Cincinnati

Nous y arrivons vers sept heures de soir à Cincinnati.

J’attendais depuis le matin les énormes champs de blé cultivés à perte de vue promis de rencontrer au milieu des États-Unis, je n’ai rencontré que des forêts, collines sans cesse et, près de Cincinnati, quelques champs de maïs.

Je devrai pénétrer davantage dans le pays pour ce que j’avais en tête. Certains autres voyageurs vont à Los Angeles avec ce même bus. Je suis fatiguée, m’arrête ici.

À chaque station, il y a un mur d’informations et un téléphone direct vers les hôtels (et d’autres lieux) je le trouve enfin. Holiday Inn 60 $, Hmm. L’autre hôtel à 28 $ ne répond pas. À la réservation d’Holiday Inn, ils me disent, ça coûte 90 dollars. Trop. Alors, appelez directement l’hôtel. J’appelle. 70 dollars, me dit le portier et nous avons beaucoup de places. Bien.

Je prends un taxi. Il fait des détours à cause des travaux, une voiture de police mise en travers de la route interdit le chemin direct. Les rues en parallèle et perpendiculaire, des belles, anciens immeubles.

Cincinnati, son centre, me plaît.

La banlieue, nous l’avons passé, est entre collines, mais pour une fois la station de bus est près de Downtown (centre ville) bien entretenu et au visage humain. L’hôtel à l’autre bout de Downtown, pas loin pourtant.

Ville intéressante, à découvrir. Demain.

J’arrive à Holiday Inn. Le jeune portier noir écoute mes complaintes avec amabilité, il comprend mon problème au sujet du prix. J’entre.

J’explique les disparités des prix et que je suis retraitée, avec une « America Pass » d’une semaine. Le portier, un jeune noir, me regard, puis me dit : « Attendez ».

Il revient.

Combien ?

Trente-huit dollars.

Trente-huit ?

Oui. Mais donnez-moi votre billet de bus à photocopier.

Trente-huit ? Je reste deux jours.

Bien.

C’est 38 dollars la nuit.

D’accord, je dis rapidement, je reste alors deux nuits.

En fait, j’ai déjà négocié le prix d’une chambre d’hôtel plusieurs fois aux États-Unis, ils ont un tarif pour « tout le monde », un pour les groupes, un autre pour les occasions spéciales, surtout quand il y a beaucoup des places inoccupées.

Cet hôtel a une piscine à l’intérieur, mais ce soir je suis trop fatiguée.

La chambre est énorme, le lit ‘largeur roi’, aussi. En plus, il y a un bureau, une télévision qui marche bien, un sofa et l’air est bon. Tout l’étage est non-fumeur. C’est une chambre d’hôtel sans aucune commune mesure avec Econolodge de hier soir.

Je découvre même une machine à repasser et une cafetière - avec deux sachets de café offerts (qu’on me refluera le lendemain de nouveau) et de fort bons oreillers. Une télé qui marche bien et son zappeur n’est pas fixé à la table de nuit. Le luxe, quoi.

Je dîne avec un bout de biscuit et un nescafé décaféiné. Je me plonge dans le bain et je m’endors rapidement.

***

Le lendemain, j’utilise la machine, non pas pour repasser, mais sécher ma seule paire des chaussettes que j’avais lavées.

Depuis combien de temps je n’ai pas eu dans la main un fer à repasser Trop d’année pour m’en souvenir. Finalement, ce n’est pas si désagréable de repasser !

Ils offrent même une cafetière électrique, un café, un déca, du sucre, poudre de lait ‘compliment’. Je bois un déca le soir et du vrai café le matin au réveil. Quel luxe, quelle chance !

Le matin, je descends, la piscine est fermée. Ils l’ouvrent vite pour moi. C’est au plein ciel, au milieu de l’hôtel.

Appelez, si vous avez besoin.

Je nage un peu en regardant le ciel et les fenêtres donnant sur la piscine. Je sors rapidement, j’ai froid, une grande serviette de bain m’attend. Je fais une douche chaude dans ma salle de bains, je lave mes cheveux avec le fort bon shampooing offert par l’hôtel.

Ici le petit déjeuner n’est pas compris dans le prix, mais j’ai déjà bu un café, offert, dans ma chambre ce matin. Le restaurant de l’hôtel n’est pas trop amical, je mangerai au centre ville.

Un bus, pris juste en face de l’hôtel, me dépose près de la fontaine, au centre. Pas loin, la rivière argentée m’attire.

Je passe devant une boutique de Fédéral Express, j’entre, je me renseigne pour l’envoi des livres (pas encore achetés).

Nous, chez rapide mais cher, la poste coûte moins, dit le jeune garçon, employé. Je vous dirais où…

Merci. Où manger bien, pas cher ce matin ?

Il m’indique un lieu près de la boutique. Pas cher, mais le serveur n’est pas encore bien réveillé, il me donne des œufs brouillés à la place de œufs sur plat que j’avais demandé. Puis, sans rouspéter, le change.

Il fait beau. Cincinnati est une ville selon mon cœur et intéressante. Sauf, qu’il paraît qu’il y eu une fusillade dans un de ses rues cette nuit.

J’aime l’atmosphère de cette ville. Une vraie ville et en même temps pas trop grand, au moins, son centre. Tout près de Kentucky, séparé seulement par la rivière Ohio, la ville est en Ohio encore. Constructions près de stade qui est juste dessus, au bord.

La rivière Ohio sépare les deux états. Le bus traverse un des beaux ponts, suspendu comme à Budapest sur le Danube, Au loin, j’aperçois un pont tout moderne et ses arcs.

« Prenez le bus pour passer à Kentucky ». OK..

Un autre état, atmosphère différente, sur l’autre bord. Des petites maisons, environnement fort modeste.

Le bus passe devant une bibliothèque. « Club de livre » est marqué tout grand sur le front. Attirée, je descends du bus et j’entre.

Tiens, c’est la « Bibliothèque Municipale » mais ici on l’appelle « Library ». Pleine des livres, et avec un cours informatique ne marche. Livres, livre, je me sens bien entre eux.

Dans une salle, un cours pour débutants d’ordinateur.

Puis-je m’asseoir ?

Le prof hésite, puis dit :

OK.

Je m’assois au fond, observer. Le prof et comme ci comme ça, je serais mieux. Certains élèves n’ont même pas réussi d’ouvrir le Word, traitement de texte qu’il enseigne. Je refrène ma volonté d’intervenir, aider et je me connecte à l’Internet.

Le cours est fini. Je sors de la salle.

Les bibliothécaires, très sympathiques m’aident à trouver des livres sur la région et m’installent ensuite pour que je puisse utiliser l’Internet. Oui, en Amérique, les bibliothèques publiques offrent à tous, gratuitement l’accès au web mondial.

Je me connecte. Fort gentils, les bibliothécaires me conseillent. Je me connecte et, hélas, dans l’élan, je m’achète des livres d’Amazon à envoyer directement en France. Je lis mes lettres. J’en envoie des réponses.

***

J’achète des livres par l’Internet et les fais envoyer directement en France. L’argent économisé par l’hôtel est dépensé en livres. Ils m’attendront ou viendront après mon retour.

Une des bibliothécaires me donne une copie de centre ville et m’indique un bon restaurant pour midi à Cincinnati.

Merci. Et le bus ?

Elle ne sait pas bien. En fait, tous utilisent leur voiture. Elle se renseigne. Je ne trouve pas de bus, j’ai dû dépasser ou manquer la station, mais nous sommes tout près du fleuve, du pont.

Repasser le pont est plus dur, je rate l’arrêt de bus et je m’y lance à pied. Le vent souffle, les joggeurs passent. Et les voitures, sans s’arrêter pour me prendre.

J’essaie de faire du stop.

Une voiture s’arrête. Un fort vieux monsieur maigre et très bien habillé fait signe à son chauffeur. Je veux parler. Le vieux, élégant et tout mince, me regarde de haut en bas et fait signe à son chauffeur noir vieux et maigre lui aussi de continuer. Je m’imagine que je suis un détective (en short) ayant trouvé de trace de son petit-fils kidnappé et voulais lui faire savoir - il ne s’est pas arrêté assez longtemps pour que la femme détective le lui dise. Je souris.

Bon, je traverserai le pont à pied.

C’est long. Il y a, en fait, un chemin spécialement prévu pour les piétons, heureusement, sur le pont. Fort long. J’ai un peu mal aux pieds.

Deux autres joggeurs passent et saluent amicalement.

Enfin, j’arrive à l’autre bout, en Ohio de nouveau.

Bon, une légère pluie commence à tomber.

Il est midi, les gens sort de travail pour manger. Font la queue, là où le repas est meilleur.

D’abord, fatiguée, je m’assieds au milieu d’un grand immeuble commercial, un petit resto, plusieurs choix. Je prends un sandwich, observe les travailleurs et les fonctionnaires, et la fontaine du milieu de place à l’intérieur. Chemise blanche, court ou longue, une cravate, donne l’air fort habillé.

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