Un micro-ordinateur chez moi!

5 novembre 1981

Mon père est disparu depuis un an et j’ai l’impression que pendant cette année j'ai radicalement changé. Bien sûr, ce n'est pas vrai, pas tant que ça, mais plus que les autres années.


Je n'arrive pas à le croire encore : non seulement j'ai gagné de l'argent avec mon programme, mais surtout qu'il tourne vraiment bien, il sert, il est employé, utile, et c'est moi, sans expérience, ni aide qui l’ai réalisé ! Tout cela me donne une énorme dose de confiance.


J'ai réalisé en plus mon rêve d’avoir un micro-ordinateur à la maison ; apprendre et me développer chaque jour, enseigner aux autres, vivre tranquillement. Pour mon idéal, seule l'amitié me manque, mais pour le moment la passion de l’informatique, de la programmation et de mon Apple II la remplace.


Depuis quelque temps je me sens très bien sans homme. Je n'aurais pas cru que ça puisse m'arriver, mais - si ! L'âge ? L'autre passion en prend la place ? Mais mon calme intérieur est assuré même ainsi !


De toute façon, je crois moins en l'amitié depuis l’année dernière et tout ce qui s'est passé autour de l'agonie de papa et ensuite mon départ. Je ne sors presque jamais, sauf pour travailler, mais j’ai des clients et des élèves intéressants, fort différents les uns des autres. Je me sens enfin utile, plus utile que dans la recherche fondamentale.


En faisant mon auto-analyse en Amérique pendant que j'apprenais à travailler sur l'ordinateur, je me suis avouée que j'aimais bien la chimie, mais que j'adore l'informatique. C'est ce que je fais actuellement. Bien sûr, je n’ai pas un « doctorat en informatique » seulement un Certificat d’études et même cela ancienne, mais je suis en train de apprendre l’informatique et la programmation rapidement. Avoir un ordinateur chez soi aide, et devoir créer de nouveaux programmes pour des clients et devoir l'enseigner, aussi.


Programmer est créatif est satisfaisant. Utiliser l'ordinateur Apple II me comble (quand ça marche). Programmer me réjouit : il met devant moi chaque fois un nouveau casse-tête. Et d'habitude, je réussis à le faire résoudre, à faire tourner le programme ou bout de programme dont on a besoin !


Mais il y en a trop à faire.


Étudier, tester de nouveaux programmes, lire des manuels et des revues me prends beaucoup de temps. Je devrais aussi me promener, visiter Paris, regarder tomber les feuilles d’automne.


Je me reposerai pendant la visite des amies ou famille venus de loin pour voir Paris, pendant que je leur montrerai cette belle ville. Entre-temps, je travaille, j’étudie, tout en savourant la quiétude de ma maison. Je suis en paix avec moi-même, ceci est le plus important.


Ces derniers temps je n’ai rencontré aucun homme qui me fasse vibrer, mais quand je lis certains beaux programmes je les ressens avec une joie profonde, similaire à celle procuré par une symphonie, une pièce de Bernard Shaw ou un poème de Walt Whitman !


Et si j’essayais d'éditer mes journaux ? Mais pourquoi ? Qui sait. Je verrai, on verra.

De toute façon, pour les introduire dans l'ordinateur il me faudra un bon traitement de texte et plus tard aussi une bonne imprimante.


Faut-il être seule, malheureuse pour vivre une période créative ? Qu'est-ce qu'il faut pour y parvenir ? Tranquillité ? le contraire ? Comment arrive-t-elle d'un coup ?


The Work alcooliques (extrait de Reader Digest)

Les personnes passionnés par leur travail, le préfèrent au repos. Ils sont prêts à travailler n’importe quand, n’importe où et ils ne font plus la distinction entre le travail et le plaisir. Ils sont satisfaits et contents de leur vie. Ils sont heureux s’ils ont de l'autonomie, de la variété et quand ils peuvent utiliser à plein leurs connaissances dans leur style personnel.


John W. Garchner (Readers Digest)


Pourquoi certains hommes et femmes découvrent-ils une vitalité nouvelle vers la fin de leur vie ? (pour moi je sais d'où elle m’est arrivé) Pourquoi certaines personnes n’ont-elles plus de ressort à la moitié de leur vie ? ils s’arrêtent d’étudier, de se développer - parce qu’ils ont adopté des attitudes et des opinions fixes. La plupart d’entre nous, qui réussissons dans un domaine, en devenons l’esclave. Nous perdons notre sens de l’émerveillement. (pas moi !) Les personnes qui restent vivantes ont appris à ne pas se laisser enfermer dans les habitudes, les attitudes et les routines.


Rejette le mythe qu'étudier c'est seulement pour les jeunes ! C’est ce que tu apprends après que “tu sait déjà tout” qui compte. Étudie toute ta vie - de tes succès et de tes échecs.


Les époques difficiles ont une valeur scientifique, elles sont des occasions qu’un bon étudiant ne voudrait manquer en aucun cas.


À la maturité on apprend à supporter les choses qu’on ne peut pas changer. On apprend à éviter de s’apitoyer sur soi. On apprend à ne pas dépenser son énergie en anxiété. On apprend que la plupart des gens ne sont pas contre vous, ou pour vous, mais pensent à eux-mêmes.


Parmi vos obligations se trouve la rencontre avec vous-même, se connaître est le début de la sagesse ! et c’est extrêmement utile d’apprendre à ne pas se mentir à soi-même. Une des choses les plus valables qu’on apprend, est, qu’on est finalement responsable de soi-même. Vous ne reprocherez plus aux autres ou aux circonstances vos problèmes - vous agissez. Si vous voulez continuer à étudier, vos meilleurs alliés vont être : la motivation et l’enthousiasme.


Certaines personnes restent ainsi pleinement vivantes jusqu’au jour de leur mort. Elles s’intéressent aux choses, regardent autour d'elles, ont du plaisir, prennent des risques. Surtout, elles savent combien c’est important que leur vie ait un but, soit utile à un but reconnu par vous-même comme valant la peine.


Enseigner ? mais je ne crois plus beaucoup que c’est possible. Faire un travail, aussi bien qu’on le peut, c'est déjà un choix magnifique.

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