Le jour "j"

29 mai 2002, 8 h et demi le matin

Encore une fois, dans un café.

Devant moi un express, un verre d’eau et un croissant. En quelques heures (et je viens de toucher la table de bois devant moi) je sortirai du Tribunal comme Kertesz.

'Savoyard', c’est fini.

Pourtant ce nom me plaisait et c’était facile s’en souvenir. Une chose de plus que je dois laisser aller.

Hier, dans mon cauchemar, je visitais un énorme appartement ayant jadis appartenu à mon ex, décédé dans mon rêve. Je me suis réveillée agitée. Je ne veux pas, je crains sa mort.

Je crains surtout ce qu’on fera de lui, une fois tout à fait qu’il se mettra dans la main de cette sorcière. D. dit «Il a fait son lit», oui, mais sait-il ce qui l’attend sous les draps? J’espère, tout ne se réalisera pas.

Je me libère, et en même temps j’ai l’impression de l’abandonner. À 70 ans passés, il devrait être pourtant majeur. Et responsable de sa propre vie.

J’avais eu, lors notre divorce, le même sentiment avec Sandou, pourtant il s’était bien débrouillé une fois que j’ai parti travailler en Amérique, et comme pour Sandou, je ne suis pas responsable de la vie d’un autre. A sa question tant répété : 'pourquoi tu me quittes?'; je répondrais maintenant «Parce que tu l’as voulu! Tu avais l’impression, les derniers temps que je ne te laissait plus ‘vivre’ comme tu le désirais, tu avais besoin de plus de l’air.» Lui, ou ceux voulant en profiter? Je n’ai pas connu un être plus influençable par flatterie.

Cet été, je voudrais aller à Colorado et ses montagnes : aurais-je le moyen? L’avion, même le train, ne sont pas hors prix, mais le logement? Et puis, la location d’une voiture pour quelques jours. Je pourrais y rester moins longtemps ou me faire rembourser de mon fils les frais de réparation de la maison comme Annelise me l’avait proposé.

De toute façon, il faut que j’apprends à vivre 'dans mes moyens', tout en économisant assez pour les voyages que je désire. En général, je réussis à vivre modestement.

L’avocate m’a bien frappé en demandant le double de ce qu’était prévue au début, mais elle était si modeste dans les temps anciens et donnant des conseils pour pratiquement rien à Sandou, à Lionel, à François et à moi-même, que je lui dois pour tout ce qu’elle avait fait avant. Elle est efficace, pleine de bonne volonté et bon sens et fait à chaque fois ce qu’elle peut de son mieux. C’était le procès contre Lettraset que nous avons perdu, lourdement, dû d’après mes sentiments au juge biaisé du Tribunal de Commerce. Mais aussi, parce que je ne voulais pas me mettre contre Apple. Les autres procès, et j’en ai eu assez, surtout autour de 1985 et 86, elle les a gagnés de son mieux.

Oui, il faut tout payer à la longue.

Au pire, mes enfants me prêteront et j’irai quand même me promener cet été, m’imbiber en quelque chose neuve. Peut-être en groupe, pas seul. En bus, à place de voiture. Qui sait? J’irai à l’Office de Tourisme et quelques agences de voyage me renseigner. Tous qui vont dans cette partie là du monde ne dépensent pas une fortune!

Oh ! J’ai laissé ma convocation à la maison. Ou alors, dans ma voiture? Je retourne vérifier, mais je crois que c’est à Argenteuil.

2008 février: c'était en 2002! peut être, ce printemps tard, mon veux va se réaliser et j'irai vers Colorado, sinon Utah et surement Montana! Une infirmière photographe rencontré sur le web m'y attend! Même si elle m'a prévenue: attention, des fois il neige encore mi-mai.

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