Il y a 59 ans

12 janvier 1945

L'eau coulait de plus en plus des murs et du plafond, il a fallu la fermer. Maintenant, il n'y a plus d'eau, non plus.

15 janv. 1945

Je voudrais trouver un compagnon aimant autant l’entente et le partage que moi.

Vive la S O L I D A R I T E !

(Après des jours et des jours de vie commune, trop près les uns des autres, des querelles éclatent dans la cave.)

18 janvier 1945
Ce midi deux soldats allemands sont entrés furtivement par la porte : ils voulaient voler. Quand on les a rencontrés, ils ont prétexté qu'ils cherchaient un logement. Ensuite, ils sont partis.

L'après-midi à trois heures, un « croix fléchée » (fasciste hongrois) est entré... Il a commencé à tirer à partir de notre fenêtre, après quoi d’un coup... on s’est retrouvé avec dix miliciens dans la maison. Enfin, ils sont partis .

19 janv. 1945
Ce matin deux grands obus ont frappé tout près. Où ?
Je décrirai aussi les autres boums.

20 janv. 1945
Aujourd'hui les russes ont occupé Pest et les allemands ont fait sauter les ponts reliant Pest à Buda . Tous les ponts. C'est dommage !

23 janv. 1945
Tibi et sa mère viennent aussi d’emménager avec nous dans la cave.
Cette pièce remplace aussi la cuisine, toutes les pièces.
Nous sommes neuf à dormir l’un près de l’autre, serrés sous l’escalier bétonné du trou à charbons : moi Piri, papa, maman; la propriétaire de cette villa madame Kocsis (50 ans), Juci sa bonne 30 ans et le valet Jan 22, et dorénavant, aussi Maria la femme de jardinier 24 ans et son petit fils de 2 ans.
Budapest, Hongrie, le 25 janvier 1945,
Disputes horribles! Je ne supporte plus, tous me trouvent des défauts. Ils sont bêtes, idiots, abrutis.

====
ajouté en 2005 :
En me rappelant peut-être de cette Maria que j’ai écrit le court roman de fiction plusieurs dizaines d’années plus tard « La princesse aux pieds nus… »
Je me suis toujours demandée par la suite : les soldats russes l’ont-ils violé ? était-elle « consentante » ? avec tous ? à cause de peur ou des menaces ? ou d’une montre offert par papa pour que la même n’arrive pas à maman ?
Finalement, elle a trouvé « son lieutenant » russe et vécu avec lui pendant – combien de temps ? Celui-ci, gentil, l’a défendu contre les autres, pendant combien de temps ? Que leur est arrivé ensuite ? à l’un et à l’autre ?

1 commentaire:

coyote des neiges a dit…

Je suis heureuse que tu continues à écrire ton journal de 1945, c'est fascinant!