : "je t'aime". Puis, j'ai parlé de mon article qui n'a pas été publié...

Maintenant il s'agit de voir, moi, suis-je ravie?

François m'a empêché depuis deux ans d’écrire MON livre, en disant qu'il m'aiderait... Tombé à l’eau...

Depuis que j'ai commencé à écrire seule, il me critique après coup, et même avant de finir de le lire entièrement. Il ne me parle que de mes fautes de français... à tous les mots… d’après lui. Il ne parle pas, ne commente pas le contenu de ce que j’ai écrit.

Au travail, ça ne va pas mieux. La faute n'est pas la sienne, c’est la mienne, mais la façon qu'il croit que je devrais agir ne marche pas et moi, j'ai perdu le goût de le continuer à "ma façon". Quand je le fais d’après mes idées, je réussis : pour preuve, l'entrevue d’hier et les nombreux renseignements que j'en ai tirés. Mon contact avec les autres reste bon, mais je voudrais retrouver aussi mes succès créatifs.

Pourrais-je réaliser le livre avec l’aide de… qui ?

Heureusement j'aime François, je l'admire et il est tendre, génial et talentueux. Mais il faut que moi aussi je réussisse quelque chose. En plus de l'aider, lui. Je ressens comme une réussite, je suis heureuse et fière quand il réussit mieux qu'avant. Il avait tellement des possibilités cachées, inutilisées, elles fleurissent de plus en plus et elles nous font plaisir. C'est merveilleux. Il s'agit dorénavant de trouver comment je peux fleurir moi aussi.

Paul m'admirait, me donnant la dose de confiance dont j'avais besoin. Avec le succès de Bip j'avais aussi des vibrations positives de plusieurs côtés, mais ensuite tous s'y sont trop appuyés. Je disparaissais dans tout ça et c'est la société Bip qui menait, exigeait, toujours davantage. Elle devenait trop lourde à porter. Je devais me distancier, redevenir moi.

Il s'agit de voir ce que je ferai avec « moi » ?

Agnès arrive bientôt. Espérons qu'un jour elle aussi trouvera un père pour ses futurs enfants, un compagnon. Lionel réussira, il est en bonne voie. François brillera de nouveau et mieux que jamais en réalisant ses vieux rêves enfouis et m'aimera encore, j'espère... longtemps. Mais il est un homme. Un homme réel, complexe et pour nous, femmes, quelquefois difficile à saisir. Pourquoi a-t-on mis tellement de diversité, de complexité dans chacun de nous ?

Je sens que je dois me trouver un domaine réservé, à moi. Le cultiver seule. Le réussir, m'en réjouir.

Et hélas, aussi gagner ma vie. François dit qu'il est mon mari ; mais il dit aussi qu'il n’est pas capable, ou prêt à supporter les frais financiers. Sandou voulait que je ne travaille pas, François veut que je gagne de l'argent. Pour moi et pour mes enfants bien sûr aussi. Le fait de l'aider à en gagner plus qu’avant, et l'aider à en dépenser beaucoup moins qu'avant, ne lui suffit pas. De toute façon, c'est mieux d'être indépendant.

Il faut me rappeler de ne pas l'affoler, alors il devient catastrophé et s'arrête de penser logiquement.

Je fuis les problèmes? comme il me le dit. J'attends plutôt qu'ils se décantent, qu'on trouve une solution, que l'idée arrive...

Hier, j'ai été malade comme une chienne. Aujourd'hui je me repose, je me gâte. Ensuite, j'aurai encore plus d'énergie.

Nos qualités, nos défauts ne sont pas les mêmes. Mais il faut les voir, les constater avec les yeux ouverts. Et être plus indulgent l'un avec l'autre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai l'impression qu'il puise en toi ses propres succés. Tu le dis d'ailleurs, que depuis qu'il est avec toi, il est plus brillant, mieux.
Il puise en toi son énergie ... la tienne ?

Et toi, dans tout cela .... tu es ou ? Perdue, servant juste à le "doper" .... et maintenant, il faut que tu gagne des sous ... plus ....

Il faut vraiment que tu penses à toi, que tu écrirves pour toi !
Tu es devenue "null" depuis que tu es avec lui ?
Pourtant, tu as eu des succés ... tu n'as pas changer ta faconde faire, c'est lui qui mine ta confiance, qui refuse de voir que toi aussi, tu peux réussir, que tu as déjà réussi sans lui, avant !
Et qu e tu peux encore le fair .... mais oui, mais lui, ne sera plus le "plus" ....

Sophos qui comprend comment cela a du être dur de te cahcer, de t'oublier....

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

Je sentais ainsi sur le moment, c'est tout dire, n'oublie pas (c'est bien que tu le fais de temps en temps) que c'est un journal, publié en feuilleton, reflétant ce que je sentais pendant que j'écrivais)

Tes remarques me font d'ailleurs penser, réfléchir et j'espère que les autres qui me liront le feront aussi et liront ce que tu as écrit.

C'est vrai, j'avais lu plus tard, après ma séparation de lui, qu'il y a des gens qui d'un façon s'accrochent aux femmes fortes et sifonnent leur force.