Problèmes avec la femme au comptoir du Greyhound qui voudrait me faire passer par le même chemin que je suis arrivé. Sinon : « dites-moi la ville d’arrivé ».
Bien, je trouve un ou deux noms sur la carte.
« Ah, bien ! »
De toute façon, je vais vers Richmond. J’ai trouvé ma route, l’itinéraire « non existant » existe bien. C’est vrai, ce bus s’arrête partout et prend fort longtemps à arriver. J’étais encore en Kentucky.
Je ne sais pas pourquoi, mais les noirs et les portoricains sont assis plutôt au fond du bus, près de W.C.
Il est déjà nuit, peu de voyageurs parlent.
De temps et temps, quelqu’un parle dans son téléphone portable. J’ai de plus en plus sommeil, envie de dormir comme eux. Il aurait fallu me mettre en short comme au dernier voyage, pas en jupe. Il aurait été mieux, apporter avec moi un petit coussin, comme d’autres, pouvoir dormir dans le bus.
Pas mal des voitures circulent avec un petit drapeau national, probablement en souvenir du 11 septembre de l’année dernière duquel nous rapprochons. Après l’horreur et frayeur, la plupart des Américaines sont devenus plus patriotiques, il parait.
À la prochaine ville, les maisons d’une seule étage et colonnes carrées du bois. Après Corbin, à 75 km de Knoxville, on commence à monter vers les montagnes et collines. Des signes sur la route, mais je ne peux pas m’arrêter au milieu, sauf si je serai en voiture, 35 dollars la nuit. Le paysage change, fort belle nature.
Forêts, montagnes à perte de vue, encore et de nouveau.
Après mon sandwich avec salade de thon et un grand café, je me sens mieux. Merci, qu’on s’est arrêté pour dix minutes à une station de bus. J’ai aussi pu acheter une pellicule de rechange pour l’appareil photo. Mais la seule chose à photographier sur la route aurait été, non, les choses. Le long camion « truck » ayant glissé juste devant nous, coincé. Le camion avec une terrasse de bar peint sur lui, et des chaises vides : au début j’avais cru qu’ils sont de vrais meubles.
Chaînes et chaînes de montagnes les uns après les autres et tout autour de nous. Beau temps, ciel clair.
Hier, à Cincinnati, j’ai eu toutes sortes de temps : de la fraîcheur du matin j’ai passé à canicule de midi, du soleil à une petite pluie, puis le beau temps et chaleur (humide bien sur) revint de nouveau l’après-midi.
Depuis que j’ai retrouvé Bibi (livre adoré de mon enfance), j’ai de nouveau envie de retourner chez mes petits enfants.
Ce voyage ne m’a pas emmené là où je le pensais, dans une petite ville d’Ohio décrit tellement bien par Jennifer Crusie, mais il en est sorti de moi une Julie détendue, plus sûre d’elle, une Julie que j’aime bien et qui me sourit du miroir. Assez débrouillarde, comme dans son premier voyage seul, et aimant les livres comme toujours. Et, qui sait avoir plaisir de la vie simple, mais aussi des bons hôtels.
Nous descendons toujours entre les chaînes de montagnes.
La limite est de 70 miles, mais qui peut les faire dans tous ces virages ? Notre bus va à 38 et pour la troisième fois, un énorme camion blanc nous double, puis voilà, encore une fois notre bus le double. À quoi jouent-ils ? ! Cette fois-ci, ce n’est pas un conducteur noir, mais un vieux barbu blanc qui nous conduit. Tous les Grayhound jusqu’à celui-ci étaient des noirs d’âge moyen, costauds.
« Lake City Inn, 26 $, bien sûr nous continuons en dépassant maintenant même les petits voitures. Tiens, une énorme plate-forme sur une camionnette. Nous sommes à 15 miles de Knox Co, motel à 22 $.
Le camion blanc nous dépasse pour la septième fois et nous serre du près. Nous le dépassons. Oh, c’est fatigant. Il nous dépasse, pour la huitième fois, cette fois à droit.
Enfin, enfin, nos routes se séparent. Nous bifurquons vers le Old Knoxvile Historical District.
Nous voilà à Knoxville. Le centre ville (downtown) décrépit et continu. Plat. Notre bus repart avec cinquante minutes de retard.
Nous continuons notre route sur terrain plat dorénavant. Johanesbourg, puis Johnson City au milieu d’une vallée, allongée. Je continue ma route, ne m’arrêterai pas ici. Kingsport, ville industrielle genre ancienne, avec fumée sortant des cheminées d’usines est hors ma carte routière. Puis Bristoll, Tennessy.
Nous voilà arrivés en état de Tennessy. Et puis, aussitôt (presque) le bus s’arrête à la station du Abington en Virginie.
Un jeune homme demande de l’information, il descend ici.
D’où peut-il être ? Brésil, Mexique, Cuba ? Il ne parle pas un mot d’anglais. Abington ? Abington ? Hmm.
Il sort. Il s’arrête devant le téléphone. Espérons que quelqu’un viendra le chercher : il n’y a personne dans cette station déserte et il fait déjà presque noir dehors. « Vous l’avez voulu. Vous l’avez. Deal with it. (Débrouille-toi). » Comment ?
Le soleil descend rapidement, les ombres s’allongent, la lumière est magnifique. Rires idiots près de moi, fatigue.
Nous arrivons à Marion, Virginie, c’est comme la ville de mon roman. Finalement, à neuf heures de soir, le chauffeur et le préposé à la station me conseillent : «Ici, le motel n’est pas pour toi ».
Dans la nuit profonde, je ne vois pas même où il se trouve à cause des camions, énormes camions garés entre l’hôtel et le fast-food.
Nous arrivons à dix heures de soir à Raknoake, le centre ville est encore plus décrépit qu’ailleurs. L’hôtel ? Il faut prendre un taxi pour y aller. Alors seulement, je me rends compte que je n’ai plus aucun cash, ni de machine ici pour retirer de l’argent. Je n’aurais pas dû m’acheter la pellicule photo, pas utilisé de toute façon. Que faire ?
Je reprends, tristement la route, le bus, allons-y, continuons. Peut‑être à la station suivant je trouverai une machine pour retirer de l’argent. Un hôtel pour me reposer. Peut-être.
Crevée, j’essaie de dormir. Il faut trop froid.
— Pouvez-vous remontez le chauffage ?
— Oui, dit le chauffeur et le fait aussitôt.
Je mets l’anorak autour de mon cou, ça va. Mais les pieds ? Trop longs, mes pieds. Où les mettre ?
Nous arriverons à Richmond seulement à une heure et demie, ou alors, avec le retard, vers deux heures et demie du matin.
Je tremble de fatigue.
— Quand part le bus vers Washington ?
— À quatre heures.
— Non, merci.
Je trouve un hôtel par téléphone, pas loin de la station de bus. Je prends un taxi, pour quatre dollars. Ici, j’ai trouvé enfin un distributeur des sous.
Nous arrivons aussitôt à l’hôtel. Je parle à travers une fenêtre : il ne m’ouvre même pas. Tout tourne autour de moi, pas de chaise ici, dehors, non plus. Comme si la terre bougeait aussi.
J’aurais dû m’arrêter avant. Tant pis. Finalement, j’ai une chambre. Il me passe la clé à travers un trou et m’indique comment y arriver.
À deux heures de nuit, je me mets enfin au lit.
Réveil à sept heures, j’ai l’impression qu’il est huit, l’heure a‑t‑elle changée pendant cette nuit ou le réveil de l’hôtel marche mal ?
Petit déjeuner offert, café en tas des papiers et des muffins.
— Du jus ? C’est écrit…
— Oh, j’ai oublié, me répond-il.
— Merci.
C’est un bon jus d’orange, froid, qu’il sort du frigo pour moi.
Hier, j’ai eu un conducteur âgé, blanc, puis après lui une grande beauté noire d’environ trente-cinq ans « Di » accompagné discrètement d’un aide. Une fort bonne conductrice. Beaucoup de camions mais je ne les regardais plus.
Je n’ai pas réussi d’obtenir des horaires de bus par téléphone et le taxi n’a pas envie de venir me prendre « c’est trop près ». Je vais donc jusqu’à la station de bus à pieds avec mon paquet rempli des livres anciens. Je dois arracher l’information, demander plusieurs fois, exiger qu’on me l’imprime. Par contre, j’ai réussi avoir les location des voitures Budget, comme louer une voiture coûterait 200 $ pour quelques jours seulement, je renonce.
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